Читать книгу Les Amours - Auguste de Labouïsse-Rochefort - Страница 11
ОглавлениеÉLÉGIE
ÉCRITE DE LA CAMPAGNE
TAPIS de fleurs, solitaires ombrages,
Vastes jardins, magnifiques guérets,
Rians vallons, majestueux rivages,
Sombres et paisibles forêts
Où s’égare ma rêverie,
Charmez le trouble de mon cœur;
Et, loin d’une amante chérie,
Présentez-moi l’image du bonheur.
Oh! si le Dieu qui cause mon supplice,
A mes vœux enfin plus propice,
Forçait Éléonore au plus tendre retour,
Quel destin fortuné ! Trop heureux Troubadour!
Je voudrais dans ce parc, sous l’abri du feuillage;
M’égarant avec elle au fond de ce bocage,
Lui faire partager l’excès de mon amour.
Combien de doux tributs je paîrais à ses charmes
Et lorsque après nos jeux, le besoin du repos
De l’amour languissant émousserait les armes,
Nous volerions encore à des plaisirs nouveaux.
Properce, Horace, Ovide, et Gallus et Catulle,
Chaulieu, Parny, Bertin, et leur maître Tibulle,
Nous offriraient leurs naïves amours.
Ils ont souvent dissipé ma tristesse,
Et, relus mille fois, ils m’enchantent toujours!
Mais qu’ils seraient plus beaux, si, près de ma maîtresse,
D’un amoureux regard prolongé mollement,
D’un souris ingénu, d’un doux frémissement,
Je notais chaque vers qui peindrait ma tendresse!
Rien ne serait égal à mon enchantement.
Où m’égaré-je? illusion volage,
Pourquoi troubler un malheureux amant?
Hélas! peut-être en ce moment
L’insensible jouit d’un calme qui m’outrage;
Peut-être par les nœuds d’un odieux serment,
A ses lois un autre s’engage!
Ah! par pitié n’accepte point sa foi!
Qu’il jure en vain de bénir ton empire.
Pour obtenir les droits où son audace aspire,
T’aimerait-il autant que moi?