Читать книгу Traité des opérations de banque, de bourse et de change, à l'usage des capitalistes, des employés de banque et des candidats aux administrations financières - Charles Lejeune - Страница 9
ОглавлениеRôle. — Opérations. — Classification.
En examinant succinctement comment s’est développé et comment fonctionne le commerce du crédit dans le monde, nous avons montré quel est le rôle tenu par les banquiers dans les diverses branches de l’activité économique, et en quoi consistent les services rendus par eux au commerce et à l’industrie.
Nous avons vu que dans toutes ses opérations, le banquier n’est qu’un intermédiaire qui reçoit des capitaux en dépôt à diverses fins, en accordant un intérêt minime, mais pourtant suffisant pour attirer des sommes considérables qui, autrement, resteraient improductives pendant des périodes de temps plus ou moins longues. Le banquier rend donc ainsi un premier service à ses déposants. En utilisant ces capitaux aux diverses opérations, virements, escomptes, avances, dont nous avons indiqué le principe, le banquier trouve à la fois le moyen de réaliser un bénéfice sur l’intérêt qu’il perçoit, et de rendre au commerce et à l’industrie, par le crédit qu’il leur accorde, les services les plus appréciables. En jouant le rôle de dépositaire de ses clients, il allège le travail du caissier et du comptable, puisqu’il évite à ses déposants de faire eux-mêmes leurs paiements et leurs recouvrements, et de supporter des frais considérables pour les envois de fonds dans des localités ou des pays éloignés. Il est à même de les renseigner sur l’état des marchés étrangers, aussi bien que sur les tendances du marché national et sur la situation particulière de certaines entreprises de divers pays. Il est donc permis de dire que le rôle du banquier est un effet du principe de la division du travail, principe qui tend à se manifester dans toutes les branches de l’activité économique chez les peuples en voie de progrès.
Le banquier est également un intermédiaire très précieux et très discret pour les commerçants qui ont momentanément besoin d’ouvertures de crédit. Comme ces crédits sont, en général, destinés aux affaires, le banquier est mieux placé que quiconque pour connaître le risque qu’il court de ce chef, et il peut proportionner à ce risque les garanties à exiger ainsi que la rémunération qu’il demande. Par la suite, il pourra surveiller l’emploi des fonds, ce qui lui permettra d’accepter ou de refuser à bon escient les demandes qui pourraient lui être adressées en vue de l’augmentation ou de la prolongation des crédits.
Enfin nous avons signalé le rôle joué par les banques de spéculation dans la constitution d’affaires industrielles ou commerciales, la réorganisation d’affaires en mauvaise posture, l’émission d’obligations pour le compte de sociétés privées et la prise en charge d’emprunts pour le compte de municipalités, de départements ou d’États, et nous avons montré à quel point leur entremise est utile, pour ne pas dire indispensable, dans de telles opérations financières.
Pendant longtemps, les banques se sont livrées de préférence à certaines opérations plutôt qu’à d’autres. Et encore de nos jours en Angleterre, les joint-stock banks se bornent à recevoir des dépôts et à effectuer des opérations de caisse pour le compte de leurs clients, tandis que les private bankers font des opérations de crédit et notamment des avances sur garanties diverses, et tandis qu’enfin l’escompte est uniquement pratiqué par des banquiers spécialisés, les bill dealers ou bill brokers.
Mais en France, comme dans la plupart, des autres pays moins traditionnalistes que l’Angleterre, une tendance à la centralisation s’est manifestée dans le commerce de banque comme dans toute l’activité économique. Et de plus en plus les banques, comme les grands magasins, ont développé leurs services et étendu leurs opérations. En sorte que les grands Etablissements de crédit comme le Crédit Lyonnais, la Société Généralè, le Comptoir National d’Escompte de Paris, etc., pratiquent toutes les opérations de banque, sauf l’émission des billets de banque dont le monopole est réservé à la Banque de France. Cette dernière manifeste d’ailleurs une tendance marquée à vouloir se transformer sur le modèle des Etablissements de crédit, car depuis le renouvellement de son privilège, en fin 1918, elle augmente sensiblement le nombre de ses agences et accorde plus de facilités qu’autrefois au commerce et à l’industrie.
Malgré cette évolution très caractérisée vers là centralisation, il est possible de classer les banques en trois groupes: les banques de commerce, les banques d’émission et les banques de spéculation.
A ces grandes catégories s’àjoutent certaines spécialisations plus limitées: banques hypothécaires, banques de crédit populaire, etc...
Nous allons étudier comment ces Etablissements, selon leur but, traitent pratiquement les affaires; et entrer dans le détail de leurs opérations en indiquant quelle ligne de conduite ils ont à observer et quels dangers ils ont à éviter.