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XIII.
MADAME DE RÉMUSAT A M. DE RÉMUSAT, A TOULOUSE.

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Paris, vendredi5mai1815.

Rien ne m’empêchera plus, j’espère, de partir dimanche matin; je serai six ou sept jours en route, selon mes forces. Quand je te verrai, je te dirai bien à quel point j’ai été contrariée de ces retards et de l’ignorance où je suis de toi. Ton silence aura été une petite coquetterie de plus, pour me faire souhaiter davantage de te joindre, et, en effet, me voilà charmée de partir. J’ai si bien fait que j’ai laissé arriver la pluie, mais j’espère qu’elle me quittera à mesure que j’approcherai de toi, et que je te trouverai de compagnie avec mon ami, le soleil. Je crois que je trouverai les routes paisibles, et que cett guerre, qui nous menace toujours, ne sera point encore commencée. Cependant, le départ de l’empereur, qui était pour cette semaine, a été retardé, comme le mien. Je ne pense pas que ce soit pour les mêmes raisons, et j’ignore le motif qui nous donne au moins quelque répit. Voilà tout ce que tu auras de nouvelles de moi aujourd’hui; je garde tout ce que j’aurais à dire pour alimenter nos conversations. Charles prétend que nous allons te trouver déjà baissé, et peu en état de nous comprendre, et que lorsque nous te parlerons constitution, tu nous répondras blé et vignes. Il est le plus aimable du monde, gai autant qu’il peut, combattant fort bien le regret qu’il éprouve de quitter Paris, et naturel dans tout ce qu’il sent. Je vais bien employer ma coquetterie maternelle, pour travailler à lui ôter le plus gros de l’ennui. Le plus sûr moyen, je l’éprouve déjà ici, est de porter sa jeune imagination sur l’avenir, qu’il saisit de tout son cœur, et que nous nous amusons à parer ensemble. Dans nos causeries, il m’entraîne avec lui, et je garde pour moi seule la réflexion un peu triste qui me dit que peut-être le temps ne satisfera pas tout ce qu’il souhaite.

Correspondance de M. de Rémusat pendant les premières années de la Restauration. I

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