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XII.
MADAME DE RÉMUSAT A M. DE RÉMUSAT, A TOULOUSE.

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Paris, dimanche23avril1815.

On est fort occupé de la constitution qui doit paraître ces jours-ci. C’est, ou à peu près, celle que nous avions il y a deux ans, avec un peu d’extension dans quelques parties, c’est-à-dire la Chambre parlant, et la liberté de la presse. Comme les Français sont mordus du besoin d’écrire et de bavarder, cela les rendra contents. En vérité, je ne sais si cela nous rendra paisibles; nous sommes un peu légers, un peu prompts, pour bien porter la liberté. Si cette liberté nous donne du repos, je serai la plus heureuse du monde. C’est en raison de ce désir, que je m’inquiète de la guerre; elle est moins douteuse, dit-on, qu’il y a quinze jours. Faut-il donc rentrer encore dans les chances des batailles? Quel métier que celui d’être mère et femme dans ces temps-ci! Mon ami, malgré la confiance que j’ai dans la valeur de nos soldats, je t’avoue que je suis inquiète. Il faut se résigner, cependant, et peut-être passer un été encore suspendu à ces bulletins qui nous agitaient tant, il y a quelques années.

J’ai appris une chose qui me fâche, c’est que nous n’avons plus M. de Lameth pour préfet. J’y ai regret; il est aimable et sa société m’aurait fort arrangée. On dit que c’est un nommé Treilhard, que je ne connais nullement, et puis M. de Ponté-coulant, commissaire; ne connais-tu pas un peu ce dernier?

Ton oncleest toujours malade, et de mauvaise humeur. Plus nous allons, plus nous nous apercevons tous de sa triste santé; il se soutient avec des remèdes forts qui, je crois, l’usent un peu. Je ne crois pas, malgré les soins qu’on lui donne, que son état puisse durer longtemps; je suis fâchée de t’en donner d’aussi mauvaises nouvelles. En revanche, ton fils se porte à merveille. Il est gai et pressé de partir, comme moi. Il a fait une chanson de départ qui est charmante, et qui me fait un peu pleurer.

Je te la porterai et nous la chanterons sous les berceaux de Lafitte.

Correspondance de M. de Rémusat pendant les premières années de la Restauration. I

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