Читать книгу Galopeurs et trotteurs : Hygiène. Elevage. Alimentation. Entraînement. Maladies - Edmond Curot - Страница 37
V. — TRAITEMENT DE LA STÉRILITÉ
ОглавлениеChez la femelle. — Il ne faut pas se le dissimuler, le traitement de la stérilité chez la jument n’est pas toujours heureux; nous devons même convenir que les succès, dans certains cas, sont relativement rares. Souvent, par suite de la difficulté du diagnostic, il faut de longs tâtonnements avant d’obtenir un résultat positif. Mais est-ce une raison pour nous décourager et renoncer aux ressources thérapeutiques nouvelles qui nous sont offertes?
Il est évident que, lorsque nous parlons du traitement de la stérilité, il ne peut être question d’une thérapeutique uniforme, unique pour tous les cas de cette affection. La stérilité n’étant pas une maladie, mais la simple conséquence d’une multitude d’états morbides, ne comporte pas de traitement invariable. La médication qui leur convient est celle de l’affection causale, et à ce titre essentiellement indirecte.
Notre expérience nous a montré huit fois sur dix, que la stérilité de la jument reconnaît des causes locales et doit être surtout l’objet d’un traitement local. En cas de lésions morbides acquises, les indications relèvent de deux facteurs dominants: inflammation, obstacles mécaniques. C’est à modérer la première et à supprimer les seconds que devra tendre la thérapeutique. Quand on aura entrepris le traitement de la stérilité on devra apporter dans son exécution toute la ténacité nécessaire car c’est souvent au moment où l’on commençait à désespérer du succès qu’on voit survenir la fécondation. Nous verrons ultérieurement que les méthodes employées pour lutter contre la stérilité appartiennent à la fois à l’hygiène, à la thérapeutique et à la chirurgie; enfin, lorsque tous ces moyens ont échoué, la fécondation artificielle doit constituer la base du traitement.
L’emploi des solutions alcalines constitue la base du traitement de l’hyperacidité vaginale; ce procédé, employé depuis longtemps, consiste dans l’injection vaginale d’une solution de bicarbonate de soude à 2 %. A ces injections nous avons substitué l’emploi des ovules, médicaments solides, que l’on dépose au fond du vagin. Fondant lentement sous l’influence de la température du corps, ils imprègnent la muqueuse vaginale d’une façon beaucoup plus intime que les liquides injectés qui sont expulsés quelques instants après leur administration. Une autre particularité de notre méthode consiste dans l’emploi d’un crayon médicamenteux destiné à être placé dans le col utérin et à neutraliser l’hyperacidité de cette région que les injections vaginales sont impuissantes à combattre. Dans les traitements actuels préconisés contre la stérilité, le vagin seul est soumis à leur action et l’hyperacidité du col utérin n’est pas traitée; cette considération explique les insuccès fréquents observés dans la pratique.
Voulant laisser à cette étude tout son caractère scientifique et surtout ne pas être accusé de poursuivre un but tendancieux, nous n’indiquerons pas ici la technique de notre méthode renvoyant le lecteur à un de nos ouvrages .
Parmi les moyens médicamenteux utilisés pour combattre l’atrésie du col utérin, citons les lavements émollients avec addition de laudanum ou d’extrait de belladone, les injections vaginales de même nature, la pommade ou l’extrait de belladone portés directement sur le col.
La dilatation digitée qui constitue le traitement par excellence de la sténose du col utérin est des plus simples. On introduit dans l’orifice du col, le doigt indicateur qui d’abord pénètre difficilement. Bientôt, cependant, le conduit s’élargit et l’on peut y introduire un second, un troisième et finalement les quatre doigts réunis en cône. On force un peu mais doucement en imprimant à la main un mouvement de vrille, jusqu’à ce que l’extrémité des doigts arrive dans la cavité de l’utérus. On maintient la main un instant dans cette position; on la retire et l’opération est terminée; la jument peut ensuite être présentée à l’étalon soit le jour même, soit le lendemain avec de grandes chances de fécondation.
Les moyens à employer pour combattre la nymphomanie et l’éréthisme nerveux sont du ressort de l’hygiène, de la thérapeutique et, dans des cas récidivants, de la chirurgie. On luttera contre l’irritation sexuelle par des moyens locaux: injections calmantes laudanisées, douches vaginales froides et on abaissera le nervosisme exagéré du sujet par l’emploi d’un régime rafraîchissant et débilitant (demi-diète, vert, racines). Les médicaments anaphrodisiaques (camphre, lupulin, bromure de potassium) seront utilisés. La déplétion sanguine diminue l’état de spasme des organes génitaux. Certains éleveurs estiment que le moment le plus favorable pour pratiquer la saignée est celui de la veille au soir pour la saillie du matin, et du matin à la première heure pour celle du soir. La clitodirectomie, opération simple, qui consiste en l’ablation du clitoris, donne des résultats positifs quand l’éréthisme siège dans la zone clitorienne (congestion, hypertrophie du clitoris). Par ce procédé, nous avons pu faire cesser la nymphomanie sur trois juments jusqu’alors stériles et dont deux furent fécondées ultérieurement. Lorsque tous ces moyens sont inefficaces, il convient de recourir à l’emploi de la fécondation artificielle.
La plupart des médicaments employés dans le traitement de la frigidité (absence de chaleurs) n’ont qu’une action thérapeutique réduite.
Les aphrodisiaques (phosphore, poudre de cantharide, etc.) peuvent provoquer des accidents graves (cystite hémorragique).
La dilatation du col utérin chez les juments frigides provoque quelquefois l’apparition des chaleurs trois ou quatre jours après.
Les agents opothérapiques (ovarine, cérébrine, corps jaunes) sont de précieux stimulants ovariens qui doivent constituer le traitement rationnel de la frigidité.
L’électricité, soit galvanique ou faradique, employée directement sur le système nerveux de la zone génitale, peut en modifier avantageusement le fonctionnement.
Le traitement de l’impuissance chez le mâle varie selon la cause: si elle est consécutive au surmenage génésique, la diminution du nombre des saillies ou un repos complet s’imposent; si elle est liée à un état de fa blesse générale, de dépression, le traitement du domaine de l’hygiène comporte l’emploi d’un régime alibile et tonique. Dans les deux cas, on y adjoindra l’usage des condiments (gingembre, canelle, etc.). Aux aphrodisiaques dangereux (phosphore, cantharide) et d’une action infidèle, substituez la méthode opothérapique à base de suc orchitique, dont l’efficacité est consacrée par la pratique.
A côté de cette méthode, basée sur des données scientifiques, il faut signaler un certain nombre de pratiques empiriques ayant pour but d’assurer la fécondation. Quelques-unes, transmises par la routine, sont complètement inutiles mais non dangereuses; par exemple, l’application d’un bâton promené sur les reins, une course rapide après la saillie, le pincement du dos pour empêcher la jument de se vousser et de rejeter le liquide spermatique; nous ne citerons l’emploi des poudres dites «fécondantes» que pour en signaler l’inefficacité.
Traiter un sujet aussi important que celui de la stérilité du pur sang dans un cadre aussi limité, constitue une entreprise téméraire; puisse, néanmoins, cette étude basée sur l’anatomie, la physiologie des organes sexuels, abaisser le taux élevé de la stérilité qui — en s’opposant à la transmission des qualités héréditaires, si laborieusement acquises — entrave l’amélioration de la race pure.