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§ III. — EXPLICATION DE QUELQUES TERMES DONT M. OLIER S’EST SERVI EN PARLANT DE LA SAINTE TRINITÉ.
ОглавлениеM. Olier ayant si formellement, si nettement énoncé le dogme catholique, en mille endroits de ses écrits, nous n’éprouvons aucun embarras à expliquer les termes, qui semblent moins rigoureusement exacts, dont il s’est servi quelquefois en parlant de la sainte Trinité.
Dès le commencement de la prière du matin, dont nous nous sommes déjà occupé, il dit: «Je vous
«adore, auguste Majesté ; j’adore vos grandeurs in-
«compréhensibles aux hommes et aux anges, con-
«nues de vous seul, louées par votre Verbe et ai-
«mées dignement par votre seul Esprit.» Ces paroles, connues de vous seul, adressées au Père éternel, ont fait naître un scrupule dans l’esprit de quelques personnes, comme si l’on supposait que le Père a sur sa divine essence des lumières que n’auraient ni le Verbe ni le Saint-Esprit; scrupule assurément mal fondé. Il est évident que les paroles citées n’excluent que les simples créatures, les hommes et les anges, de la compréhension de l’essence et des grandeurs divines: elles ne s’appliquent ni au Père qui contemple ses perfections infinies, ni au Verbe qui les loue, ni au Saint-Esprit qui seul les aime dignement. M. Olier considère, en même temps, Dieu dans son unité, et dans la sainte Trinité dont le Père est la première personne; il voit en Dieu des grandeurs que nulle créature ne peut connaître sans révélation, et qui lui sont incompréhensibles, alors même que Dieu les révèle. Le Père éternel communique sa lumière avec sa substance à son Verbe, par un acte immanent, nécessaire, éternel; le Père et le Verbe la communiquent au Saint-Esprit, par une opération également éternelle. Il ne peut y avoir sur ce point aucune difficulté.
D’autres expressions de M. Olier sembleraient indi quer qu’il y a en Dieu une quatrième personne, distincte du Père, du Fils et du Saint-Esprit. On lit en divers endroits de ses écrits, des phrases comme celles-ci: Ce que Dieu fait, les trois personnes le font.... Le Père éternel a communiqué aux trois personnes de la sainte Trinité le dessein de créer... Venez, dit Dieu à toute la Trinité. — Qui pourrait supposer raisonnablement, dans un écrivain qui définit la Trinité, un seul Dieu en trois personnes, qui ne parle jamais que du Père, du Fils et du Saint-Esprit, quand il veut désigner les personnes divines; qui pourrait, disons-nous, supposer qu’il a admis une quatrième personne en Dieu? Sa pensée manifeste est que, Dieu étant essentiellement un dans sa nature, ce que font les trois personnes, c’est Dieu qui le fait. — Dieu se parle, en quelque sorte, à lui-même, en disant dans le sein de la Trinité : Faisons l’homme à noire image et à notre ressemblance; il dit sa pensée, qui est celle des trois personnes. «Dieu prend conseil en
«lui-même, dit Bossuet, comme allant faire un ou-
«vrage d’une plus haute perfection... Pour créer
«un si bel ouvrage, Dieu consulte en lui-même...
«Il appelle en quelque manière à son secours, par-
«lant à un autre lui-même, à qui il dit: Faisons,»
etc. .
Nous avons remarqué une autre expression qui, si on la prenait dans le sens littéral, indiquerait que Dieu s’engendre lui-même, idée qui serait absurde:
«Dieu, en se contemplant, s’engendre lui-même; en
«se contemplant, il se nourrit de lui, et à mesure qu’il
«se nourrit, il engendre un autre lui-même; car
«l’acte de sa contemplation est proprement sa nour-
«riture et le terme de cette contemplation est pro-
«prement sa génération, par laquelle, sortant de
«lui sans en sortir, il se donne à son Verbe et, le
«remplissant de sa propre substance, il l’engendre
«et le rend un autre lui-même .»
Ce sont des expressions, impropres sans doute, que le pieux auteur aurait probablement corrigées, s’il avait revu ces pages d’un simple projet de traité sur la création, mais dont le sens est parfaitement orthodoxe; car elles signifient seulement que Dieu le Père a engendré son Verbe, qui est un autre lui-même, son portrait, sa parfaite image.