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§ III. LA DOCTRINE DE M. OLIER SUR LA CORRUPTION DE L’HOMME DÉCHU NE S’ÉCARTE PAS DE CELLE DE PLUSIEURS GRANDES ÉCOLES THÉOLOGIQUES.
ОглавлениеQuand les théologiens examinent si l’homme, livré aux seules forces de sa nature, peut accomplir les préceptes de la loi naturelle, quelques-uns du moins des plus faciles, ils sont partagés d’opinion .
Les Augustiniens et plusieurs docteurs de différentes écoles, comme Vasquez, Ripalda, jésuites, et autres, soutiennent que l’homme livré à lui-même, avec le seul concours général de Dieu, ne peut pas accomplir les préceptes de la loi naturelle, même les plus faciles; et qu’il pèche dans toutes ses œuvres s’il n’est pas soutenu d’un secours spécial de Dieu .
Le cardinal Noris prouve cette thèse par les canons du concile d’Orange, par l’autorité des saints Pères et surtout de saint Augustin. Benoît XIV justifie le cardinal des imputations de baianisme et de jansénisme, dans un bref adressé au grand inquisiteur d’Espagne le 31 juillet 1748 .
Ces théologiens, considérant l’homme tel qu’il est dans l’état présent, le libre arbitre affaibli par le péché originel, concluent de leur système que, sans un secours spécial que nous a mérité Notre-Seigneur, toutes les œuvres des infidèles sont des péchés. Juxta concilia et Patres, dit le docte Ripalda, voluntas suis relicta viribus, nihil potest, nisi superbiam et peccatum.
Les thomistes ne partagent pas ce sentiment: ils soutiennent que l’homme déchu peut, avec le libre arbitre qu’il a conservé et le concours général de Dieu, observer les commandements les plus faciles, résister à des tentations légères. Ils soutiennent aussi qu’il n’y a pas d’actes indifférents in individuo, comme parlent les théologiens, en sorte que tout acte est bon ou mauvais, selon le principe qui nous a dirigés et les circonstances dans lesquelles nous avons opéré. S’il s’agit de chrétiens en état de grâce, unis par conséquent à Dieu par la charité, comme à leur fin dernière, toutes leurs actions délibérées sont des actes méritoires, dans l’ordre surnaturel, pourvu qu’ils les accomplissent en se proposant une fin honnête. Ils seront, au contraire, coupables, et leurs actes seront déméritoires, quand ils agiront pour leur seul plaisir; car cette fin n’est pas morale, elle ne peut pas se rapporter à la gloire de Dieu. «In illo qui gratiam habet, dit saint Thomas, oportet vel meritorium, vel demeritorium esse: quia sicut malus erit demeritorius, sic etiam bonus erit meritorius; quia cum charitas imperet omnibus virtutibus, sicut voluntas omnibus potentiis, oportet quod quidquid ordinatur in finem alicujus virtutis, ordinetur in finem caritatis: et cum omnis actus bonus ordinetur in finem alicujus virtutis, in finem caritatis ordinatus remanebit et ita meritorius erit, et sic comedere et bibere, servato modo temperantiæ, meritorium erit in eo qui caritatem habet, qua Deum ultimum finem vitoe suœ constituit .»
M. Olier était donc autorisé à dire, avec les augustiniens et de célèbres théologiens d’autres écoles, que l’homme ne peut par lui-même, sans un secours spécial de Dieu, que nous a mérité Jésus-Christ, faire aucune bonne œuvre; qu’il ne peut que pécher, s’il est abandonné à lui-même; avec saint Thomas et son école: lu qu’il n’y a point d’actes délibérés qui soient indifférents; 2° que toutes les actions faites sous l’inspiration de la chair sont mauvaises; 3° que tous les actes produits, en vue d’une fin honnête, par un homme en état de grâce, sont méritoires pour le ciel; parce que le Saint-Esprit qui vit en lui, par la charité habituelle, les anime et les sanctifie.
Il n’a écrit son Catéchisme, son Introduction et sa Journée chrétienne, que pour les âmes chrétiennes qui tendent à la perfection.