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CHAPITRE VI
ОглавлениеSens divers du mot Infini. - Discussion des opinions diverses ; réfutation de la théorie Pythagoricienne ; l’infini ne peut être séparé des choses sensibles ; et s’il n’est qu’un accident, on ne peut plus en faire un principe ; contradiction des Pythagoriciens qui font de l’infini une substance divisible.
Un premier soin qu’il faut prendre, c’est de définir les acceptions diverses du mot Infini.
En un sens, on appelle infini ce qui ne petit être parcouru, attendu que par sa nature il ne peut être mesuré, de même que la voix par sa nature est invisible. En un autre sens, l’infini est ce dont le cours est sans terme ou à peu près sans terme ; ou bien ce qui par nature pouvant avoir un terme qui finisse son cours, n’en a pas cependant et n’a pas de limite.
Enfin tout peut être considéré comme infini, soit sous le rapport de l’addition, soit sous le rapport de la division, soit sous ces deux rapports à la fois.
Il est impossible que l’infini soit séparé des choses sensibles, et que ce quelque chose soit lui-même infini ; car si l’infini n’est ni grandeur ni nombre, et qu’il soit essentiellement substance et non point accident, dès lors il est indivisible, puisque le divisible est toujours, ou une quantité, ou un nombre. Mais s’il est indivisible, il n’est plus infini, si ce n’est comme on dit que la voix est invisible. Or, ce n’est pas ainsi que le considèrent les philosophes qui affirment son existence, et ce n’est pas sous cet aspect que nous l’étudions nous-mêmes. C’est seulement comme ne pouvant être parcouru.
D’autre part, si l’infini existe comme simple accident, il n’est plus dès lors un élément des êtres en tant qu’infini, pas plus que l’invisible n’est l’élément du langage, bien que la voix soit invisible.
De plus, comment comprendrait-on que quelque chose puisse par soi-même être l’infini, quand le nombre et la grandeur dont l’infini est essentiellement une propriété, ne seraient point séparés eux-mêmes des choses ? Car il y aura moins de nécessité pour cette chose d’être infinie que pour le nombre et la grandeur.
Il est évident encore que l’infini ne peut pas plus être en acte, qu’il ne peut être substance et principe, car alors toute partie qu’on lui emprunterait serait infinie, puisqu’il est divisible ; et que l’infini et l’essence de l’infini se confondent, du moment que l’infini est une substance et qu’il n’est pas un attribut dans un sujet. Par conséquent, ou l’infini est indivisible, ou il est divisible en d’autres infinis. Mais il ne se peut pas que la même chose soit plusieurs infinis. Cependant il faudrait que de même que l’air est une partie de l’air, de même il pût y avoir un infini d’infini, si l’on admet l’infini comme substance et principe. Donc l’infini est sans parties, et il est indivisible. Mais il est impossible que l’être en acte soit infini, puisqu’il faut nécessairement qu’il soit une quantité déterminée.
Par conséquent, l’infini n’existe que comme accident. Mais s’il en est ainsi, nous avons dit qu’on ne petit plus l’appeler un principe ; et alors le véritable principe, c’est ce dont l’infini est l’accident, soit l’air, soit le nombre pair, etc.
C’est donc se tromper étrangement que de traiter l’infini comme le font les Pythagoriciens, qui tout à la fois en font une substance et le divisent en parties.