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CHAPITRE IX

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De la nécessité dans la nature. Le nécessaire n’a qu’une existence dérivée et conditionnelle ; il n’est point absolu ; certaines choses étant données, d’autres choses qui suivent celles-là sont nécessaires ; exemples de la maison et de la scie. Du nécessaire en mathématiques. Dans la nature le nécessaire est la matière avec ses mouvements. - Le physicien doit étudier la matière et surtout la fin des choses.

Le nécessaire a-t-il dans les choses une existence simplement conditionnelle et consécutive à l’hypothèse que nous venons d’admettre ? Ou bien a-t-il une existence absolue ?

De nos jours, on comprend la nécessité dans la génération des choses comme quelqu’un qui prétendrait que la muraille a été nécessairement construite, parce que les corps graves étant naturellement portés en bas, et les corps légers à la surface, les pierres du muret les fondements qu’elles forment ont dû être mis en bas, tandis que la terre qui est plus légère a été mise en haut, et que les bois qui sont les parties les plus légères de toutes sont à l’extérieur.

Il est certain qu’il est impossible que le mur existe sans ces matériaux ; mais ce n’est pas pour eux qu’il est fait, si ce n’est en tant qu’ils en sont la matière ; et, le mur n’a été vraiment fait qu’en vue de garantir et de conserver les choses renfermées dans la maison. Cette remarque s’applique à toutes les autres choses qui, étant faites en vue d’une certaine fin, ne pourraient exister sans des éléments nécessaires d’une certaine nature, mais qui ne sont faites pour ces éléments qu’en tant qu’ils en sont la matière, et qui ont une destination spéciale. Ainsi, pourquoi la scie est-elle faite de telle manière ? C’est pour former tel instrument, et en vue de tel usage. Sans doute l’acte en vue duquel la scie est faite, ne pourrait avoir lieu si elle n’était point en fer ; et par conséquent, il est nécessaire qu’une scie soit en fer pour qu’elle soit une scie, et pour que son œuvre s’accomplisse ; mais il est clair que le nécessaire n’est ici que comme condition de l’hypothèse, et non comme fin absolue. Ainsi, le nécessaire n’est que dans la matière ; et le pourquoi, la fin, est dans la raison qui la comprend et la poursuit.

Du reste, le nécessaire se retrouve dans les sciences mathématiques, à peu près ce qu’il est dans les choses de la nature. Ainsi, l’angle droit étant défini de telle manière, il y a nécessité que le triangle ait ses trois angles égaux à deux droits. Mais ce n’est pas parce que cette dernière propriété existe que la première a lieu. Seulement si les trois angles ne sont pas égaux à deux droits, l’angle droit n’est pas non plus ce qu’on a dit. Or, c’est précisément l’inverse dans les choses qui se produisent en vue d’un certain but. Si la fin doit être ou si elle est, l’antécédent doit être ou est comme elle. Mais si cet antécédent n’existe pas, de même que dans l’exemple qui vient d’être cité, quand la conclusion n’a pas lien, le principe n’existe pas non plus, de même ici c’est la fin poursuivie et le pourquoi, qui ne pourront plus avoir lieu ; car la fin est le principe, non pas seulement de l’acte, mais aussi du raisonnement, tandis que dans les mathématiques, ce n’est que le principe du raisonnement, puisqu’en elles il n’y a point d’actes à produire. Par conséquent, s’il doit y avoir une maison, il faut de toute nécessité que tels matériaux aient été formés ou qu’ils puissent servir ou qu’ils existent préalablement ; en un mot, il faut qu’il y ait la matière employée en vue d’une certaine fin, et que, dans le cas spécial de la maison, il y ait des pierres de taille et des mœllons. Néanmoins, la fin n’a pas ces matériaux eu vue, si ce n’est comme matière ; et ce n’est pas pour eux qu’elle sera accomplie. Seulement, sans ces éléments nécessaires, il n’y aura de possible ni maison, ni scie : l’une, s’il n’y a pas de pierres ; l’autre, s’il n’y a pas de fer ; de même que dans les mathématiques, les principes ne peuvent être vrais que si le triangle a trois angles égaux à deux droits.

Ainsi, il est bien évident que le nécessaire dans les choses de la nature, est ce que l’on y regarde comme matière, avec les mouvements que cette matière reçoit.

Ces deux espèces de causes, matière et fin, doivent être expliquées par le physicien ; mais il doit s’attacher davantage à la cause finale ; car la fin est cause de la matière, tandis que la matière n’est pas cause de la fin. Or, la fin est le pourquoi qui fait agir, et le principe qu’on peut tirer de la définition et de la conception des choses. De même que pour tout ce que fait l’art, une maison, par exemple, étant telle chose, il faut nécessairement que telles choses aussi se produisent et existent ; ou bien que la santé étant telle chose, telles conditions se produisent et existent également de toute nécessité ; de même, si l’homme est un être de telle espèce, il faut nécessairement qu’il existe aussi telles conditions, et ces conditions existant, que telles autres conditions existent préalablement.

Peut-être même on peut dire que le nécessaire se retrouve aussi jusque dans la définition ; et, par exemple, si l’on veut définir l’opération de scier, il faut expliquer que c’est telle manière spéciale de diviser les choses ; puis, ajouter que cette division ne peut avoir lieu, à moins que la scie n’ait des dents faites de telle manière ; et que ces dents ne seront point ainsi faites, à moins que la scie ne soit en fer ; car il y a aussi dans la définition, certaines parties qui sont en quelque sorte la matière de la définition.


FIN DU LIVRE II

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