Читать книгу "La Guzla" de Prosper Mérimée - Vojislav Mate Jovanović - Страница 32

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Il aura raison, le malheureux Gérard: les descriptions de Nodier sont ce qu'il y a de plus beau et de plus vrai dans le genre, malgré leur vague écossais. Personne ne savait reproduire avec plus de grâce et plus de bonheur que l'auteur de Jean Sbogar, les sentiments qu'éveille en nous la vue d'un paysage. Hélas! c'est tout ou presque tout ce qu'il y a de «couleur locale» dans son roman[165]; car, si Nodier a su voir et décrire la nature, s'il a réussi ses décors, il a été beaucoup moins heureux avec les héros. Il ne comprenait ni la langue ni le caractère national du peuple au milieu duquel il avait vécu pendant neuf mois. Sbogar, ce brigand élégant et sentimental, n'est pas plus «illyrien» que ne l'est Charles Moor de Schiller. C'est un fantoche littéraire, qui n'est pas même vraisemblable, et, pour le peindre, Nodier n'avait pas besoin d'aller à Laybach.

Du reste, en admettant que les Illyriens de Jean Sbogar soient inférieurs à ceux de la Guzla, il serait injuste d'en blâmer Nodier, car il ne paraît pas avoir voulu ce que Mérimée fera plus tard. C'était un précurseur en bien des sens, comme l'a dit de lui Sainte-Beuve, mais il ne pouvait se vanter d'avoir introduit la «couleur locale» dans la littérature française. À peu de chose près, Walter Scott était resté lettre close pour cet avant-coureur du romantisme.

Il manquait trop à Nodier pour qu'il pût prendre rang parmi la nouvelle génération qu'il admirait paternellement. George Brandes a dit: «Nodier ne joua un rôle visible que dans le prologue de ce grand drame littéraire que fut le romantisme.» Ce qui est vrai surtout de l'auteur de Jean Sbogar, ce roman dont le thème est des plus romantiques, mais dont la forme ne fut pas assez moderne; ce qui explique aussi l'insuccès de ce livre[166].

§ 9



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