Читать книгу Galopeurs et trotteurs : Hygiène. Elevage. Alimentation. Entraînement. Maladies - Edmond Curot - Страница 32
DE LA STÉRILITÉ
ОглавлениеEtiologie. — Stérilité d’origine paternelle. — Stérilité d’origine maternelle. — Diagnostic. — Traitement. — Prophylaxie.
L’élevage du pur sang et du demi-sang sont soumis à un ensemble de conditions qui viennent très souvent contrarier les efforts des éleveurs.
Il ne se passe pas de jour où le problème de la fécondité ne soit posé et résolu sans profit par les moyens empiriques et les pratiques superstitieuses les plus absurdes: ces pratiques procèdent de théories mécaniques brutales, de l’emploi de poudres dites «fécondantes» qui accusent chez leurs inventeurs, une ignorance absolue de l’anatomie et de la physiologie des organes génitaux.
La question de l’infécondité dans la race pure a une importance considérable. Sous quelque côté qu’on l’envisage, elle sollicite l’examen et demande une solution. Au point de vue sportif, elle touche aux plus grands intérêts. Ce n’est point exagérer d’admettre que la moitié des juments consacrées à l’élevage sont frappées d’infécondité et font perdre aux éleveurs des revenus considérables. Cette perte périodique atteint en France, les proportions d’un fléau et pèse lourdement sur la multiplication et l’amélioration de nos races.
On se borne à relever chaque année les cas d’infécondité critiquant avec amertume l’administration des haras et les propriétaires d’étalons, sans attribuer une part d’influence aux juments, sans chercher les moyens de remédier au mal et, le plus souvent, sans provoquer l’intervention de spécialistes capables d’en diminuer la gravité.
L’étude de la stérilité chez les procréateurs constitue donc un des sujets les plus complexes qu’il soit donné au praticien d’aborder. Mais si les problèmes soulevés par cette question sont d’une solution difficile, l’intérêt qui s’y attache est tellement intense, que l’éleveur ne saurait regretter les efforts faits en vue de remédier à un état dont la gravité économique est considérable.
Les prix élevés des poulinières destinées à la reproduction montrent combien, à l’heure actuelle, les éleveurs attachent d’importance à la qualité et à l’origine des mères. Il est certain, par exemple, que les 112.500 francs de Cimiez constituent au moins l’équivalent du million de Flying-Fox.
La production d’une poulinière est, en effet, limitée à une descendance infiniment moins nombreuse que celle d’un étalon. A durée de fonctionnement égale on peut compter qu’un mâle donne au minimum vingt-cinq fois plus de produits qu’une femelle. Bien peu de juments ont un produit chaque année régulièrement; ce produit unique est en tous cas leur seule chance de réussite, alors que les chances heureuses de l’étalon se multiplient par le nombre de ses poulains.
Le succès des établissements d’élevage dépend en grande partie de la proportion des produits procréés par les femelles qui y sont entretenues.
L’établissement peut avoir été acheté à un prix des plus minimes, son installation peut être des plus parfaites, les sujets peuvent avoir été choisis avec le plus grand soin et l’entreprise être administrée de la façon la plus économique, les bénéfices de l’exploitation seront réduits si les procréatrices ne reproduisent pas. On doit donc apporter tous ses soins à tout ce qui peut diminuer le taux de la stérilité. Nous ne pouvons empêcher les juments d’avorter, ni la mort accidentelle des foals, mais nous pouvons, par l’emploi combiné de l’hygiène sexuelle et d’un traitement médical rationnel, augmenter, dans une notable mesure, l’aptitude procréatrice et, par suite, la fécondité.
Les statistiques comportant le nombre total de juments saillies par les étalons des haras nationaux et des dépôts, montrent qu’ils ne parviennent qu’à féconder 48 à 50 % des juments qui leurs sont amenées. Cette proportion varie légèrement suivant les années, mais comme l’écart est faible (4 %), nous pouvons accepter 50 % comme la moyenne des produits.
Suivant les statistiques de la Commission royale des éleveurs de chevaux, on peut évaluer à 40 % environ les poulinières saillies en Angleterre qui demeurent stériles chaque année.
Les chiffres officiels ci-dessous, figurant dans le Stud Book français des chevaux de pur sang (Extrait du rapport du Directeur des Haras 1906) ne laissent aucun doute à ce sujet.
Sur 5.116 juments de pur sang destinées à la reproduction 2.135 étaient vides, soit 41,73 %.
La statistique publiée par la direction des haras en 1912, indique que sur 3.778 poulinières de pur sang, 2.112 ont eu des produits, 1.045 étant déclarées vides, soit près de 30 %.
Ces chiffres par leur éloquence montrent l’importance zooéconomique qu’il faut attacher au traitement préventif et curatif de la stérilité. Combien de sélections ont été retardées par l’infécondité de bonnes poulinières dont on espérait vainement une descendance améliorée! Que de mères de gagnants ont eu leur lignée interrompue par une malencontreuse stérilité ! Les annales sportives ne laissent aucun doute à ce sujet.
Nos recherches personnelles, nous permettent d’affirmer que la plupart des juments infécondes ne sont pas absolument stériles. On les répute telles que, parce que l’on n’est point parvenu à surmonter les obstacles ou les difficultés, souvent bien minimes, qu’elles présentent à la fécondation normale.