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VI. — DE LA FÉCONDATION ARTIFICIELLE

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Table des matières

ÉTUDE PHYSIOLOGIQUE. — TECHNIQUE OPÉRATOIRE. — INDICATIONS

La fécondation artificielle au point de vue physiologique consiste à déterminer l’union des spermatozoïdes avec les ovules en dehors de tout rapprochement sexuel.

Ce n’est que vers 1777 que SPALANZANNI pratiqua méthodiquement la fécondation artificielle sur les batraciens, les vers à soie et le chien. Ces expériences sont le point de départ et la base de toutes nos connaissances sur la fécondation.

Au point de vue biologique, le problème suivant se pose: la fécondation artificielle exerce-t-elle une influence néfaste sur la vitalité du produit et trouble-t-elle la transmission fidèle de l’hérédité ?

On peut affirmer, disons-le dès le début, que la transmission de la puissance héréditaire et le vitalisme des produits — les nombreux faits expérimentaux le prouvent — ne sont pas modifiés par la pratique de la fécondation artificielle.

Le spermatozoïde et l’ovule — nous l’avons montré au chapitre consacré à l’hérédité — sont deux éléments équivalents renfermant la même quantité de substance nucléaire, c’est-à-dire de potentiel héréditaire. Mis en rapport par la fécondation normale ou artificielle, ces deux éléments produisent les mêmes effets héréditaires, et l’imprégnation du mâle sera aussi intense et fidèle dans les deux cas.

Pratiquement, les expériences de SPALANZANNI et de P. ROSSI ne laissent aucun doute à ce sujet. Ces expérimentateurs par l’emploi de la fécondation artificielle chez la chienne, ont obtenu des produits qui rappelaient par leur forme et leur couleur, les caractères de la mère et du mâle qui avait fourni la liqueur séminale.

Qu’importe en effet, à l’hérédité au point de vue physiologique, que le sperme parvienne chez la femelle par son conduit naturel l’urètre, ou par un canal artificiel, la sonde de l’imprégnateur!

Que les sensations voluptueuses président ou non aux rapprochements, c’est là un acte de préfécondation et non de fécondation, car il est absolument démontré que le spermatozoïde ne rencontre l’ovule que deux heures environ après la saillie. Il est clair que si la fécondation ne se fait dans l’un et l’autre cas — moyen naturel ou moyen artificiel — que longtemps après que la semence a été déposée dans l’utérus, le produit de cette fécondation sera toujours le même, c’est-à-dire absolument normal.

La fécondation artificielle n’est en somme que l’intervention de la science dans une très petite part de l’acte fécondant, et qui ne change en rien les facteurs de la vie.

Un point intéressant, l’influence de la fécondation artificielle sur la durée de la gestation, reste à examiner. Il est actuellement difficile à résoudre car les cas de gestations consécutifs à la fécondation artificielle sont trop rares pour leur attribuer la valeur d’une statistique. Nous citerons néanmoins, et sous toute réserve, l’opinion d’un vétérinaire hongrois disant que les gestations obtenues par ce procédé, dépassaient généralement de dix à quatorze jours le terme normal.

Physiologiquement, rien n’explique des modifications dans la durée de la gestation, et l’on est autorisé à dire que les faibles variations observées, doivent être plutôt attribuées à l’individualité qu’au mode de fécondation.

Le moment où l’on doit opérer la fécondation artificielle joue un rôle important dans les chances de réussite. L’observation journalière, confirmée par des données physiologiques, montre qu’il existe chez la jument une période agénésique pendant laquelle la saillie ne peut être suivie de fécondation; l’intervalle qui existe entre la manifestation des chaleurs correspond à ce stade.

Une question, dont l’importance pratique est considérable, se pose: doit-on faire l’insémination au début, au milieu ou à la fin des chaleurs?

La physiologie va nous permettre d’élucider ce point important. Il existe un moment pendant la durée des chaleurs où la fécondation doit s’opérer plus sûrement qu’à tous les autres, c’est celui qui correspond à l’émission des ovules.

D’après certains physiologistes parmi lesquels il faut citer A. POUCHET, l’époque la plus favorable à la fécondation serait la fin des chaleurs, l’ovule ne se détachant qu’à cette période.

Ce que nous pouvons affirmer, c’est que, dans notre longue pratique professionnelle, nos insuccès ont été plus nombreux lorsque nous faisions l’imprégnation au début; pratiquement, pour augmenter les chances de fécondation nous effectuons deux tentations d’imprégnation: l’une au milieu des chaleurs, l’autre vers la fin.

Avant de pratiquer la fécondation artificielle, le praticien doit: 1° contrôler par l’examen microscopique la présence et la vitalité des spermatozoïdes; et 2° vérifier l’état de perméabilité du col utérin.

On devra s’assurer — dans les jours qui précèdent l’opération — de la direction et du calibre du canal; il importe, en effet, que pas une minute ne soit perdue au moment de l’insémination, et les tâtonnements inévitables lors du premier cathétérisme d’un canal dont on ignore le siège, seraient de nature à en compromettre le résultat.

La détermination du degré humoral (mucus utéro-vaginal) de la jument qui sert à recueillir le sperme, est primordiale; nous en avons indiqué antérieurement la technique opératoire (emploi de papiers réactifs ou d’une solution titrée).

La difficulté de se procurer du sperme en dehors de la saillie, fait qu’on a recours exclusivement à ce procédé, mais l’acte accompli n’est que secondaire et n’a pour but que de fournir la liqueur séminale.

Si la stérilité de la jument à inséminiser est causée par des sécrétions anormales (hyperacidité), le sperme de l’étalon doit être recueilli dans le vagin d’une autre poulinière et réinjecté ensuite dans l’utérus de la première.

Il ne faut pas injecter une trop grande quantité de la liqueur spermatique dans l’utérus afin de ne pas provoquer des contractions de l’organe; il convient, en effet, de remarquer qu’une goutte de sperme renferme plusieurs milliers de spermatozoïdes, et qu’un seul suffit pour assurer la fécondation.

Ayant indiqué en détail dans un de nos ouvrages la technique opératoire de la fécondation artificielle, nous y renvoyons le lecteur; les insuccès observés fréquemment reconnaissent pour cause, dans la majorité des cas, des fautes opératoires.

Avant de terminer, nous ferons remarquer qu’un régime diététique rafraîchissant, le calme, le repos, l’isolement sont des facteurs de succès importants.

La pratique, tant en France qu’à l’étranger, montre que la fécondation artificielle employée dans certains haras augmente, d’une façon notable, le taux de la fécondité ; en supprimant les saillies multiples, elle prévient le surmenage génésique et l’usure prématurée des procréateurs. Un vieil étalon ne peut donner qu’un nombre limité de saillies; avec l’aide de la fécondation artificielle, nous pouvons doubler — sans qu’il en résulte pour lui aucun surmenage — le nombre de ses services.

Même dans les cas négatifs, la pratique de la fécondation artificielle rend encore de grands services à l’éleveur; en effet, elle permet d’affirmer — quand la méthode a été appliquée rationnellement — que la poulinière est atteinte de stérilité absolue.

L’éleveur peut donc, en toute sécurité, l’éliminer de la reproduction; procédant ainsi, il ne s’expose pas à des surprises qui consisteraient à retirer de son élevage des juments atteintes de stérilité relative et fécondables ultérieurement.

On peut dire au point de vue thérapeutique que la fécondation artificielle constitue la base du traitement de la stérilité, quand toutes les méthodes médicales ont échoué.

Souhaitons vivement, qu’après la disparition des entraves suscitées par les préjugés surannés, que l’emploi de la fécondation artificielle prenne, comme dans les grands haras étrangers, une extension rapide.

Augmenter le nombre des naissances, éviter le surmenage de l’étalon, assurer la fidélité de la transmission héréditaire, sans abaisser la vitalité et la rusticité du sujet, tels sont les avantages, consacrés par une pratique déjà longue.

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