Читать книгу L'Assistance publique en 1900 - Administration générale de l'assistance publique - Страница 3
INTRODUCTION
ОглавлениеAu moment de l’Exposition universelle de 1889, l’Administration générale de l’Assistance publique à Paris, qui, deux ans avant, en 1887, avait déjà publié un important recueil des lois, décrets et ordonnances qui la régissent, décida de faire paraître une sorte de guide pratique des divers services dont elle a la charge. Ce volume, de près de 300 pages in-octavo, eut un véritable succès; il répondait à un besoin réel pour beaucoup de gens qui désiraient connaître le fonctionnement de l’assistance parisienne, et il était, pour ceux qui le connaissaient déjà, un memento commode, souvent utilisable.
Nous avons pensé que ce succès du livre publié en 1889 était une circonstance engageante pour une publication nouvelle, plus étendue, plus complète, plus documentée. Il nous a semblé d’une opportunité certaine de faire coïncider cette publication avec l’Exposition universelle de 1900, c’est-à-dire avec la fin d’un siècle qui, venu après de grands événements novateurs ou rénovateurs de tant de choses et de tant d’idées, avait eu à subir une guerre européenne à son début, avait vu les lettres et les arts orner le milieu de sa route d’une floraison superbe et telle qu’il n’en avait fleuri d’aussi riche depuis la Renaissance, qui s’achevait enfin au milieu d’un grand et rapide mouvement scientifique plein d’étonnements et de surprises pour l’homme, plein d’heureuses et prochaines promesses pour l’humanité.
Montrer ce que l’Assistance publique a fait durant ce siècle dont elle a plus connu les misères que les gloires; indiquer d’un trait discret ce qu’était l’assistance d’autrefois, ce qu’elle est aujourd’hui, en laissant à chacun le soin de la comparaison et de la libre critique; exposer la situation actuelle très simplement, très loyalement, par des faits et par des chiffres: telle est l’œuvre que nous avons tenté de faire en publiant le présent livre.
Dès que le plan en fut dressé, nous en avons partagé l’exécution entre un certain nombre de nos collaborateurs qui, sous la haute surveillance de M. le secrétaire général DEROUIN et de M. l’inspecteur GORY, avec le concours de M. l’inspecteur. NIELLY, de MM. les chefs de division VAILLANT et ROUSSEAU, de MM. les chefs de bureau MAURIN, BORELY, LEJARS, de M. PARTURIER, se mirent immédiatement au travail. D’autre part, les architectes et l’ingénieur de l’Administration établissaient les plans des établissements hospitaliers ou de service général, et deux de nos directeurs d’hôpitaux, MM. GILLET et MOUTON, commençaient cette collection de photographies qui reproduisent, d’après les tableaux et les gravures, les choses du passé, fixent celles que le temps menace d’une destruction prochaine, montrent ce qui est aujourd’hui le progrès dans les établissements et les services, progrès essentiellement provisoire que la science rejettera peut-être très tôt dans le néant où gisent pêle-mêle les idées mortes ou démodées et où s’élaborent peut-être aussi les découvertes de l’avenir.
Le lecteur qui voudra bien parcourir ce livre y trouvera, après un historique que nous n’avons pas voulu trop long et qui constitue le titre premier, un titre II contenant une brève notice sur chacun des hommes qui ont été placés à la tête de l’Administration depuis 1849; puis, dans deux chapitres distincts, les noms des membres du Conseil de surveillance et aussi ceux des membres du Conseil municipal qui, depuis 1872, ont présidé la Commission permanente chargée des questions intéressant l’Assistance publique, ou qui ont été devant le Conseil les rapporteurs de son budget.
Sous le titre III se trouvent réunis les documents relatifs à la population secourue et à la classification des services.
Le titre IV est consacré au personnel, au service des travaux, au droit des pauvres. — Pour le personnel, nous avons tenu à conserver, à côté des noms des médecins et chirurgiens en exercice, ceux des internes ou externes qui forment la liste glorieuse et triste des victimes du devoir, comme nous avons voulu faire figurer les noms de ceux qui, plus heureux, ont vu le devoir accompli récompensé de distinctions honorifiques; et nous avons pensé qu’il convenait de mettre avec eux les noms des infirmiers et infirmières qui ont mérité des distinctions semblables. Il n’était que juste, en effet, d’associer ces noms sur une liste unique et d’affirmer ainsi la solidarité qui unit, devant le danger comme devant le devoir, le corps médical et ses modestes auxiliaires.
Le titre V est consacré au fonctionnement des services: Administration centrale, hôpitaux, hospices et maisons de retraite, établissements de service général, secours à domicile.
Le titre VI traite du régime financier.
Le titre VII comprend tout l’important service des enfants assistés de la Seine.
Le titre VIII est le plus développé de tous, et forme, à lui seul, près de la moitié du volume; il comprend la monographie de tous les établissements de l’Assistance publique. Ce qu’il importe de remarquer, c’est que si, pour chacun des plans des établissements, on a pris soin d’employer partout les mêmes lettres indicatrices pour les mêmes services, les monographies, de leur côté, sont rédigées dans un tel ordre que chaque service y figure toujours à la même place. Cette disposition nous paraît heureuse et facilitera, pensons-nous, l’étude que nous souhaitons qu’on fasse du livre que publie aujourd’hui l’Administration à l’occasion de l’Exposition de 1900.
Ce livre, nous voudrions qu’il fût beaucoup lu, non pas seulement pour l’honneur légitime qui en reviendrait à nos collaborateurs, mais parce que, passionnément dévoué à l’Assistance publique, nous voudrions que les critiques qu’on en fait fussent plus documentées, mieux précisées, plus dégagées du parti pris, plus affranchies de la tyrannie des formules toutes faites et des aphorismes acceptés sans contrôle, comme des croyances; — ainsi peut s’accuser de faire chacun de nous, pour peu qu’il s’examine et se veuille confesser; — parce que plus sérieuses, et sûres, ces critiques, que nous appelons, loin de les redouter, nous pourraient conduire à des perfectionnements, à des améliorations, à des modifications dont les malheureux seraient, en fin de compte, les bénéficiaires.
Peut-être, en feuilletant ces pages, en examinant ces gravures, le lecteur pensera-t-il que beaucoup d’établissements anciens, intéressants par les faits qui s’y sont autrefois passés et dont quelques-uns appartiennent à l’histoire, sont aujourd’hui plus pittoresques aux yeux de l’artiste qu’hygiéniques aux regards du médecin; peut-être regrettera-t-il que les établissements et les services nouveaux ne soient pas plus nombreux, mais il lui, sera facile de se rendre compte que l’extension rapide de Paris dans la seconde moitié du siècle n’a pas toujours permis à l’Assistance publique de trouver les ressources qu’il lui aurait fallu pour marcher d’un pas égal, et, se souvenant, comme nous, de ce que la Ville de Paris a fait déjà pour son Assistance publique, comme nous il aura la conviction que la Ville de Paris voudra créer les ressources nécessaires pour avoir enfin, dès le commencement du vingtième siècle, des établissements hospitaliers dignes de sa richesse et de sa grandeur, dignes de son amour du progrès, dignes de ses traditions de bonté et de son passé charitable, dignes enfin de ses généreuses aspirations et de son amour de la justice.
Le Directeur de l’Administration de l’Assistance publique,
Dr HENRI NAPIAS
Membre de l’Académie de médecine.