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II. Le sujet et ses traumatismes intimes Marianna Ucrìa, la femme à la « gorge de pierre »1
ОглавлениеMarie-Andrée Salanié-Beyries (Université Bordeaux Montaigne, EA 4593 CLARE)
C’est en Sicile, à Palerme et essentiellement à Bagheria, au XVIIIe siècle, quand la voix des hommes et le poids des mentalités contraignaient les femmes au silence de la soumission, que Dacia MarainiMaraini (Dacia), née à Fiesole en 1936, situe son roman, La lunga vita di Marianna UcrìaMaraini (Dacia), publié en 1990, traduit dans dix-huit pays dont la France où cette longue vie s’est, de façon inattendue, transformée en vie silencieuse2.
Au cours d’une interview que Dacia MarainiMaraini (Dacia) nous a accordée, lors d’une invitation à l’Université Michel de Montaigne Bordeaux 3, en mars 1999, nous avons appris que l’idée du roman était née, lors d’un de ses séjours à Bagheria dans la villa familiale (sa mère appartenait à la famillefamille aristocratique sicilienne des Alliata di Salaparuta), de la découverte du portrait d’une de ses lointaines aïeules, Marianna Alliata Valguarnera. Dans un récit autobiographiqueautobiographie intitulé Bagheria, publié en 1993, Dacia Maraini décrit ce portrait et rapporte, à son propos, une phrase empruntée à une de ses tantes qui écrivit l’histoire de la famille et qui donne cette précision à propos du portrait de Marianna : « Elle tient dans la main une feuille, car l’écriture était son unique moyen d’expression. Elle était surnommée “la muettemuet” »3.
C’est à partir de ces infimes détails que Dacia MarainiMaraini (Dacia) a fait naître le personnage de Marianna Ucrìa, personnage central d’un roman que l’on pourrait qualifier de polyphonique, dans lequel on entend la voix d’une narratrice « passeuse de voix », celle de la romancière sensible à la condition féminineféminisme et, en fond sonore, la voix de la Sicile.