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XVIII.
MADAME DE RÉMUSAT A MADAME DE NANSOUTY, A ORAIN.

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Lafitte, 7juillet1815.

Je ne sais si vous recevez mes lettres, ma chère amie. Il se pourrait bien que les événements de Paris missent quelque désordre dans les correspondances. J’espère que vous n’aurez pas quitté Orain, et que, vous et moi, nous n’aurons senti de cette dernière révolution que les émotions qu’il est impossible de ne pas éprouver en lisant les journaux, et en pensant à tout cela. La distance où je suis est un peu grande pour un pareil moment; je n’ai encore aujourd’hui que le journal du30et un mot de notre cousin qui finit en me disant: «J’entends le canon, je vais savoir ce que c’est.» Ce soir, j’attends les lettres qui m’apprendront, j’espère, la délivrance de Paris et la tranquillité de nos amis. Vous en savez, à l’heure qu’il est, beaucoup plus que moi, et je suis obligée de vivre, la moitié de la semaine, sur les spéculations de mon bon sens. Il me dit qu’il faudra rendre grâce à la Providence du peu de durée de cette grande crise. Je me sens bien froissée de cette horrible bataille, mais, enfin, elle aura été si décisive qu’elle a épargné beaucoup de malheurs, et surtout la guere civile toujours suspendue sur nos tètes dans ces provinces. Je ne cesse d’être tranquille: la ville de Toulouse fermente, mais la garnison la tient en respect; on attendra ici le signal que donnera Paris, et, d’ici à quelques jours, nous serons instruits. Quand le calme me sera un peu revenu, nous pourrons nous livrer à la foule de réflexions que de pareils bouleversements inspirent, et enfin, regarder à nos propres affaires. Quelques amis empressés de me revoir veulent bien m’écrire que, sans doute, je vais songer à les rejoindre, mais je suis bien loin de tourner mes regards encore vers un déplacement. Nous ne nous remuerons qu’à bonnes enseignes, et, si je sors de Lafitte, ce ne sera vraisemblablement que pour aller à Cauterets, et revenir ensuite chez moi.

Correspondance de M. de Rémusat pendant les premières années de la Restauration. I

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