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Ethan Frome ~Chapter I
In the “best parlour,” with its black horse-hair and mahogany weakly illuminated by a gurgling Carcel lamp, I listened every evening to another and more delicately shaded version of the Starkfield chronicle. It was not that Mrs. Ned Hale felt, or affected, any social superiority to the people about her; it was only that the accident of a finer sensibility and a little more education had put just enough distance between herself and her neighbours to enable her to judge them with detachment. She was not unwilling to exercise this faculty, and I had great hopes of getting from her the miss-ing facts of Ethan Frome’s story, or rather such a key to his character as should co-ordinate the facts I knew. Her mind was a store-house of innocuous anecdote and any question about her acquaintances brought forth a volume of detail; but on the subject of Ethan Frome I found her unexpectedly reticent. There was no hint of disapproval in her reserve; I merely felt in her an insurmountable reluctance to speak of him or his affairs, a low “Yes, I knew them both… it was aw-ful…” seeming to be the utmost concession that her distress could make to my curiosity.
So marked was the change in her manner, such depths of sad initiation did it imply, that, with some doubts as to my delicacy, I put the case anew to my village oracle, Har-mon Gow; but got for my pains only an uncomprehending grunt.
“Ruth Varnum was always as nervous as a rat; and, come to think of it, she was the first one to see ‘em after they was picked up. It happened right below lawyer Varnum’s, down at the bend of the Corbury road, just round about the time that Ruth got engaged to Ned Hale. The young folks was all friends, and I guess she just can’t bear to talk about it. She’s had troubles enough of her own.”
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Sous la neige~ Chapitre I
Chaque soir, dans le salon meublé d'acajou, aux sièges recouverts de crin, sous la lampe Carcel qui faisait entendre ses glouglous monotones, j'apprenais un nouvel épisode de la chronique du village, et il m'était plus délicatement raconté. Non pas que Mrs. Hale se crût ou affectât quelque supériorité sociale sur les gens qui l'entouraient : sa libre façon de juger les événements n'avait pas une telle origine. Une sensibilité plus développée, une éducation un peu mieux soignée, créaient seules cette distance entre elle et ses voisins. Ces conditions me faisaient espérer qu'auprès de Mrs. Hale je parviendrais à éclaircir les points obscurs de la vie d'Ethan Frome. La mémoire de l'excellente femme était un admirable répertoire d'anecdotes sans méchanceté ; toute question ayant trait à ses relations attirait aussitôt un flot de détails. J'amenai donc la conversation de ce côté ; mais je sentis aussitôt que Mrs. Hale se dérobait. Cette attitude n'impliquait d'ailleurs aucun blâme à l'égard de Frome. On devinait seulement qu'elle éprouvait une invincible répugnance à parler de lui et de ses affaires. Quelques bribes de phrase murmurées : « Oui, je les connais tous les deux… Ce fut horrible… » paraissaient la seule concession qu'elle pût faire à ma curiosité.
Le changement de son attitude était si marqué, il sup-posait une telle initiation à de tristes secrets que, malgré cer-tains scrupules, je m'adressai une fois encore à Harmon Gow. Tout ce que je pus obtenir de lui fut un vague grognement.
— Oh ! — fit-il, — Ruth Varnum… elle a toujours été impressionnable comme une souris… C'est elle qui les a vus la première lorsqu'on les a ramassés… Tenez, c'était justement au bas de la maison des Varnum, au tournant de la route de Corbury… Ruth venait alors de s'accorder avec Ned Hale… Tout ce jeune monde était ami… La pauvre femme, elle a eu assez de ses propres malheurs !