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OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES.

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Table des matières

ÉCRITS DE M. OLIER.

I. — La sagesse qui dirige l’Église, lui a inspiré de ne pas donner suite aux demandes qui lui sont faites de procéder à la béatification d’un fidèle qui aurait fait un livre, ou laissé un manuscrit, sans s’être assurée d’abord que ces écrits ne renferment rien contre la foi, ou contre les bonnes mœurs. Il est dit dans un décret d’Urbain VIII: «Diligentissime indagandum

«est an ille vel illa, pro cujus canonisatione instatur,

«scripserit aliquos libros, tractatus, opuscula, medita-

«tiones, aut aliquid simile; nam si scripsisse consti-

«terit, non prius est ad aliquem actum inquisitionis

«deveniendum, quam tales libri in sacra congre-

«gatione examinentur; utrum contineant errores

«contra fidem vel bonos mores, vel doctrinam

«aliquam novam, vel peregrinam atque a communi

«Ecclesiæ sensu et consuetudine alienam.»

Benoît XIV commente fort au long ce décret dans son savant ouvrage De servorum Dei Beatificatione et Bealorum Canonisatione, lib. II, cap. XXV, ad. XXXV. Des recherches consciencieuses doivent se faire pour découvrir les écrits et en avoir les autographes, si c’est possible. La sacrée congrégation dispense de l’envoi de ces autographes, quand elle est assurée que le texte est fidèlement reproduit dans l’imprimé ou dans les copies.

L’examen des écrits a pour but de s’assurer de la parfaite orthodoxie de l’écrivain, de son respect religieux pour les doctrines et les pratiques de l’Église, de sa prudence; car il n’est pas possible de concilier la vertu solide, bien moins encore la vertu héroïque que suppose ce décret de béatification, avec l’opposition aux doctrines et aux pratiques de l’Église, ni avec un défaut de prudence chrétienne dans la direction de la vie.

Pour juger sainement de l’orthodoxie personnelle d’un écrivain, de la pureté de ses sentiments, de la droiture de ses pensées, il faut tenir compte de l’enseignement des théologiens de son siècle, du sens que l’on donnait généralement aux termes dont il s’est servi, de la manière dont il s’explique lui-même dans les divers écrits qu’il a composés. Une doctrine, aujourd’hui définie par l’Église, était-elle indécise dans l’esprit de plusieurs bons catholiques et laissée à la libre discussion des écoles théologiques, à l’époque où vivait l’écrivain? On serait dans ce cas plus indulgent pour lui, si l’on trouve dans ses écrits des opinions moins en harmonie avec l’enseignement actuel. De même en est-il de la précision du langage: on est plus exigeant pour un théologien que pour un auteur mystique. Quand il s’agit de livres de spiritualité, on a égard à la manière dont s’expriment les auteurs qui traitent de ces matières: il n’est pas rare d’en voir qui ne mettent pas dans l’expression de leurs pieux sentiments la sévère exactitude qu’un docteur mettrait dans une thèse. L’amour de la saine doctrine, la réprobation d’une erreur qui compromet la pureté des maximes évangéliques, excitent en eux un saint enthousiasme qui ne considère pas toujours la portée rigoureuse des termes.

Enfin on est moins sévère pour les ouvrages écrits au courant de la plume et qui n’ont pas été revus pour être livrés au public; surtout pour des écrits intimes dans lesquels on communique toutes ses pensées au guide de sa conscience, afin d’obtenir de lui des conseils et une règle de conduite.

Ces observations doivent être présentes à l’esprit de celui qui veut juger les œuvres de M. Olier.

II. — M. Olier consentit vers la fin de sa vie, sur la prière instante qui lui en fut faite, à laisser imprimer le Catéchisme chrétien pour la vie intérieure, dans lequel il expose les fondements de la vie surnaturelle, pour les âmes qui tendent à la perfection; l’Introduction à la vie et aux vertus chrétiennes, qui applique ces principes aux vertus principales du christianisme, l’humilité, la mortification, la douceur, la charité, etc.; la Journée chrétienne, qui en fait l’application aux actes ordinaires de la journée et à diverses circonstances de la vie; l’Explication des cérémonies de la grand’messe de paroisse, livre destiné plus particulièrement aux prêtres et à un petit nombre de fidèles pieux et instruits.

Ces ouvrages furent imprimés avant sa mort . M. Tronson donna au public, quelques années après, le Traité des saints ordres et un recueil de ses Lettres. Le ministère pastoral, qu’il avait rempli pendant dix ans, dans la paroisse de Saint-Sulpice, l’avait mis en rapport avec un grand nombre de personnes de toutes conditions, qui avaient recours à lui, prêtres, religieuses, hommes du monde, et auxquelles il se fit un devoir d’indiquer les voies où elles devaient marcher pour aller à Dieu, selon les attraits de sa grâce. L’éditeur mit des textes des saints Pères en marge du traité des Saints Ordres; et pour les Lettres, qu’il publia en 1672, il crut devoir en retrancher des détails sur des personnes vivantes alors, et qu’il était prudent de garder sous silence; comme aussi divers incidents qui n’avaient pas d’intérêt pour l’édification du lecteur. On en a fait récemment une édition aussi complète qu’il a été possible, à la suite de beaucoup de recherches. L’éditeur a mis au bas des pages des notes historiques sur les personnes auxquelles ces lettres avaient été adressées .

Plusieurs écrits de M. Olier sont demeurés à l’état de manuscrits. Ce ne sont pas des travaux achevés, mais de simples projets; nous ignorons les modifications qu’il aurait jugé convenable d’y faire, s’il les avait revus pour les publier. Tels sont, entre autres, des traités Des attributs divins, De la Création, Des Mystères de Notre-Seigneur, De la sainte Vierge, Des saints Anges, Des tentations diaboliques, Projet d’un séminaire, et divers écrits sur la direction des séminaires; Maximes pour le gouvernement de la paroisse de Saint-Sulpice, Pratiques et Règles pour l’exercice du saint ministère au tribunal de la pénitence pour assister les malades et les préparer à recevoir le sacrement; Homélies, Sermons, Panégyriques, Fragments divers. On a transcrit tous ces autographes dans une copie qui remplit quatre volumes petit in-4°.

Nous avons enfin les Mémoires de M. Olier, renfermant, jour par jour, pour quelques années de sa vie, les pensées qu’il avait eues dans son oraison, ou pendant la journée. Il y a naturellement peu de suite, et souvent des répétitions, dans ces réflexions qui lui étaient suggérées, les unes par des incidents qui s’étaient produits, les autres par les mouvements que le Saint-Esprit lui donnait, ou par les grâces qu’il en recevait. Il n’a écrit ces pensées, ces impressions, ces lumières que par obéissance à son directeur; le plus souvent il ne relisait pas ce qu’il avait écrit, et il le lui remettait, pour qu’il en fît ce qu’il jugerait à propos, le jeter au feu, ou le conserver, si cela devait servir à la gloire de Dieu. «Mon courage, disait-

«il, est parfois tout abattu, voyant les impertinences

«que j’écris. Elles me semblent être de grandes pertes

«de temps pour moi et mon cher directeur, que j’ai

«crainte d’amuser; je plains les heures qu’il doit

«employer à les lire .»

La doctrine de M. Olier, qu’on l’étudie dans les livres imprimés ou dans les manuscrits, n’est pas différente de celle qu’ont enseignée les saints des siècles antérieurs et les écrivains les plus autorisés de son temps: saint François de Sales, le cardinal de Bérulle, les Pères Thomassin, Lessius, Saint-Jure, Bernard de Piquigny, Nouet, etc., etc.; il n’y a que la forme qui les distingue. Nous y admirons des vues très élevées sur les mystères de la sainte Trinité, de Notre-Seigneur, de la sainte Vierge, de l’Église et de sa sainte hiérarchie. Il a plus insisté que la plupart des autres écrivains sur la corruption de la nature déchue, et sur la nécessité d’agir sous l’impulsion du Saint-Esprit, pour nous unir à Notre-Seigneur et participer à sa vie divine. Il l’a fait souvent dans des termes d’une énergie que l’on prendrait pour de l’exagération si l’on s’en tenait à l’écorce de la lettre, car il avait un très vif et profond sentiment des choses; mais quand on considère au fond ses propositions, quand on les voit dans le contexte, on y découvre une vraie et solide doctrine. On pourra en juger par le petit travail que nous entreprenons. Nous ne dissimulons rien de ce qui pourrait donner lieu à une difficulté ; et nous verrons M. Olier expliquer lui-même dans un sens irrépréhensible ce qui paraît moins correct dans tel endroit de ses Mémoires ou de ses autres écrits.

Nous ne nous sommes pas occupé du style de M. Olier, chose étrangère au but que nous nous proposions. Bien des pages offrent un style remarquablement beau par sa fermeté, sa correction et l’élévation de la pensée; assez souvent l’auteur laisse à désirer sous ce rapport, parce que tout entier et uniquement pénétré de ses idées, il ne se préoccupe nullement de sa phrase. Il n’écrivait que sous l’impression de son grand esprit de foi et de son cœur plein d’amour, ne respirant que la grâce de Dieu: le côté littéraire lui était fort indifférent, pourvu qu’il fit aimer Notre-Seigneur.

Nous déclarons, en terminant ces observations préliminaires, que si nous donnons quelquefois au serviteur de Dieu le nom de vénérable ou de saint, c’est uniquement pour exprimer les sentiments de vénération que nous avons personnellement pour lui, sans vouloir, en aucune manière, prévenir le jugement de l’Église. Nous n’avons pas non plus l’intention de nous prononcer sur la réalité des révélations qu’il a cru recevoir de Notre-Seigneur, de la sainte Vierge, ou des Saints; nous sommes très porté à juger que lui-même ne prenait pas, ordinairement, ces lumières surnaturelles pour des révélations proprement dites, mais que, pénétré de cet esprit de foi qui lui faisait voir Dieu en toutes choses, il considérait comme venant de lui, ou de la sainte Vierge, toute bonne pensée qu’il avait, tout pieux sentiment que son cœur éprouvait; cette disposition est très conforme aux saintes maximes de la foi.

Doctrine de M. Olier

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