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§ I. — DOCTRINE DE M. OLIER SUR LA CRÉATION.

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Table des matières

Il nous dit, dans la Journée chrétienne, que Dieu «a «fait toutes choses de rien», et il nous engage à le contempler et à l’aimer dans tous les êtres:

«Mon Dieu, je vous adore en toutes vos créatures;

«je vous adore, véritable et unique soutien de tout

«le monde; sans vous rien ne serait, et rien ne sub-

«siste qu’en vous. Je vous aime, ô mon Dieu, et je

«loue votre majesté, paraissant sous l’extérieur de

«toutes les créatures. Tout ce que je vois ne sert

«qu’à exprimer votre beauté secrète et inconnue aux

«hommes.» C’est une des élévations à Dieu qu’il nous suggère quand nous découvrons les beautés de la campagne .

Dans le Catéchisme chrétien, il demande: «Qu’est-ce «que l’homme par lui-même et en son fonds?» Il répond: «Hélas! rien. Qu’était l’homme avant

«que Dieu eût répandu en lui son être? Il n’était

«rien du tout.» Il applique cette doctrine à la

sainte et adorable humanité de Notre-Seigneur, et en commentant la parole du Sauveur qui dit à un homme: Pourquoi m’appelez-vous bon? Dieu seul est bon: il fait tenir ce langage à Jésus-Christ: «Voyez-

«vous cette bonté qui reluit en moi? Elle descend de

«mon Père, elle est originaire de lui, et s’il ne la

«répandait pas sur moi, je ne l’aurais pas; avant

«que mon Père me l’eût communiquée, je n’étais

«rien et n’avais rien, je n’étais que néant comme

«le reste des créatures: mon humanité a été tirée

«du néant, aussi bien que le reste des créatures .»

Les desseins de Dieu, dans l’œuvre de la création, ne nous sont pas cachés: il a voulu sa gloire et notre bonheur.

«Dieu en lui-même est adorable, nous dit M. Olier,

«et d’une majesté infinie. Sa majesté a reçu dans l’é-

«ternité des louanges que les personnes divines ren-

«dent à l’essence adorable qui émane du Père dans

«le Fils, et de l’un et de l’autre, seul et unique prin-

«cipe, dans le Saint-Esprit. Mais il est aussi un Dieu

«souverain: cette grande et admirable qualité sup-

«pose quelque chose qui lui soit soumise, sur la-

«quelle il exerce sa souveraineté et son domaine, et

«pour cela il a été nécessaire qu’il y eût des créa-

«tures qui fussent dans sa dépendance. Au moment

«que cet être divin a laissé écouler hors de soi

«toute cette multitude d’êtres, en même temps il a

«été le seigneur et le souverain de tout ce qui était

«créé, et cette perfection, qui dans l’éternité n’avait

«pas d’objet, ne pouvant s’étendre sur les personnes

«divines, a trouvé dans la création du monde sur

«quoi dominer. Ce même Dieu infiniment sage, im-

«primant dans la créature, au moment où elle reçoit

«l’être, la connaissance de ce qu’elle est, l’oblige à

«respecter la souveraineté et le pouvoir absolu qu’il

«a sur elle. Il a mis un instinct secret, mais puissant

«dans son cœur qui lui fait avouer, malgré qu’elle en

«ait, qu’elle n’est rien, et que Dieu est tout .» Nous avons indiqué, dans le chapitre précédent, l’autre dessein de Dieu, qui est de faire participer à sa béatitude les êtres qu’il a créés à son image, capables de le connaître et de l’aimer.

Continuons à citer. «Il a été nécessaire que Dieu,

«sortant hors de soi-même, produisit des créatures

«qui exprimassent en elles ses grandeurs pour les

«faire connaître, et en même temps les faire inces-

«samment adorer...» Les créatures, étant de trois sortes, expriment diversement les perfections de Dieu. Les unes sont purement spirituelles. D’autres ne sont que des corps sujets à la corruption. Les troisièmes tiennent le milieu, étant tout à la fois spirituelles et corporelles.

«Les premières sont les Anges, premiers effets de

«la toute-puissance de Dieu, qui sont des miroirs

«très purs de ses perfections et par lesquels nous

«commencerons à parler des ouvrages de Dieu hors de

«lui-même; et nous achèverons, par les deux autres,

«de faire voir en quelle manière et dans quelle éten-

«due Dieu se manifeste dans toute créature .»

M. Olier explique les diverses hiérarchies des Anges et leurs occupations; nous ne pouvons pas entrer dans ces développements, qui ne sont pas nécessaires au but que nous nous proposons. Nous remarquerons seulement qu’en parlant des Anges de la première hiérarchie, esprits célestes appliqués à la contemplation de Dieu, il dit: «Ceux qu’il y applique sont éternels...

«Ces esprits éternels qui sont appelés à la haute vo-

«cation d’adorer éternellement ...»

Deux observations se présentent ici sur ce que l’on vient de lire: l’une sur la nécessité de la création, l’autre sur la qualité d’éternels donnée aux Anges de la première hiérarchie.

M. Olier parle de la nécessité de la création, dans un sens qui ne blesse pas la liberté de Dieu. C’est une nécessité de convenance, ou purement hypothétique. Il avait établi, dans le traité des Attributs divins, cette parfaite liberté, comme une vérité incontestable: il y revient dans son traité des Anges, peu de pages après l’endroit que nous avons cité : «Dans le traité

«des attributs, nous dit-il, nous avons vu comme

«Dieu a voulu faire voir l’indépendance dans laquelle

«il est de toutes choses; sa suffisance à soi-même,

«et comme il a en lui de quoi se passer de tout.

«Toute l’éternité dans laquelle il a été sans rien pro-

«duire hors de soi, a fait bien voir que tout lui était

«inutile, quand il ne voulait pas s’en servir, et que, si

«après ce point infini de l’éternité il a voulu se faire

«voir hors de soi-même, dans la production des créa-

«tures, ç’a été sans qu’il fût en indigence d’elles,

«mais par sa bonté infinie qui l’oblige, très librement

«pourtant, à se communiquer en toutes les manières

«possibles. Il a créé toutes choses parce qu’il était

«très raisonnable que les trésors si longtemps renfer-

«més fussent enfin découverts, et qu’ils reçussent les

«louanges, les respects et les adorations qu’ils mé-

«ritent .»

Quand M. Olier dit: ces anges sont éternels, il emploie un terme incorrect; mais sa pensée est irréprochable. Dans le langage reçu, on appelle éternel l’être qui, existant par la nécessité de son essence, n’a pas eu de commencement et ne peut avoir de fin. Dans ce sens, Dieu seul est éternel. M. Olier, après avoir parlé de la création des Anges, dit que ces esprits célestes adorent en Dieu «cette sublimité souveraine qui le

«met au-dessus de tout, et qui oblige tout ce qui est

«hors de lui à se tenir dans le tremblement et dans

«la confession perpétuelle du néant de la créature,

«dans l’aveu perpétuel que c’est à cette grande et

«adorable majesté que tout est dû .» Il était donc bien loin de penser que les Anges soient réellement éternels, dans le sens ordinaire du mot; s’il les appelle ainsi, c’est probablement que ces esprits bienheureux ont été les premières créatures de Dieu. Il n’y avait pas de temps avant elles, le temps a commencé avec leur existence.

Les théologiens disputent entre eux si Dieu a pu créer le monde ab æterno. De grands docteurs, entre autres saint Thomas et Suarez, n’y voient pas d’impossibilité ; dans ce sens, les anges seraient éternels, bien que créés et tirés du néant. Nous doutons que M. Olier ait eu en vue cette théorie.

Doctrine de M. Olier

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