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CHAPITRE II

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Suite de la définition du mouvement. Rapports du moteur et du mobile ; nécessité du contact ; le mouvement est en acte dans le mobile, et en puissance dans le moteur. - Objection contre cette théorie ; réponse à l’objection.

Ainsi qu’on l’a dit, tout moteur est mu lui-même, parce qu’il est mobile en puissance et que son immobilité est le repos ; car le repos est l’immobilité de ce qui, par nature, possède le mouvement. Agir sur le mobile en tant que mobile, c’est précisément là ce que c’est que mouvoir. Mais le moteur ne peut faire cela que par contact, de telle sorte qu’il est passif en même temps qu’il agit. Aussi le mouvement est-il l’entéléchie, l’acte du mobile en tant que mobile ; et, pour que ce phénomène ait lieu, il faut, je le répète le contact du moteur, qui souffre alors en même temps qu’il agit.

Mais toujours le moteur apportera quelque forme à l’être qu’il meut, soit en substance, soit en qualité, soit en quantité, laquelle forme sera le principe et la cause du mouvement quand le moteur le donne. Par exemple, l’homme en entéléchie, fait un homme réel de l’homme qui n’est qu’en puissance.

Il est dès lors évident, et sans qu’il puisse subsister de doute, que le mouvement est dans le mobile dont il est en effet l’entéléchie, et que le mouvement vient de ce qui peut le donner.

Or, l’acte de ce qui peut mouvoir ne doit point être autre que celui du mobile, puisqu’il faut que l’un et l’autre aient leur entéléchie. Le moteur en puissance est, par cela seul qu’il peut mouvoir ; le moteur réel est, parce qu’il agit et meut. Il est l’agent du mobile, et, par conséquent, il n’y a qu’un seul acte pour le moteur et le mobile également. C’est ainsi qu’il n’y a qu’un seul et même intervalle de un à deux, de deux à un, soit que l’on monte, soit que l’on descende ; car les deux choses n’en font qu’une, bien que d’ailleurs la définition ne soit point unique. Il en est absolument de même aussi pour le moteur et pour le mobile qu’il meut.

Mais ici se présente une objection purement logique, et la voici. Il y a peut-être nécessité que l’acte soit un peu différent, pour ce qui est actif et pour ce qui est passif ; d’un côté c’est l’activité ; d’autre part, c’est la passivité ; l’œuvre et la fin de l’un, c’est un résultat produit ; l’œuvre et la fin de l’autre, c’est un simple état passif.

Mais puisque l’on fait de toutes les deux des mouvements, on demande, en supposant qu’elles sont autres, dans quoi elles se trouvent. Ou toutes les deux sont dans ce qui souffre l’action et qui est mu ; ou bien l’action se trouve dans ce qui agit, et la souffrance se trouve dans ce qui subit l’action. Mais si l’on donne également le nom d’action à cette passivité, c’est une pure équivoque de mots ; et, si l’action est dans l’agent, et la passivité dans le patient, il s’ensuivra que le mouvement est dans le moteur, puisqu’on applique le même rapport, de l’action et de la passion au moteur et au mobile qu’il meut. Par conséquent, ou conclura que tout ce qui meut est mu à son tour, ou bien que ce qui a le mouvement ne sera pas mu. Que si l’on prétend que l’action et la passion sont toutes les deux dans le mobile et le patient, de même que l’enseignement et l’étude sont cependant réunis dans celui qui étudie, bien que ce soit deux choses distinctes, il en résultera d’abord que l’acte d’un être quelconque n’est plus dans cet être ; ensuite, il en résultera cette autre conséquence non moine absurde qu’une chose peut avoir deux mouvements en même temps. En effet, quelles peuvent être deux altérations diverses, d’un seul et même être, tendant vers une seule et même forme ? Évidemment, c’est impossible.

Dira-t-on qu’il n’y a qu’un seul et même acte pour l’agent et le patient ? Mais il est contre toute raison de soutenir que deux choses différentes en espèce puissent avoir un seul et même acte.

En outre, si l’on confond et si l’on identifie l’enseignement et l’étude, l’action et la passion, il faudra aussi qu’enseigner et étudier soient la même chose ; que souffrir et agir soient tout un ; et l’on arrivera nécessairement à cette conséquence que celui qui enseigne étudie toujours, et que celui qui agit est aussi celui qui souffre.

Mais ne peut-on pas dire qu’il n’est pas absurde de soutenir que l’acte d’une chose puisse être dans une autre chose ? L’enseignement, en effet, est l’acte de celui qui peut enseigner ; mais cet acte, qui est dans un certain être, n’y est pas séparé et isolé complètement ; il y est l’acte de cet être dans tel autre être. Ne peut-on pas dire encore que rien n’empêche que le même acte appartienne à deux choses, non pas parce que cet acte serait essentiellement identique, comme le sont un habit et un vêtement, mais parce qu’il sera à ces choses dans ce rapport où ce qui est en puissance est à ce qui est en acte ?

Ce n’est pas davantage une conséquence nécessaire que celui qui enseigne étudie en même temps ; et en supposant même qu’agir et souffrir se confondent, ce n’est pas cependant comme se confondent les choses dont la définition essentielle est identiquement la même, par exemple, celle de l’habit et celle du vêtement, mais c’est seulement comme le chemin est le même de Thèbes à Athènes ou d’Athènes à Thèbes, ainsi que je viens de le dire un peu plus haut. C’est qu’en effet les choses identiques ne sont pas identiques tout entières aux choses qui sont les mêmes qu’elles d’une façon quelconque, mais seulement à celles qui ont la même essence.

Mais même en admettant que l’enseignement à autrui soit la même chose que l’étude personnelle, il ne s’ensuivrait pas que étudier se confonde avec enseigner ; de même que la distance restant toujours une et la même entre deux points distants, on ne peut pas dire que ce soit une seule et même chose d’aller de celui-ci à celui-là et de celui-là à celui-ci.

Pour nous résumer en quelques mots, nous dirons qu’à proprement parler, ni l’enseignement et l’étude, ni l’action et la passion, ne sont une même chose ; la seule chose identique ici, c’est le mouvement auquel ces diverses propriétés se rapportent ; car l’acte de telle chose agissant sur telle chose, et l’acte de telle chose souffrant par telle chose, ce sont là des idées rationnelles.

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