Читать книгу Ethan Frome / Sous la neige - Edith Wharton - Страница 3
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I had the story, bit by bit, from various people, and, as generally happens in such cases, each time it was a different story.
If you know Starkfield, Massachusetts, you know the post-office. If you know the post-office you must have seen Ethan Frome drive up to it, drop the reins on his hol-low-backed bay and drag himself across the brick pavement to the white colonnade; and you must have asked who he was.
It was there that, several years ago, I saw him for the first time; and the sight pulled me up sharp. Even then he was the most striking figure in Starkfield, though he was but the ruin of a man. It was not so much his great height that marked him, for the “natives” were easily singled out by their lank longitude from the stockier foreign breed: it was the careless powerful look he had, in spite of a lameness checking each step like the jerk of a chain. There was something bleak and unapproachable in his face, and he was so stiffened and grizzled that I took him for an old man and was surprised to hear that he was not more than fifty-two. I had this from Harmon Gow, who had driven the stage from Bettsbridge to Starkfield in pre-trolley days and knew the chronicle of all the families on his line.
“He’s looked that way ever since he had his smash-up; and that’s twenty-four years ago come next February,” Har-mon threw out between reminiscent pauses.
I
Cette histoire, c'est brin à brin, et par maintes gens, qu'elle m'a été contée. Et, comme il arrive d'habitude en pareil cas, j'ai entendu chaque fois une version nouvelle.
Si vous connaissez Starkfield, Massachusetts, vous connaissez le bureau de poste. Si vous connaissez le bureau de poste, vous devez avoir vu Ethan Frome y conduire, laisser tomber les rênes de sa baie à dos creux et marcher sur le pavé de briques jusqu'à la colonnade blanche. Vous devez avoir demandé qui il était.
C'est là, au bureau, que je le vis moi-même pour la première fois, voici quelques années. Bien que cet homme ne fût plus qu'une ruine, sa physionomie se détachait parmi les autres. Ce n'était pas sa haute taille qui le désignait à l'atten-tion, puisque les Américains de vieille race ont très fréquem-ment cette stature élancée et mince, mais plutôt sa prestance et sa démarche. Son regard était à la fois triste et volontaire ; il conservait, en dépit d'une claudication manifeste, quelque chose de vigoureux. Son visage sévère, hâlé, fatigué par le rude travail des champs, était d'une indicible mélancolie. Ses cheveux grisonnants, ses yeux glacés, lui donnaient l'aspect de la vieillesse, et je m'étonnai lorsqu'on m'apprit qu'il n'avait guère passé la cinquantaine. Ce fut Harmon Gow qui me renseigna sur son âge. — Harmon Gow avait autre-fois conduit la diligence allant de Starkfield au gros bourg de Bettsbridge, à l'époque où n'existaient pas les tramways électriques, et il connaissait sur le bout du doigt la chronique intime de toutes les familles qui habitaient ou avaient habité le long de son ancien parcours.
— Il a cette tête-là depuis son accident, — me dit-il, hachant ses phrases au gré de ses souvenirs. — Et il y aura en février prochain vingt-quatre ans que la chose est arrivée…