Читать книгу L'Anjou, ses vignes et ses vins - Paul Maisonneuve - Страница 18
ОглавлениеLE CLIMAT DE L’ANJOU
«Pour ce qui est du climat, il m’a toujours paru que la zone moyenne et tempérée de la France avait une influence extraordinaire pour donner aux fruits sucrés leur perfection et leur finesse d’arome et de saveur.»
Dr GUYOT, Etude sur les Vignobles de France.
ON peut le caractériser en deux mots: il est doux et humide. L’Anjou, en effet, pays à faible relief, se trouve placé à la limite du climat boréal et.du climat méditerranéen. Les hivers n’y sont généralement pas très rigoureux; glaces et neiges s’y montrent peu durables: les étés, largement ensoleillés, y sont chauds, mais rarement brûlants pendant une longue période de jours. Le plus souvent d’ailleurs, des orages, en moyenne trente-cinq par an, accompagnés de pluies bienfaisantes, les tempèrent. L’automne y est souvent admirable et chaud.
Les vents d’Ouest et Sud-Ouest, qui viennent de l’Océan, dont nous ne sommes éloignés que d’une trentaine de lieues, y apportent une humidité assez grande, qui tempère à la fois la chaleur estivale et les froids de l’hiver. Les vents Sud-Nord-Ouest soufflent, en moyenne, 202 jours contre 163 du Nord-Sud-Est.
La température moyenne, d’après des relevés établis depuis 1889 jusqu’à 1921, est de 11°8, plus élevée, de quelques dixièmes, que celle des départements limitrophes, sauf la Loire-Inférieure.
Chose à noter, ce ne sont pas toujours les années où la température moyenne se trouve la plus élevée, que la vigne mûrit mieux ses fruits et donne le plus grand vin. Il faut surtout tenir compte de la répartition de la chaleur au cours de l’année, et de certains autres facteurs, comme le régime des pluies. C’est ainsi qu’en 1919, année de grand vin, la température moyenne a été de 11°5 seulement, et que 1900, autre année de grand vin, n’a eu qu’une moyenne de 11° ; tandis qu’en 1918, où le vin a été ordinaire, elle s’est élevée à 12°3, et en 1921, où le vin a été d’une qualité exceptionnelle, elle n’a atteint que 12°2.
Ce qui importe le plus, au point de vue de l’action de la température sur la vendange, c’est qu’elle reste élevée depuis le débourrage jusqu’à la maturité, et qu’il n’y ait pas de trop grands écarts entre la température nocturne et la température diurne; enfin, et ceci a une grande importance, que la chaleur se prolonge pendant tout le mois d’octobre, car c’est de ce mois que dépendent les grands vins dans notre région.
Il faut aussi, en ce qui concerne la bonne maturité du raisin, tenir compte de la nature du sol, une terre de couleur noire absorbant une quantité de chaleur plus considérable qu’une terre blanche, crayeuse, qui la renvoie plutôt qu’elle ne s’en pénètre. Les schistes des coteaux du Layon emmagasinent donc plus de calories que les terres blanches du Baugeois et en font bénéficier la vigne.
La pression barométrique moyenne est de 759 .
L’humidité, qui est en moyenne de 76, est plus grande que celle des départements limitrophes, à part la Loire-Inférieure.
La nébulosité étant comptée de 1 à 10, celle de l’Anjou atteint 5,6. Et à ce sujet il faut se souvenir que la luminosité, qui est l’état contraire, joue un très grand rôle dans la maturation des grappes.
Les pluies annuelles atteignent une hauteur totale de 585 %, bien inférieure, par conséquent, à la moyenne de la France, qui est de 770 environ; seulement, si les pluies sont chez nous moins abondantes en quantité, elles le sont plus en fréquence. Si l’on excepte quelques rares périodes de sécheresse, les pluies sont suffisantes pour les besoins de la terre angevine, laquelle est en outre arrosée par de nombreuses rivières, surtout dans sa moitié septentrionale, où elles forment comme un large éventail.
Le raisin demandant pour mûrir 2.800 calories, nous atteignons assez généralement ce chiffre et le dépassons souvent.
En somme, l’Anjou est situé à la limite de la région où la vigne peut normalement mûrir ses fruits. Ajoutons qu’il possède de nombreux coteaux, dont le plus élevé atteint 195 mètres, mais qui, pour la plupart, s’échelonnent entre 50 et 100 mètres. Ceux dont la pente est tournée vers le midi, et ils sont nombreux, offrent une exposition admirable à la vigne, qui y atteint sa parfaite maturité et souvent y acquiert une surmaturation, qui donne des vins d’une finesse et d’un bouquet incomparables.