Читать книгу Les Amours - Auguste de Labouïsse-Rochefort - Страница 21
ОглавлениеL’ORGIE.
VENEZ à moi, doux enfans de Bacchus;
Armons nos mains d’une coupe profonde!
Venez à moi sous ces bosquets touffus;
Qu’à mon appel votre amitié réponde;
Livrons-nous aux transports d’une aimable fureur.
Buvons, mes chers amis, buvons sans nul mystère;
Buvons et folâtrons; qu’on remplisse mon verre,
Et bravons, en buvant, le sourire trompeur
Du dieu cruel qui régne dans Cythère.
Je bois à toi, convive ingénieux,
Dont les bons mots, les aimables saillies
Plairaient à la table des dieux;
Préside à nos sages folies.
Je bois à toi, moderne troubadour,
Si plaisant dans tes vers, si volage en amour;
Je bois à toi, son rival au Parnasse,
Doué, comme Boufflers, et d’esprit et de grâce;
Et toi, dont la jeune saison
Réunit aux charmes de l’âge
Tous les trésors de la raison,
Viens te mêler à notre badinage.
Notre vie est un jour; le plaisir, un moment;
Hélas! plus vite que le vent
S’envole une heureuse jeunesse!
Amis, nous gémirions en vain de sa vitesse!
La mort, malgré nos cris, nos plaintes et nos pleurs,
Sans attendre souvent une triste vieillesse,
De sa cruelle faux tranchera notre ivresse,
Comme on voit dans nos champs d’avides moissonneurs,
Avant qu’au haut des cieux le char du jour paraisse,
Abattre sans pitié les épis et les fleurs.