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DE LA GESTATION

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Modifications physiologiques. — Signes. — Durée. — Anomalies.

On appelle gestation, l’état d’une femelle qui porte dans la matrice le produit de la conception.

La gestation — véritable incubation interne — pendant laquelle le fœtus se forme et se développe aux dépens de la mère, offre un grand intérêt pour les éleveurs et justifie l’étude documentée que nous allons en faire.

Le diagnostic de la gestation comporte des signes rationnels et certains; les premiers sont fournis par les modifications qui se manifestent dans les différents appareils et fonctions de la mère sous l’influence de la gestation; les seconds, appartiennent au fœtus et révèlent d’une manière indubitable sa présence et sa vitalité.

Parmi les signes rationnels, nous rangerons la cessation des chaleurs, la disposition à l’engraissement, le développement du ventre et celui des mamelles.

Lorsque six à huit jours après un accouplement opéré dans de bonnes conditions, on voit les chaleurs disparaître; lorsque la jument présentée à nouveau à l’étalon, refuse de se laisser couvrir, on peut présumer qu’elle a conçu. Toutefois, il n’est pas rare de voir des chaleurs ne pas réapparaître chez des juments qui sont restées stériles malgré des accouplements répétés.

D’autre part, on rencontre des juments qui, bien que pleines depuis plusieurs mois, présentent des signes de chaleur et acceptent l’étalon; l’époque à laquelle elles mettent bas le démontre clairement. Ces mêmes exceptions sont impuissantes à infirmer la règle générale et pratiquement, la suppression des chaleurs constitue un critérium fidèle de la gestation.

Les éleveurs attribuent, et non sans raison, une grande importance à la disposition à l’engraissement observé chez les juments pleines; toutefois, l’augmentation de l’embonpoint peut dépendre de tant de causes différentes, tout à fait étrangères à la présence d’un fœtus, que ce signe n’a de valeur réelle que par les circonstances dans lesquelles il se produit; Il ne faut pas oublier que toutes les causes accidentelles qui peuvent faire varier l’engraissement (suppression de la lactation, suralimentation, exercice insuffisant, etc.) diminuent la valeur de ce symptôme.

Le développement du ventre, méthodiquement observé, constitue un symptôme précieux; l’époque à laquelle on commence à s’en apercevoir n’a rien de fixe. Dans les cas les plus nombreux, c’est à quatre mois chez la jument que l’on peut constater une légère augmentation, qui ira dès lors en s’accusant de plus en plus. Ce signe est très important, et lorsqu’il coïncide avec ceux que nous avons étudiés, il a une grande valeur diagnostique; toutefois, il faudra tenir compte, non seulement de l’ampliation plus ou moins apparente de l’abdomen, mais encore et surtout de sa forme spéciale.

Quand cette déformation est due à la présence d’un fœtus dans la matrice, le ventre s’accroît dans tous les sens mais surtout par son tiers inférieur. Il s’élargit en ce point, de manière que la saillie qu’il forme déborde très sensiblement le plan de la région crurale. Ce symptôme chez les poulinières, âgées, «déformées par la maternité » n’a qu’une valeur relative du fait de la déformation permanente de l’abdomen; chez les primipares l’accroissement de l’abdomen est si peu marqué qu’on peut facilement le méconnaître.

De plus, plusieurs maladies, l’hydropisie des ovaires, l’ascite etc., donnent lieu à l’ampliation de l’abdomen et peuvent simuler une gestation.

La valeur diagnostique du développement des mamelles varie selon qu’on le considère chez les primipares ou chez les femelles déjà mères.

Chez les primipares, c’est environ deux mois avant la mise-bas, quelquefois plus tard, que les glandes mammaires commencent à prendre du développement.

Chez les poulinières suitées et pleines, la sécrétion lactée commence à se tarir à une époque plus ou moins éloignée de la parturition à venir, généralement entre la fin du sixième mois et le commencement du huitième mois.

Chez les femelles déjà mères, mais non nourrices, les choses se passent comme chez les primipares, à cette différence près que les glandes mammaires commencent à grossir peut-être un peu plus tard.

Les changements dans la composition de l’urine fournissent un critérium sérieux de la gestation. La teneur minérale de l’urine — principalement le taux calcique — diminue du fait de la nutrition fœtale qui absorbe pour l’édification du squelette du fœtus, une notable proportion de chaux empruntée aux aliments destinés à la mère. Les analyses faites par M. CHAPELLE sur l’urine d’une jument montrent que le taux calcique baisse à mesure que la gestation arrive à son terme.

Le lait d’une jument en gestation est moins riche en phosphate de chaux que lorsqu’elle n’a pas été fécondée; il est moins nourrissant pour les poulains.

Les signes certains de la gestation sont ceux par lesquels le fœtus accuse sa présence directement à nos sens. Nous comprenons sous ce titre: 1° les mouvements actifs du fœtus perceptibles à l’extérieur; 2° les renseignements que donne le palper; 3° et 4° ceux fournis par l’exploration vaginale et rectale; 5° enfin ceux que donne l’auscultation du cœur du fœtus.

Vers le milieu du quatrième mois de la gestation les muscles du fœtus sont déjà contractés, et celui-ci commence à effectuer quelques mouvements. Vers le septième mois chez la jument, les déplacements du fœtus sont assez prononcés pour être perceptibles à la main de l’observateur, à travers l’épaisseur des parois abdominales. Ils acquièrent une telle énergie dans les deux derniers mois de la gestation, qu’ils deviennent facilement appréciables, non seulement au toucher, mais encore à la vue.

Pour les apprécier, on posera la main exploratrice à plat sur les parois du ventre, du côté gauche, un peu en avant et au-dessus de la mamelle; on déprimera ces parois par une pression modérée, et l’on tiendra la main ainsi tandis que l’autre main, prenant au point d’appui sur la région lombaire, facilitera l’exploration. Si pendant cette exploration, le fœtus vient à remuer, ses mouvements seront facilement perçus par la main de l’observateur; ils se produisent avec une sorte de brusquerie et sur une assez grande surface et donnent la sensation d’un corps ferme et même dur, lequel soulève avec une certaine force la main de l’explorateur.

Ces mouvements sont plus fréquents et plus énergiques le matin pendant que la jument mange, et plus encore quand elle boit. L’exercice, et, en particulier le trot, produit souvent aussi le même effet.

L’absence de mouvements ne permet pas d’affirmer la non-existence de la gestation; aussi, préfère-t-on le toucher abdominal. Ce procédé ne donne guère d’indications certaines que vers le septième ou le huitième mois pour la jument. L’exploration se fait dans le flanc gauche; l’opérateur avant le dos tourné du côté de la tête de la mère, applique le poing fermé à la partie inférieure du flanc, puis soulève brusquement la paroi abdominale et ramène imméditament sa main près de sa position première.

Le fœtus soulevé, redescend et vient buter contre la paroi abdominale qui transmet au poing l’impression du choc.

L’exploration rectale est plus certaine; elle doit être faite avec beaucoup de précautions, pour ne pas déterminer l’avortement; elle peut donner des indications dès le troisième mois. Pour l’effectuer, la femelle étant debout, les membres postérieurs entravés ou non, la main est engagée dans le rectum, vidé auparavant, jusqu’un peu en avant du pubis, ou abaissée à plat dans le plan médian du corps; on perçoit une masse plus ou moins volumineuse, dure, irrégulière, pouvant être déplacée dans une certaine mesure.

L’exploration vaginale ne fournit pas des renseignements aussi nets. Sur l’animal, maintenu comme précédemment, on introduit la main dans le vagin jusqu’au col de l’utérus. Si la jument n’est pas pleine, la main rencontre le col utérin faisant saillie dans le vagin; si la femelle est pleine, on trouve le col bien clos, non saillant et fermé par une grande quantité d’un mucus visqueux; en essayant de soulever l’utérus, on sent que cet organe est lourd.

L’auscultation obstétricale se borne à enregistrer les battements cardiaques du fœtus pendant les derniers mois de la gestation; ces pulsations sont au nombre de 90, 100, 120 et plus. Ce moyen de diagnostic est peu pratique en obstétrique vétérinaire; les bruits intestinaux empêchant de percevoir les battements cardiaques.

M. LENZO-GUILAIN a préconisé une méthode de diagnostic très précoce de la gestation basée sur la présence de ferments protéolytiques spécifiques dans le sang. Ces ferments apparaîtraient dès le seizième jour après la fécondation et seraient nettement constatés trois semaines après un coït fécondant.

La recherche de ces ferments présente au point de vue pratique un grand intérêt, elle éviterait — en cas de persistance des chaleurs chez les juments fécondées — les saillies ultérieures qui peuvent provoquer — et le cas est fréquent — l’avortement embryonnaire.

DURÉE DE LA GESTATION

La durée de la gestation paraît plus longue pour les races de sang que pour les races communes; on admet qu’elle est plus longue quand le produit es t du sexe masculin que quand il est du sexe féminin; le terme de la gestation dépend aussi de l’âge plus ou moins avancé de la mère, de son degré de force et d’embonpoint. D’ailleurs, il n’y a rien de bien certain à ce sujet, puisque dans des conditions semblables, on peut observer une différence de plus de sept jours dans la durée de la gestation de la jument.

La durée de la gestation gémellaire est généralement moindre que celle de la gestation simple chez la même femelle.

Chez la jument, on admet pratiquement que la durée ordinaire de la gestation est de onze mois, mais peut varier entre dix et douze mois; le durée normale oscille entre trois cent quarante à trois cent cinquante jours, soit onze mois et demi; c’est dans ce délai que naissent la plupart des poulains.

ANOMALIES DE LA GESTATION

Les fausses gestations sont caractérisées par l’évolution de produits anormaux, pathologiques ou tératologiques pouvant simuler plus ou moins complètement la gestation normale. Ces produits sont ordinairement des môles, des kystes et l’hydromètre.

Les môles sont des monstres formés de masses musculaires adipeuses, conjonctives, etc., entourées d’un revêtement pileux; aucun appareil n’est organisé. Dans les môles hydatiques ou vésiculaires, on ne trouve pas de vestige d’embryon; il n’y a que les enveloppes fœtales.

L’hydromètre est une collection de mucosités dans la cavité utérine due à une infection de l’utérus.

Chez la jument affectée d’hydromètre, le ventre grossit peu à peu, et on observe quelques signes qui pourraient faire croire à la gestation normale. Le diagnostic est établi par l’exploration rectale qui permet de percevoir une masse uniformément fluctuante occupant les cornes. Généralement, vers le cinquième ou le sixième mois, on constate des symptômes d’avortement et l’expulsion par la vulve des liquides collectés dans l’utérus.

Le traitement consiste à dilater le col et à faire ensuite quelques injections antiseptiques dans l’utérus.

La gestation extra-utérine est caractérisée par la présence d’un ou plusieurs fœtus, en dehors de la cavité utérine, en un point quelconque de la cavité abdominale. Normalement l’ovule, après avoir été fécondé, s’échappe de l’ovaire, est reçu par le pavillon de l’oviducte et vient enfin se fixer dans l’utérus. Mais il peut arriver que cet ovule se fixe dans l’ovaire, dans l’oviducte, sur le vagin après avoir traversé le col utérin, ou tombe dans la cavité péritonéale, et se développe ainsi dans un endroit anormal.

Dans le cas de gestation abdominale, l’ovule chez la jument se fixe ordinairement dans le flanc gauche; à l’autopsie on trouve, en un point variable, une production plus ou moins volumineuse, souvent sphérique avec une paroi externe, indurée, très épaisse. Le fœtus contenu est peu développé ; généralement avant le demi-terme, il meurt, se dessèche, se momifie; il peut subir la dégénérescence graisseuse ou une véritable calcification; parfois, il se putréfie et détermine une péritonite rapidement mortelle.

Le diagnostic est à peu près impossible; les signes probables sont ceux de la gestation normale, mais, au moment du part, les coliques, les efforts expulsifs restent infructueux; la vulve ne se dilate pas, la croupe ne s’affaisse pas; à la longue la jument maigrit.

Il ne faut pas confondre cette gestation extra-utérine abdominale avec celle due à une déchirure des parois de l’utérus, par laquelle le produit de la fécondation s’échappe, tombe dans la cavité abdominale, mais garde par le cordon et le placenta ses adhérences à l’utérus.

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