Читать книгу Les Amours - Auguste de Labouïsse-Rochefort - Страница 9
ОглавлениеL’AMOUR TIMIDE.
QU’ÉPROUVÉ-JE en mon cœur? Oh! comme il bat plus vite
Quels sont ces mouvemens qui m’étaient inconnus?
Est-ce peine ou plaisir? Quels sentimens confus!
D’où peut venir le trouble qui m’agite?
Hélas! je le sais trop! je me souviens du jour
Où, sans me défier du pouvoir de l’amour,
Pour la première fois je vis Éléonore
Belle comme Vénus, fraîche comme l’Aurore...
Et j’éprouverais des regrets!
Et je pourrais gémir d’adorer tant d’attraits!
Ah! bénissons plutôt une si belle chaîne:
Heureux de la porter, dissimulons ma peine,
Et ne trahissons pas de semblables secrets.
Mais faudra-t-il toujours et languir et me taire?
on, non: l’amour souvent seconde un téméraire,
Et la plainte est le droit de tous les malheureux.
Je dirai les tourmens de mon cœur amoureux!
Je dirai les ennuis d’une longue espérance;
Je dirai que mon crime est celui de ses yeux;
Je dirai... mais hélas! si sa fierté s’offense
Et lui fait rejeter mes timides aveux!
Si je suis à jamais banni de sa présence!...
Dieu! malgré moi j’hésite, je balance,
Je veux et ne veux pas lui découvrir mes feux.
Et toi, quand ton haleine, trop heureux Zéphire,
Rafraîchira l’objet que mon cœur ose aimer,
Dis-lui que dans ton souffle un tendre amant soupire...
Mais garde-toi de me nommer.
Et toi, ruisseau, si ta course te guide
Vers celle qui m’a su charmer,
Interprète naïf d’un amour trop timide,
En murmurant tâche de l’exprimer;
Dis que souvent des pleurs troublent ton eau limpide,
Mais garde-toi de me nommer