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LES GAULOIS ONT TOUJOURS AIMÉ LE VIN
ОглавлениеCe qui est certain, les témoignages historiques en font foi, c’est que les Gaulois buvaient du vin avant la conquête de leur pays par les Romains, car, 440 ans avant notre ère, Platon parle des habitudes bachiques de nos ancêtres.
Un usage charmant chez les Salyens, nous dirions aujourd’hui les Provençaux, voulait qu’à la fin du dîner de fiançailles la jeune fille qui allait être épousée entrât dans la salle du festin, tenant à la main une coupe de vin et d’eau, symbolisant l’union de la force et de la douceur, et la présentât à l’époux de son choix. Ainsi fit la jeune princesse Gyptis, au palais du roi Protis, six cents ans avant Jésus-Christ.
Dès cette époque on buvait donc du vin en Gaule. Mais les Gaulois étaient un peuple fruste, plus fait pour la chasse et la guerre que pour les pacifiques travaux des champs et la culture de la vigne, qu’ils étaient peu habiles à tailler pour lui faire produire du vin. Les Phocéens, plus policés, ont bien pu, en même temps qu’ils leur faisaient connaître de nouveaux cépages, leur donner les premiers principes de cette science.
Il est reconnu, d’autre part, que les Gaulois ont toujours eu pour le vin un goût marqué, lequel a bien souvent dégénéré en excès. Charlemagne défendit à ses sujets de se provoquer à boire pendant les repas. La croyance courait «qu’il faut, à chaque mois, s’enivrer au moins une fois».
Au dire de Diodore de Sicile, les marchands italiens faisaient avec les Gaulois un commerce de vin très lucratif. Profitant de leur passion avérée pour cette boisson, ils amenaient en Gaule, soit par eau, soit par voie de terre, des vins, avec lesquels nos ancêtres s’enivraient, et que faute d’argent ils payaient en livrant en échange, aux marchands, un jeune garçon, que ceux-ci emmenaient pour les servir.
Strabon (60 ans avant J.-C.), parlant évidemment de la région méridionale, écrit que «ce pays est fertile en oliviers et en vignes».
Le vin était même d’un usage si habituel en Gaule, qu’il fut longtemps défendu aux femmes d’en boire, ainsi qu’aux enfants.
Cicéron parle du commerce avantageux que fait la Gaule avec ses vins, qu’elle envoie en Italie; et Columelle dit qu’étant donné la mauvaise culture de l’Italie, les Romains se pourvoyaient en Gaule.
De tout ceci, il résulte qu’il y avait des échanges fréquents entre les deux pays.
Au temps de Pline, toute la Gaule narbonnaise produisait des vins de diverse qualité, et les Romains tiraient des vins rouges de cette région et des vins muscats du Languedoc. Ceci suppose donc que depuis bien longtemps la vigne était cultivée dans notre pays.
Et si, au dire de Tite-Live et de Plutarque, un Toscan voulant se venger de sa patrie, fit goûter aux chefs gaulois un vin particulièrement exquis, lequel les détermina à conduire 300.000 hommes à la conquête d’un pays qui produisait un si fameux breuvage et à mettre Rome à deux doigts de sa perte, ces différents récits ne sont pas contradictoires.
Ce fut la force du vin, dit Olivier de Serres, qui attira les armes des Gaulois en Italie; ils partirent donc pour «aller conquester la terre produisant si précieuse boisson».
On a pu mettre en doute le fait. En tout cas, la légende est jolie.
Pour ne parler que des faits qui nous touchent de plus près, croit-on que l’attraction exercée par la richesse de notre Champagne française ne fut pas pour quelque chose dans l’envahissement récent de notre pays par les armées allemandes?