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Le silence comme moyen d’expression dans La Rebelle d’Aïcha AboulAboul Nour (Aïcha) Nour et dans Perquisition ! Carnets intimes de Latifa ZayyatZayyat (Latifa)

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Aziza Awad (Université du Caire)

Au tournant du XXe siècle, on assiste en Égypte au développement d’une littéraire féminine cultivée : des auteures, souvent journalistes1, dont l’œuvre aspire à dessiner la « femme nouvelle », quittent alors l’espace privé et confiné du harem pour investir l’espace public et porter haut et fort des revendications sociales (féminismeféminisme, nationalisme) et culturelles, malgré les réticenceréticences séculaires et les résistancerésistances des milieux conservateurs. Ces auteures utilisent divers genres littéraires, comme le roman et la poésie, mais aussi l’essai ou l’écrit de recherche universitaire ; elles publient dans des périodiques, ou créent des revues pour s’exprimer. Elles mettent ainsi à l’épreuve les catégories opposant écriture dite féminine et écriture dite masculine. Elles contribuent également à élaborer une œuvre littéraire prenant en compte les traditiontraditions égyptiennes, mais proposant un renouvellement de la représentation de la femme et de la sociétésociété.

En rompant le silence, ces écrivaines se lancent dans une entreprise périlleuse : si la prise de parole féminine n’est jamais anodine, quelle que soit la sociétésociété dans laquelle les femmes évoluent, elle l’est encore moins dans la société égyptienne qui la considère comme indécente. Aussi s’installent-elles, malgré elles, dans une situation de provocation. L’accusation d’exhibitionnisme ou d’impudeur n’est jamais très loin quand la société fait de la réserve et de la retenue des notions survalorisées et, bien sûr, essentiellement féminines2.

Quoique cette littérature féministeféminisme rassemble une production très vaste, elle demeure mal connue à l’étrangerétranger ; en Égypte, elle est peu rééditée et peu lue de nos jours, alors même qu’elle jouissait au temps de sa sortie d’une véritable reconnaissance des lecteurs et des institutions littéraires. Notre travail consiste à donner voix à des écrivaines qui ont appelé aux droits des femmes, à la liberté d’exister et de s’exprimer en tant que personne à part entière. Nous nous pencherons particulièrement sur une nouvelle d’Aïcha AboulAboul Nour (Aïcha) Nour, intitulée La Rebelle3, et sur l’œuvre autobiographiqueautobiographique de Latifa ZayyatZayyat (Latifa), Perquisition ! Carnets intimes4. Ces deux exemples sont, à mon sens, très représentatifs d’une littérature féminine égyptienne qui remet en question les normenormes d’une sociétésociété patriarcalepatriarcat minimalisant et marginalisant la femme. Ce qui attire le plus l’attention, c’est la poétique novatrice d’un discours de nature contestataire. L’écriture, dans les deux cas, est marquée par une violenceviolence qui reflète un fort désir de dénoncer l’inégalité sociale. Le silence qui répond à cette violence devient un procédé pour contester l’injustice et libérer la sensibilité. Si le langage est un instrument de pouvoir, ces deux œuvres dévoilentdévoiler l’existence d’un nouveau moyen d’expression qui révèle la situation de femmes en conflitconflit avec le monde environnant.

La parole empêchée

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