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IV. — Maisons hospitalières dépendant des trois établissements

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Table des matières

De ces trois. principaux organes de l’assistance publique dépendaient de nombreuses maisons disséminées dans Paris.

I. — DE L’HÔTEL-DIEU. — C’est ainsi que l’Hôtel-Dieu, indépendamment du vaste hôpital qui bordait les deux rives de la Seine, disposait des deux hôpitaux de Sainte-Anne et de Saint-Louis pour hospitaliser les contagieux, le premier situé faubourg Saint-Marceau et le second faubourg du Temple.

L’hôpital des Incurables, dans le faubourg Saint-Germain, contenait 370 lits entretenus au moyen de fondations particulières. Cet hôpital avait un patrimoine distinct de l’Hôtel-Dieu, dont il relevait pourtant administrativement.

II. — DE L’HÔPITAL GÉNÉRAL. — Les pauvres assistés par l’Hôpital général étaient répartis dans cinq maisons:

1° La Pitié, située faubourg Saint-Victor, siège de l’administration, et magasin d’habillement pour les pauvres. On y hospitalisait 1.000 à 1.200 enfants, envoyés par le service des Enfants-Trouvés, les paroisses de Paris et les localités environnantes.

2° La maison de Bicêtre, affectée aux pauvres du sexe masculin. On y trouvait des vieillards, des enfants, des paralytiques, des écrouelleux, des fous, des vénériens, des épileptiques et aussi des individus renfermés en vertu d’ordres royaux et d’arrêts du Parlement. Bicêtre était tout ensemble: hospice, hôpital, maison de retraite, de force et de correction. La population était, en 1790, de 3.874 personnes.

3° La Salpêtrière. La plus-vaste des maisons de l’Hôpital général, elle était, pour les femmes, à peu près ce que Bicêtre était pour les hommes. Enfants, vieillards, infirmes, aveugles, paralytiques, folles y étaient rassemblées. Les femmes enceintes y entraient aussi pour attendre leurs couches qu’elles allaient ensuite faire à l’Hôtel-Dieu, pour revenir de là à la Salpêtrière y passer leur convalescence.

La Salpêtrière avait, comme Bicêtre, des quartiers de force pour l’emprisonnement des condamnées, des filles de mauvaise vie et des jeunes filles enfermées par mesure de correction.

4° Le Refuge ou Sainte-Pélagie, à la fois prison pour les femmes et filles de débauche arrêtées en exécution des ordres royaux, et maison de retraite pour les filles repentantes.

5° Le vieil hôpital du Saint-Esprit, dont la fondation remontait à l’année 1362 et qui avait été réuni à l’Hôpital général par la déclaration royale du 23 mars 1680. Cet établissement, situé place de Grève, à côté du Grand Bureau des pauvres, recevait des orphelins de père et de mère «procréés en et de loyal mariage». Il avait depuis longtemps diminué d’importance, et ne contenait, en 1789, que 100 enfants, soit 40 garçons et 60 filles.

Dépendait encore de l’Hôpital général: la maison de Scipion, dépôt général des vivres: pain, viande, chandelle, servant à la consommation des autres maisons.

Enfin, le Mont-de-Piété, établi rue des Blancs-Manteaux en vertu des lettres patentes de Louis XVI, du 9 décembre 1777, était placé sous l’inspection et l’administration du lieutenant général de police et de quatre commissaires nommés par les directeurs de l’Hôpital général.

Les Enfants-Trouvés possédaient trois maisons:

1° La maison de la Couche, rue Neuve-Notre-Dame, qu’on appellerait aujourd’hui l’hospice dépositaire, acquise le 24 février 1672.

2° La maison du faubourg Saint-Antoine (aujourd’hui hôpital Trousseau), achetée le 26 septembre 1674 pour les enfants qu’on ne trouvait pas à placer à la campagne.

3° La maison de Vaugirard, louée en 1786 pour recevoir les «enfants gastez», c’est-à-dire atteints de maladies vénériennes.

III. — DU GRAND BUREAU DES PAUVRES. — Enfin, le Grand Bureau des pauvres lui-même, bien qu’administration de secours à domicile, pratiquait aussi l’hospitalisation. Deux établissements relevaient de lui:

1° L’hôpital des Petites-Maisons, situé dans le faubourg Saint-Germain, presque à côté de l’hôpital des Incurables. Il n’était, à ses débuts, comme l’Hôpital général, qu’un établissement de police, destiné à la claustration des mendiants. Dans la suite, il s’était transformé en hospice, affecté au placement des vieillards inscrits à l’aumône générale et au traitement des teigneux, des vénériens et des aliénés. Il contenait 538 personnes en 1790.

2° L’hôpital de la Trinité, rue Saint-Denis, en face de l’église Saint-Sauveur, véritable école professionnelle réservée aux enfants des pauvres de «l’aumône». Des ateliers y étaient installés, et l’enseignement qu’y donnaient les compagnons de métiers formait des ouvriers et des artisans d’une habileté consommée. C’est avec un légitime orgueil que les administrateurs relevaient, parmi les noms des élèves de la Trinité, ceux des Cramoisi, des Maurice Dubourg et des Boulle qui illustrèrent l’industrie française.

L’hôpital de la Trinité, qui avait ses ressources propres, disparut malheureusement en 1789; à cette époque, il n’y avait plus que 100 garçons et 36 filles.

ÉTABLISSEMENTS DIVERS

Il nous reste, maintenant, pour compléter le tableau de l’assistance, donnée à Paris sous l’ancien régime, à parler des établissements particuliers qui fonctionnaient en dehors de l’organisation que nous venons de décrire. Nous entrons ici dans le domaine de la charité privée. Plusieurs de ces établissements ont survécu et se sont fondus dans l’organisme nouveau de l’Assistance publique à Paris.

Nous avons ainsi deux groupes d’établissements.

1er Groupe. — Établissements faisant partie de l’Administration générale de l’Assistance publique

1° La maison de Beaujon, du nom de son fondateur (aujourd’hui hôpital Beaujon), construite en 1784 dans le faubourg du Roule pour recevoir 24 orphelins de la paroisse (12 garçons et 12 filles).

2° La maison de l’Enfant-Jésus (aujourd’hui hôpital des Enfants-Malades), fondée en 1751 par Languet de Gergy, curé de Saint-Sulpice. On y donnait l’éducation à 30 jeunes filles nobles et pauvres de 8 à 20 ans.

3° L’hôpital de la Charité, fondé en 1637 par les frères de Saint-Jean-de-Dieu, appelés de Florence, en 1605, par Marie de Médicis. Il était spécialement-affecté aux hommes atteints de maladies aiguës et comprenait, en 1786, six salles avec 208 lits d’une personne.

4° L’hospice de Saint-Sulpice (hôpital Necker), établi en 1778 par Mme Necker dans l’ancien couvent de Notre-Dame-de-Liesse, rue de Sèvres. Il contenait 128 lits individuels, réservés aux indigents malades des paroisses de Saint-Sulpice et du Gros-Caillou.

5° L’hospice de Saint-Jacques-du-Haut-Pas (hôpital Cochin), dû aux libéralités de M. Cochin, curé de la paroisse (1780). Il y avait 58 lits.

6° La maison royale de Santé (maison de retraite de La Rochefoucauld), ouverte, en 1783, hors de la barrière d’Enfer, pour des officiers infirmes ou indigents, des ecclésiastiques pauvres et des magistrats ayant subi des revers de fortune (23 lits).

L’hôpital du Saint-Nom de Jésus, fondé vers 1653 par Vincent Depaul, dans le faubourg Saint-Laurent, hospitalisait 30 ou 40 vieillards. Rattaché d’abord à l’hospice des Incurables, il fut transféré plus tard dans le faubourg Saint-Denis, et prit le nom de Maison municipale de Santé.

2e Groupe. — Établissements supprimés pendant la Révolution

Nous ne pouvons en donner ici une énumération complète; les principaux étaient:

1° Les Orphelins de la Mère-de-Dieu, rue du Vieux-Colombier, renfermant 32 filles et 8 garçons, soit 40 enfants, sous la direction du curé de Saint-Sulpice.

Mme NECKER


2° Les Cent-Filles, rue Censier, dans le quartier de la place Maubert. Antoine Séguier, son fondateur, président à mortier au Parlement de Paris, l’avait doté de 16.000 livres de revenus. On y recevait 100 filles orphelines de la ville et des faubourgs de Paris. Le premier président, le procureur général du Parlement et le chef de la famille Séguier en avaient la direction.

3° Les Orphelins du Saint-Tronc-de-Jésus, rue des Postes, cul-de-sac des Vignes, dirigé depuis l’année 1754 par la communauté de Saint-Thomas-de Villeneuve (15 enfants).

4° L’hôpital des Convalescents, rue du Bac, fondé en 1642 par Angélique Faure, .femme de Claude Bullion, surintendant des finances. Il recevait les convalescents sortant de l’hôpital de la Charité (22 lits).

5° Les quatre maisons, dites des Hospitalières de la Miséricorde (rue Mouffetard), de la Place Royale, de la Roquette et de Saint-Mandé, confiées aux soins des religieuses de Saint-Augustin, dont les statuts avaient été approuvés en 1624 par François de Gondy, archevêque de Paris.

Pour terminer cette nomenclature, citons parmi les nombreux établissements et les communautés religieuses voués à un service charitable: le Bon-Pasteur, rue du Cherche-Midi; les Filles pénitentes de Sainte-Valère, rue de Grenelle; le Sauveur, rue de Vendôme; les Filles de la Madeleine, ou Madelonnettes, rue des Fontaines, quartier du Temple, qui hospitalisaient des femmes et des filles qui avaient vécu dans le désordre.

Le vieil hôpital des Haudriettes, à l’entrée de la rue de la Mortellerie, destiné à des veuves et fondé, en 1306, par Étienne Haudri, panetier de Philippe le Bel.

Enfin deux asiles de nuit célèbres:

L’hôpital de Sainte-Catherine, en la rue Saint-Denis, au coin de la rue des Lombards, dont l’existence remontait au XIIe siècle et qui hébergeait, pendant trois jours et trois nuits, les femmes, filles ou veuves, qui venues de province se trouvaient sans asile et «obligées de coucher dehors avec grande incommodité et péril de leur pudeur».

L’hôpital Saint- Gervais, dont l’origine est indiquée dans une charte de Robert, frère de Louis le Jeune, de l’année 1171. Il logeait les pèlerins et les passants pendant trois nuits consécutives.

Nous ne mentionnons que pour mémoire trois établissements qui existent encore aujourd’hui, mais en dehors de l’Assistance publique.

Les Quinze- Vingts, rue Saint-Honoré, vis-à-vis la rue Richelieu, transférés en 1780 dans le faubourg Saint-Antoine.

La maison de Charenton et l’hôtel royal des Invalides.

Secours à domicile. — Bureaux de charité. — Indépendamment du Grand Bureau des pauvres, fonctionnaient dans les paroisses, sous la direction des curés, des bureaux de charité ayant pour objet le traitement des malades à domicile et les secours aux pauvres honteux. Ces bureaux étaient dotés de personnalité civile. Leur existence était officiellement reconnue et c’était à eux que revenaient les libéralités, faites sans désignation particulière, aux malades et aux pauvres honteux.

Deux compagnies, dont l’origine remontait au XVIe siècle, apportaient des secours moraux et même matériels aux prisonniers; elles étaient sous la haute direction du procureur général du Parlement.

COUP D’ŒIL GÉNÉRAL SUR LA DISTRIBUTION DES SECOURS A PARIS EN 1789

L’Hôtel-Dieu, le Grand Bureau des pauvres et l’Hôpital général secouraient une population qu’il est permis d’évaluer à plus de 30.000 individus; autour d’eux, les établissements de second ordre, dus à l’initiative privée, avaient, il est vrai, un cercle d’action plus restreint, mais leur nombre compensait leur peu d’importance.

Malheureusement, tous ces établissements, qui, réunis et organisés suivant un plan méthodique, auraient pu combattre efficacement la misère, ne donnaient pas tous les résultats ni tout le bien qu’on eût pu espérer. Les administrations opéraient séparément, et, sans s’ignorer réciproquement, tendaient à se rejeter, les unes sur les autres, des fardeaux qu’une entente mieux concertée eût suffi à répartir entre elles sans difficultés. D’autre part, l’inégalité des ressources de chacune d’elles avait son contre-coup sur l’équitable répartition des secours entre les différentes catégories de personnes à secourir. Les établissements n’étaient pas toujours dotés en raison des besoins auxquels ils devaient satisfaire. Les uns étaient trop riches, les autres trop pauvres.

L'Assistance publique en 1900

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