Читать книгу Les Amours - Auguste de Labouïsse-Rochefort - Страница 14
ОглавлениеL’EXCUSE.
A ÉLÉONORE.
PARDONNE-MOI: non, je ne comprends rien,
Éléonore, à ta colère injuste.
Quelle est ma faute, et que dit ton Auguste?
Il dit qu’IL T’AIME, il te nomme SON BIEN.
Est-ce à tes yeux un crime inexcusable,
Un crime qui mérite un reproche cruel?
Ah! si t’aimer rend un cœur criminel,
Il faut ne pas te voir pour n’être pas coupable.
Pourquoi donc, parmi tant de cœurs
Qui tous ont partagé mon crime,
De ton ressentiment suis-je seul la victime?
Dois-je expier les torts de tes charmes vainqueurs?
Mes chastes vœux peuvent-ils te déplaire?
Ah! crains, du moins de nuire à tes attraits?
Tu ne sais pas à quel point la colère
Défigure tes jolis traits!...
Mais tu ne me crois pas, tu parais incertaine...
Viens consulter cette claire fontaine:
Suis-je un trompeur? dis-je la vérité ?
Ce front ridé, cet air sombre et farouche
Qui font fuir les ris de ta bouche,
Ont de moitié terni l’éclat de ta beauté.
Venge-toi mieux: si te dire JE T’AIME,
Si te nommer MON BIEN te paraît insultant,
Éléonore, insulte-moi de même,
Et je te pardonne à l’instant.
Mais quel bonheur! je vois sourire Éléonore!
O sourire enchanteur qui me met hors de moi!
Ah! maintenant regarde-toi,
Vois la douceur des traits de celle que j’adore!
Et juge de l’effet qu’y produirait l’amour!
D’un visage riant si la grâce est charmante,
D’un visage attendri la grâce est plus touchante:
Éléonore, aime donc à ton tour,
Aime, et reviens à ces ondes fidèles;
Ton sourire sera plus doux,
Et tu verras briller tant de beautés nouvelles
Que tu ne voudras plus, ô la Belle des belles,
Altérer tes attraits par un air de courroux.