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CHAPITRE VII
ОглавлениеLe physicien, en étudiant le pourquoi des phénomènes, doit considérer quatre sortes de causes : l’essence, le mouvement, la fin et la matière ; il y a dans la physique trois recherches principales, sur l’immobile, sur le mobile impérissable et sur le périssable. Le moteur peut être de deux genres, primitif ou intermédiaire.
Il est donc manifeste qu’il y a des causes, et que le nombre de ces causes est bien tel que nous l’avons établi, puisque la recherche de la cause embrasse précisément ce nombre de questions. Ainsi, la cause d’une chose se ramène : soit à l’essence même de l’objet, terme dernier dans les choses où il n’y a pas de mouvement, et par exemple, dans les mathématiques, où la recherche extrême vient aboutir à la définition de la ligne droite, ou à celle de la proportion ou de telle autre idée ; soit au moteur primordial ; et, par exemple, d’où vient que tel peuple a fait la guerre ? C’est qu’on l’avait pillé ; soit au but qu’on se propose ; et, par exemple encore, pourquoi tel peuple a-t-il fait la guerre ? C’est afin d’obtenir la domination ; soit enfin à la matière, clans les objets qui naissent et sont produits. Ainsi, la nature et le nombre des causes sont bien ce que nous venons de dire.
Du moment qu’il y a quatre causes, le physicien doit les connaître toutes les quatre ; et c’est en rapportant le pourquoi des phénomènes à ces quatre causes qu’il rendra compte en vrai physicien, et d’après les lois naturelles, de la matière, de la forme, du mouvement et du but final des choses.
Souvent trois de ces causes se réduisent à une seule. Ainsi l’essence et la fin se réunissent ; et de plus, la cause d’où vient le mouvement initial se confond spécifiquement avec ces deux-là ; comme, par exemple, l’homme engendre l’homme ; ce qui a lieu généralement dans toutes les choses qui, après avoir reçu le mouvement, le transmettent à leur tour. Quant à celles qui ne transmettent point le mouvement pour l’avoir reçu, elles ne sont plus du domaine de la Physique ; car ce n’est pas parce qu’elles ont en elles-mêmes un mouvement qui leur soit propre ou un principe de mouvement, qu’elles peuvent le communiquer : mais elles le donnent tout en étant immobiles elles-mêmes.
Il y a donc ici trois études distinctes : l’une sur ce qui est immobile ; l’autre sur ce qui est mobile, mais impérissable ; et la dernière sur toutes les choses qui périssent.
Par conséquent, la cause des choses se trouve, soit en étudiant leur matière, soit en étudiant leur essence qui les fait ce qu’elles sont, soit enfin en étudiant le moteur initial. C’est par cette méthode, en effet, quand il s’agit de la génération des choses qu’on en recherche surtout les causes en se demandant quel phénomène se produit après tel autre, quel a été le premier agent, quel effet a éprouvé l’être que l’on considère, et eu se posant toujours des questions analogues à celles-là.
Il y a deux principes qui, dans la nature, peuvent mouvoir les choses ; l’un n’est pas du domaine de la Physique, attendu qu’il n’a pas en lui-même l’origine du mouvement ; et tel est l’être, s’il en est un, qui peut mouvoir sans être mu, comme le ferait l’être absolument immobile, et antérieur à tous les êtres ; l’autre principe, c’est l’essence et la forme, parce que la forme est la fin en vue de laquelle est fait tout le reste.
Et, par suite, comme la nature agit en vue d’une certaine fin, il faut aussi que le physicien l’étudie et la connaisse sous ce rapport.
En résumé, le physicien doit expliquer de toutes les façons la cause des choses, et démontrer, par exemple, que telle chose vient nécessairement de telle autre, qu’elle en vienne d’ailleurs soit d’une manière absolue et constante, soit dans la pluralité des cas ; il faut qu’il puisse prévoir que telle chose aura lieu, comme des prémisses on augure et on tire la conclusion ; enfin il doit dire ce qu’est l’essence de la chose qui la fait ce qu’elle est, et expliquer pourquoi elle est mieux de telle façon que de telle autre, non pas absolument, mais eu égard à la substance de chacune des choses.