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Ethan Frome ~Chapter I
The next morning, when I looked out, I saw the hollow-backed bay between the Varnum spruces, and Ethan Frome, throwing back his worn bearskin, made room for me in the sleigh at his side. After that, for a week, he drove me over every morning to Corbury Flats, and on my return in the afternoon met me again and carried me back through the icy night to Starkfield. The distance each way was barely three miles, but the old bay’s pace was slow, and even with firm snow under the runners we were nearly an hour on the way. Ethan Frome drove in silence, the reins loosely held in his left hand, his brown seamed profile, under the hel-met-like peak of the cap, relieved against the banks of snow like the bronze image of a hero. He never turned his face to mine, or answered, except in monosyllables, the questions I put, or such slight pleasantries as I ventured. He seemed a part of the mute melancholy landscape, an incarnation of its frozen woe, with all that was warm and sentient in him fast bound below the surface; but there was nothing unfriendly in his silence. I simply felt that he lived in a depth of moral isolation too remote for casual access, and I had the sense that his loneliness was not merely the result of his personal plight, tragic as I guessed that to be, but had in it, as Har-mon Gow had hinted, the profound accumulated cold of many Starkfield winters.
Only once or twice was the distance between us bridged for a moment; and the glimpses thus gained con-firmed my desire to know more. Once I happened to speak of an engineering job I had been on the previous year in Florida, and of the contrast between the winter landscape about us and that in which I had found myself the year before; and to my surprise Frome said suddenly: “Yes: I was down there once, and for a good while afterward I could call up the sight of it in winter. But now it’s all snowed under.”
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Sous la neige~ Chapitre I
Le lendemain matin, en mettant le nez à la fenêtre, j'aperçus entre les sapins des Varnum le maigre cheval de Frome. Rejetant la vieille peau d'ours, le maître me fit place à côté de lui dans le traîneau. Toute la semaine, à dater de ce jour, il me descendit à Corbury Flats, et me ramena le soir à Starkfield, dans le crépuscule glacial. Le trajet ne dépassait guère quatre milles, mais l'allure du cheval était lente, et, même quand la neige gelée résistait à la pression de la voi-ture, nous mettions tour près d'une heure pour faire la route. Ethan Frome conduisait sans parler. Il tenait mollement les guides dans sa main gauche. Sur le remblai couvert de neige, son visage brun se détachait comme le profil d'une médaille de bronze. Il répondait par monosyllabes, sans jamais me regarder, à mes questions et aux légères plaisanteries que je hasardais. Il avait l'air de faire partie du paysage mélan-colique et silencieux. On eût dit le symbole de cette désola-tion glacée, tellement tout ce qui était chaleur et sensibilité semblait enfoui au fond de lui-même. Son silence, il est vrai, n'avait rien d'hostile. Je finis par comprendre que cet homme était habitué à vivre dans une solitude morale trop profonde pour qu'on pût facilement pénétrer jusqu'à lui. Cet état, je le présumais, ne résultait point essentiellement de ses malheurs, que je devinais tragique : il était surtout la conséquence de tous ces hivers rigoureux passés à Starkfield…
Une ou deux fois seulement, j'eus le sentiment de me rapprocher de lui, et ces instants ne firent qu'aviver mon désir d'en savoir davantage. Un jour, à propos d'un travail que j'avais exécuté en Floride, l'hiver précédent, je fis allusion à la différence entre les deux climats. A ma grande surprise, Frome me répondit :
— Oui, je sais… J'y suis allé autrefois, en pendant bien longtemps, moi aussi, en hiver, je voyais ce pays, comme dans une vision… Mais à présent, tout cela est enseveli sous la neige…