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Chapitre XI

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XI. Il parait qu’en remontant à une époque reculée, où la Gaule barbare était tout à fait inconnue, on trouve le pays divisé entre trois races bien distinctes, les Celtes ou Gaulois, les Aquitains et les Belges ; toutes trois différentes de langage, de coutumes et de gouvernement. Entre les Aquitains et les Celtes ou Gaulois, la limite naturelle est la Garonne, fleuve qui prend naissance dans les Pyrénées, et baigne des villes nombreuses avant de se perdre dans l’Océan. La Seine et la Marne, deux rivières d’importance égale, séparent ces dernières des Belges. Elles traversent la Gaule Lyonnaise, enferment par leur jonction la forteresse des Parisiens qu’on appelle Lutèce, puis vont, réunies dans un même lit, se jeter dans la mer, non loin de la ville à laquelle Constance Chlore a donné son nom.

De ces trois nations, celle des Belges passait pour la plus vaillante aux yeux de nos pères ; ce qui tient à leur position géographique, qui les mettait d’un côté en dehors du contact de la civilisation et des raffinements qu’elle procure, et, de l’autre, les tenait en collision permanente avec les peuples germaniques d’outre-Rhin. Les Aquitains au contraire, par le rapprochement des distances, et la facilité d’accès de leurs côtes, appelaient en quelque sorte les importations du commerce. Aussi furent-ils de bonne heure amollis, et n’opposèrent qu’une faible résistance à la domination romaine.

Quand la Gaulle eut, de guerre lasse, fait sa soumission au dictateur César, sa superficie entière fut divisée en quatre gouvernements, savoir, celui de la Gaule Narbonnaise, comprenant la Lyonnaise et laViennoise ; celui de l’Aquitaine, qui embrassait tous les peuples du nom d’Aquitains, et deux autres gouvernements par lesquels étaient respectivement régies les Germanies tant supérieure qu’inférieure, et le pays des Belges.

Son organisation, plus compliquée aujourd’hui, se compose, à partir du couchant, des provinces ci-après : la seconde Germanie, qui possède dans son sein les deux vastes et populeuses cités de Tongres et d’Agrippine ; la première Germanie, où l’on rencontre, entre autres villes municipales, Moguntiacum, Vangion, les Nemètes et Argentoratum ; célèbre depuis par la défaite des barbares. Vient ensuite la première Belgique, qui s’enorgueillit de Metz et de Trèves, illustres résidences de souverains ; la seconde Belgique, limitrophe de la première, où se trouvent Amiens, ville du premier ordre, Chàlons (sur Marne) et Reims. Au pays des Séquanais on compte Besançon et Rauraque, qui le cèdent à peu d’autres villes. Lyon, Châlons (sur Saône), Sens, Bourges et enfin Autun, par la splendeur séculaire de leurs murs, font l’ornement de la première Lyonnaise. La seconde étale avec orgueil Rouen ; Tours, Mediolanum et les Tricasses. Les Alpes Grecques et Paenines, sans parler de cités plus obscures, possèdent Avenche, déserte aujourd’hui, mais ville de renom jadis, ainsi que l’attestent encore de nos jours les ruines de ses édifices. Toutes ces provinces et cités sont la fleur de la Gaule. Dans l’Aquitaine, bordée par les Pyrénées et par la mer qui baigne l’Espagne, la première Aquitanique se fait remarquer par la grandeur de ses villes, parmi lesquelles il faut citer de préférence Bordeaux, les Arvernes, Saintes et Poitiers. Auch et Bazas sont l’honneur de la Novempopulanie. Euse, Narbonne et Toulouse priment entre les cités de la Narbonnaise. La Viennoise n’est pas moins fière de la beauté de ses villes, dont les plus remarquables sont Vienne elle-même, dont elle tire son nom ; puis Arles et Valence. II faut y joindre Marseille, puissante auxiliaire de Rome, suivant l’histoire, en plus d’une circonstance critique. Non loin de là sont Saluces, Nice, Antipolis et les Staochades. Puisque l’enchaînement de mon sujet m’oblige à parler de ces contrées, taire un fleuve aussi renommé que le Rhône serait une impardonnable omission. Le Rhône, au sortir des Alpes Poenines, précipite impétueusement vers les basses terres une masse d’eau considérable, et, vierge encore de tout tribut, roule déjà dans son lit à pleins bords. Il se jette ensuite dans un lac appelé Léman, qu’il traverse sans se mêler à ses ondes, et sillonnant à la sommité cette masse comparativement inerte ; s’y fraye de vive force un passage. De là, sans avoir rien perdu de ses eaux, il passe entre la Savoie et le pays des Séquanais, poursuit son cours, laissant à sa droite la Viennoise, à sa gauche la Lyonnaise, et forme brusquement le coude après s’être associé l’Arar, originaire de la première Germanie, qu’on appelle dans ce pays la Saône, et qui perd son nom dans cette rencontre.

C’est ici que commence la Gaule, et les distances se mesurent, à partir de ce point, non plus par milles, mais par lieues. Grossi de cet affluent, le Rhône peut alors recevoir les plus gros navires, ceux même qui ne naviguent ordinairement qu’à voiles. Arrivé enfin au terme marqué à sa course par la nature, il verse son onde écumante dans la mer des Gaules par une vaste embouchure, près de ce qu’on nomme les Échelles, à dix-huit milles d’Arles environ. Mais c’est assez de détails géographiques ; parlons de la conformation physique et du caractère des habitants.

Histoire de l'Empire Romain: Res gestae: La période romaine de 353 à 378 ap. J.-C.

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