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Du sable
ОглавлениеLe sable est une matière composée de parties détachées qui tiennent le milieu entre la terre et les pierres, des débris desquelles elles paraissent formées; il y a autant de sables qu’il y a d’espèces de pierres: il y a des sables vitreux, quartzeux, calcaires et argileux. Il y a des sables de rivière et des sables fossiles ou de carrière. Le gros sable est nommé gravier. Il faut que le sable destiné au mortier soit propre, c’est-à-dire exempt de mélange de terre. En général le meilleur sable est celui qui, étant frotté dans la main, rend un petit bruit sec, effet que ne produit pas celui qui est terreux ou sans aspérités.
On reconnaît encore que le sable est de bonne qualité, dit Vitruve, lorsque après en avoir répandu sur un vêtement blanc, on le rejette en secouant l’étoffe, et qu’il n’y laisse aucune trace. On peut purifier tout sable de la terre qui pourrait s’y trouver en le lavant. Le sable fossile, ou de fouille ou de carrière, est préférable au sable de rivière, parce que le premier est prismatique et anguleux, tandis que le second est de forme ronde. Les grains de sable ronds n’adhèrent entre eux que sur peu de points et laissent de grands intervalles, tandis que les grains du sable fossile sont prismatiques et anguleux; dans la trituration ou préparation du mortier leurs faces finissent par devenir adhérentes et laissent peu d’interstices. Si l’on est forcé d’employer le sable de rivière, faute de sable de fouille ou de carrière, et si la rivière reçoit des immondices, son sable devra être lavé, parce que, sans cela, il serait nuisible aux constructions, de même que l’eau sale est contraire à l’extinction de la chaux, comme nous l’avons dit plus haut.
Il a été généralement reconnu que la meilleure eau pour la préparation du mortier est l’eau de pluie ou de citerne. L’eau de rivière quand elle est limpide est bonne aussi. L’eau la moins bonne pour le mortier est l’eau de puits.
Avant de faire le mélange de l’eau et du sable avec la chaux, il faut qu’elle ait été ramenée à l’état de pâte bien homogène de consistance argileuse. Après vingt-quatre heures d’extinction la fermeté de la chaux est déjà telle qu’on ne peut la diviser sans pioche, ou au moins sans une pelle tranchante. On peut toutefois la ramener facilement à l’état de pâte convenable en la battant verticalement avec des massettes en fonte, fichées au bout de manches en bois. On y mêle ensuite le sable sans addition d’eau, ce qui est indispensable pour obtenir un mortier solide, mais ce que les maçons évitent de faire, comme étant plus pénible; généralement ils ajoutent assez d’eau pour que le mélange qu’ils ont l’habitude de faire ne demande que le quart du temps nécessaire. On obtient ainsi des mortiers dont la résistance se trouve diminuée de moitié, des deux tiers et même des quatre cinquièmes.
Il faut que la chaux soit complètement éteinte avant d’ajouter le sable, et que tout travail ait cessé, ce dont on peut s’assurer par le refroidissement qui survient après l’effervescence. Lorsque la trituration du mortier a rendu le mélange aussi parfait que possible, une plus longue manipulation devient nuisible aux chaux hydrauliques, par le renouvellement des contacts avec l’air, qui les détériore tandis qu’il améliore les chaux grasses; les mortiers à chaux grasse doivent donc être battus le plus longtemps possible, et les mortiers à chaux hydraulique au contraire ne doivent l’être qu’autant que cela est nécessaire pour que la chaux adhère à chaque grain de sable et l’enveloppe entièrement.
Il est bon que le mortier soit fabriqué à couvert, soit pour éviter une dessiccation trop rapide dans lasaison des chaleurs, soit pour le préserver des pluies qui bien les détuiraient les qualités. Lorsqu’on construit dans la saison des chaleurs, il faut, ainsi que nous l’avons déjà dit, entretenir l’humidité des mortiers en arrosant les maçonneries, surtout si l’on emploie des chaux hydrauliques, afin que le mortier conserve quelque temps l’eau nécessaire à sa solidification.