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LE RÊVE.

Table des matières

L’AIMABLE objet qui captive mon cœur

Vient quelquefois, dans les plus heureux songes,

Me consoler par de rians mensonges,

Et de mes maux adoucir la rigueur.

Cruel enfant de la plus tendre mère,

Sois juste, Amour! au gré de mon ardeur,

Ou réalise une douce chimère,

Ou laisse le sommeil prolonger mon erreur.

Avant que l’aube éclairât l’atmosphère,

Éléonore, à tes côtés assis

Auprès d’une onde solitaire,

Je rêvais; mais ce rêve à mes sens attendris,

D’un songe n’avait pas le trompeur caractère.

J’entendais à-la-fois, dans mon ravissement,

Le murmure des eaux qui mouillaient le rivage,

Les sons plaintifs du mobile feuillage,

Et des oiseaux le doux gazouillement.

Tes yeux, brillans d’une vive lumière,

Autour de moi répandaient la clarté ;

Et mon cœur, qui battait plus fort qu’à l’ordinaire,

M’annonçait ta présence et ma félicité.

Mais qui t’avait rendue aussi douce, aussi tendre?

Ce point seul de mon rêve, impossible à comprendre,

Me donnait des soupçons sur sa réalité.

Dieu! quels touchans discours frappèrent mes oreilles!

Que j’obtins de doux noms et d’aimables aveux!

Qui pourrait à mon gré raconter ces merveilles?

Lorsque l’amour se peignit dans tes yeux,

Éléonore, ah! que tu parus belle!

Que n’ai-je pu, dans un miroir fidèle,

Te faire contempler ce regard amoureux!...

Tu ne voudrais jamais être cruelle.

Que pensai-je? que dis-je en ces momens heureux?

Quels furent mes transports, ma joie et mon délire?

Ah! comment pourrai-je décrire

Tout mon bonheur et l’excès de mes feux?

Mais je sais bien que ma bouche idolâtre

Couvrit de baisers enflammés

Tes mains plus blanches que l’albâtre,

Et tes appas, qu’à mes regards charmés

Semblait livrer un Dieu folâtre.

Tout hors de moi, dans ce songe flatteur,

Je jouissais de ce trouble enchanteur

D’une vierge qui s’abandonne,

Mais s’abandonne avec candeur,

Et par devoir et par pudeur,

Laisse ravir ce qu’elle donne.

Tu rougissais: l’amour, l’amour vainqueur

S’emparait de tes sens, faisait battre mon cœur,

Et souriait à mon brûlant hommage.

J’obtenais de tes feux le doux et dernier gage,

Lorsqu’un bruit imprévu part d’un bosquet voisin.

Je me détourne, et vois à travers le feuillage,

Philène, mon rival, dont la jalouse rage

Osait compter chaque larcin....

Saisi d’étonnement, et bouillant de colère,

Je m’éveille en sursaut, quand, d’une aile légère,

Mon songe et mon bonheur s’envolèrent soudain.

Le jour a dissipé cette ombre mensongère,

Mais mon amour et mes ennuis

Ne se dissipent point avec l’ombre des nuits.

Si, pendant mon sommeil, une erreur séduisante

M’offre un instant l’image du bonheur,

A mon réveil, toujours présente,

Cette image ne fait qu’irriter ma douleur.

Les Amours

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