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USAGE DES CRÉATURES. § I. — DESSEIN DE DIEU DANS LA PRODUCTION DES ÊTRES QUI SONT A L’USAGE DE L’HOMME.
ОглавлениеM. Olier établit cette différence, entre Adam innocent et l’homme déchu, qu’«Adam cherchait Dieu,
«le servait et l’adorait dans ses créatures, et au con-
«traire, les chrétiens sont obligés de chercher Dieu,
«de le servir et de l’adorer, retiré en lui-même et en
«sa sainteté, séparé de toute créature et élevé par-
«dessus toutes choses ».
I. — Est-ce à dire que, dans l’état présent, nous ne pouvons pas nous servir des créatures pour nous élever à Dieu et le servir? On croirait que c’est la pensée de M. Olier, si l’on ne considérait que certaines phrases de ses écrits et de ses Mémoires. Parmi les fragments qui nous restent de lui, il en est un Sur la sainte croix, où nous lisons: «Depuis le premier péché, Dieu s’est retiré de la créature, et n’a plus paru sous la créature; il l’a laissée vide de lui à notre égard, en sorte qu’elle reste comme une écorce sans vie et sans fond, qui ne sert plus à l’homme d’instruction, d’élévation et de moyen pour connaître Dieu et l’aimer, mais au contraire d’empêchement et d’obstacle vers lui... Dieu, infiniment bon en lui-même, qui tire toujours le bien du mal, vient ôter le bandeau des créatures et nous envoie son Fils qui nous vient faire voir la majesté de Dieu en elle-même par la foi, d’une manière bien plus pure et plus parfaite que sous les créatures. Il nous vient enseigner par la sagesse de la croix, que le dénuement des créatures est comme le moyen unique d’aimer et de connaître Dieu .»
II. — M. Olier explique ailleurs et plus à fond sa pensée, surtout dans son traité des Attributs divins, dans ses écrits sur la Création du monde et dans la Journée chrétienne. Il n’y a pas de contradiction dans sa doctrine: elle se résume dans ces deux mots: nous servir des créatures, selon l’ordre de la divine Providence, mais ne pas nous y attacher. Il nous dit: «L’homme est le centre de tout
«le monde, et il semble que toutes choses aboutissent à
«lui. C’est une chose merveilleuse comme tout obéit
«à Dieu, mais comme tout se rapporte à l’homme.
«Tous les cieux roulent autour de nous; les astres et les
«planètes qui leur sont attachés, influent sur nous; il
«n’y a rien dans le monde par où Dieu ne regarde sa
«créature et ne la remplisse de bénédictions .
«Dieu a paru dans la loi de nature sous les élé-
«ments; il a voulu marquer ce qu’il était par la beauté
«diverse des créatures qu’il a semées partout. Il a
«voulu marquer dans le soleil sa lumière, sa fer-
«meté dans la terre, sa fécondité dans les eaux, son
«immensité dans les airs, son activité dans le feu...
«Il voulait être adoré, comme sagesse, comme puis-
«sance et comme amour, à cause de ses attributs qui
«paraissent partout .»
Cette pensée remplissait M. Olier de joie et lui inspirait la plus filiale reconnaissance. Il fait des élévations à Dieu, en contemplant le soleil et les richesses de la nature: «O bonté ineffable de Dieu qui allu
«mez toujours et portez en main partout le beau flam-
«beau du jour, ce soleil dont vous nous éclairez là
«où nous marchons: vous le portez et le conduisez par
«le ministère d’un ange, comme vous faites des astres
«qui roulent sur nos têtes pour nous soutenir et nous
«conserver par leurs diverses influences... Nous som-
«mes tous obligés, ô mon grand Dieu, de nous proster-
«ner à vos pieds quand nous voyons tant de libéralités
«que vous exercez pour nous; quand nous voyons les
«beaux fleuves qui coulent à nos portes, qui nous vien-
«nent du bout d’une province à l’autre nous apporter
«nos vivres et nos nécessités, qui, comme des chariots
«vivants, conduisent sur nos bords ce que notre pro-
«vince ne saurait nous donner... Que dirons-nous, ô
«Père de bonté, quand nous considérons ces rosées
«du ciel, ces pluies fécondes qui arrosent nos terres par
«vos soins, lesquelles en une nuit font paraître mille
«petites fleurs et autant d’herbes vertes qui se présen-
«tent pour nous servir. C’est vous qui plantez, qui
«arrosez et donnez l’accroissement à toutes choses.
«Il semble, ô grand tout, que vous craignez que
«quelque chose nous manque. Il est vrai que vous
«le devez faire pour montrer votre bonté et votre
«providence, et non pas notre mérite ...»
M. Olier parcourt ainsi les diverses œuvres de la création et de la conservation. Il consacre ailleurs plusieurs pages à exprimer son admiration pour l’ordre de la Providence qui unit les hommes entre eux par des besoins multiples et qui met tant de créatures au service de chacun de nous, pour nous procurer la nourriture, le vêtement, le logement et les agréments de la. vie .