Читать книгу L'Anjou, ses vignes et ses vins - Paul Maisonneuve - Страница 3

INTRODUCTION

Оглавление

Table des matières

L’Anjou, ses Vignes et ses Vins, est un monument élevé à la gloire de l’une de nos plus belles régions viticoles de France par l’un de ceux qui la connaissent le mieux et qui l’ont le plus aimée. M. le Dr Maisonneuve a traduit, par ce livre si spécial et si original, la pensée de la longue lignée des dévouements angevins à cette belle terre de France, qui épanouit, à l’extrême nord du vignoble, le dernier reflet harmonieux de ses merveilleux vins, dont elle disperse si généreusement la gamme incomparable à travers tout notre pays.

Le vignoble français a été monographié, pour ses grands vins, par des ouvrages de valeur: Bordeaux, Bourgogne, Champagne, Beaujolais, Cognac, Touraine, Lorraine, Alsace... et maints crus moins étendus: Frontignan, Banyuls, Gaillac, Limoux, Bergerac... sont décrits dans leur histoire, leurs méthodes culturales, leur vinification, la géographie détailllée de leurs produits caractéristiques, leurs cépages. La monographie du vignoble angevin manquait à notre littérature viticole, M. le Dr Maisonneuve vient de combler la lacune et d’écrire une nouvelle page à la gloire des grands vins de France.

Certes, de nombreux travaux ou des articles de valeur ont fait connaître les vins d’Anjou et de Saumur; tels ceux de Bouchard, de Deperrière, du Dr Bury, de Courtiller, de Jules Guyot et de bien d’autres viticulteurs angevins: Dr Peton, de Dreux-Brézé, de Grandmaison, Moreau et Vinet, Cristal..., tous noms que je me plais à rappeler à la reconnaissance des viticulteurs de Maine-et-Loire, travaux et articles qui ont maintenu, auprès de l’opinion publique mondiale, la légitime renommée des grands vins blancs de l’Anjou et du Saumurois et ont permis que ne fut jamais ternie ni oubliée l’ancienne réputation de ces grands vins, que nos anciens navigateurs avaient fait connaître, aux siècles passés, dans les régions les plus septentrionales du continent européen.

Le viticulteur angevin fut toujours un pionnier en tous progrès viticoles et œnologiques. Je me plais à rappeler qu’il fut souvent un précurseur dans les questions culturales, vinifères ou économiques qui préoccupèrent, dès la première crise de l’oïdium, la viticulture française.

La mission viticole faite en Maine-et-Loire par Jules Guyot en 1865 fut une des premières réalisées dans le vignoble français. La création de la belle Collection ampélographique établie au Jardin des Récollets, à Saumur, fut longtemps unique en France et fut la source de bien des travaux remarquables sur les cépages, édifiés par leurs directeurs: Courtiller, Dr Bury, Deperrière, Dr Maisonneuve et par Bouchard.

La lutte phylloxérique et la reconstitution du vignoble anéanti par l’insecte fut conduite dans le département avec une méthode et une ténacité remarquables. L’esprit décisif et pratique du vigneron angevin fut vite orienté vers l’emploi des porte-greffes résistants et adaptés au sol. C’est en Maine-et-Loire que fut conçue et organisée la première mission, en 1890, pour l’étude sur place des terrains en vue de l’adaptation et du choix des divers porte-greffes, d’après une méthode que suivirent, ultérieurement, les autres nombreux départements qui, sur l’exemple du Maine-et-Loire, procédèrent à une semblable étude pratique. J’ai plaisir à me rappeler, 35 ans après, l’attention soutenue des nombreux vignerons qui venaient, partout très nombreux, suivre notre mission et écouter nos instructions et nos démonstrations sur le terrain; combien nombreux et attentifs étaient-ils aussi dans les Conférences générales qui étaient données dans les centres viticoles! C’est un des souvenirs les plus marquants de ma carrière viticole, et que j’aime le mieux à me rappeler. C’est peut-être dans l’Anjou que j’ai trouvé et gardé le plus d’amitiés fidèles et reconnaissantes; elles constituent pour moi une des plus douces récompenses pour l’effort accompli. La reconstitution fut incontestablement conduite par le Maine-et-Loire avec le plus de rapidité et aussi avec la meilleure orientation pour le choix des porte-greffes.

Le maintien de la renommée si justifiée des vins d’Anjou a été grandement favorisée par l’initiative et la persévérance des viticulteurs du département. La Société Industrielle et Agricole d’Angers a eu des Présidents remarquables qui s’y sont toujours consacrés de tout leur dévouement. C’est en Anjou qu’a été organisée une des premières Foires des Vins, où le commerce vient constater la haute valeur des divers produits du vignoble. C’est l’Anjou qui donne le plus d’éclat, depuis 1900 et, avec un succès toujours croissant à cette manifestation annuelle, qui dépasse en importance et en intérêt, toutes les autres Foires aux Vins de France.

Le viticulteur angevin, fin et avisé, a su, en outre, faire prendre aux consommateurs parisiens le goût des vins fruités de son vignoble et imposer, à juste raison, ses marques, par une propagande habile et incessante auprès du commerce de la Capitale; certains restaurants, et non des moins renommés, ont tenu ainsi à avoir une spécialité des vins des rives du Layon et des coteaux de Savennières.

Cette estime, dont jouissent dans la Capitale, les vins du Maine-et-Loire est pleinement justifiée par leurs caractéristiques si spéciales, qu’on ne retrouve dans aucun autre grand vin français. Leur jolie couleur vert-doré dans le Saumurois et le Baugeois ou ambrée sur les coteaux du Layon, leur goût incomparable de fruité, leur chair, et leur bouquet complexe, dégagés et étalés dans toute leur gamme en «queue de paon», — comme l’exprimait si à propos Bouchard, — sont bien propres aux vins des calcaires turoniens, du haut Anjou, et surtout des sols de schistes, zonés de serpentine, qui forment la base silurienne des vignobles du bas Anjou. Ces grands vins trouvent leur plus haute expression de qualité dans les noms, aussi renommés que ceux des plus grands vins français, de la fameuse Coulée de Serrant, de la Roche aux Moines et des divers vignobles fameux de tous les coteaux des bords du Layon, où les vignes absorbent la douce lumière et la chaleur d’un soleil tempéré, qu’elles concentrent lentement dans les fruits de leurs cépages aussi caractéristiques que les vins qu’ils produisent.

L’Ampélographie des vignobles de l’Anjou est une de celles qui, en France, a été le mieux et le plus vite connue, grâce aux travaux de Bouchard, de Courtiller, du Dr Bury... L’histoire et la monographie de ces cépages (Chenins divers, Groslot de Cinq-Mars, Verdelho, Pinot noir...) ont été tracés de main de maître, surtout par Bouchard. Le vigneron les a toujours sélectionnés avec une minutieuse attention. Le Maine-et-Loire a eu la bonne fortune d’avoir des hommes passionnés de sa viticulture et de ses vins. La vinification du vin d’Anjou a trouvé encore dans les Moreau et Vinet des conseillers scientifiques et à sens pratique, dans les négociants des vins mousseux de Saumur des compétences précieuses, dans les viticulteurs comme: Cristal, Dreux-Brézé, Grand-maison... des initiateurs et des guides utiles.

C’est cet ensemble remarquable de traditions, de compétences et de dévouements à la cause du vignoble et du vin d’Anjou que traduit M. le Dr Maisonneuve dans son beau livre l’Anjou, ses Vignes et ses Vins, livre qui lui fait honneur et qui fait honneur aussi, par sa belle et luxueuse édition, à la librairie française.

Les viticulteurs angevins lui garderont une grande reconnaissance pour l’effort qu’il vient ainsi d’accomplir pour la plus grande gloire et la plus grande renommée de leur viticulture et de leurs grands vins inimitables, qui sont l’un des beaux fleurons de la couronne viticole de France.

Que dirai-je du livre. si superbement illustré ! A chaque page le lecteur appréciera la compétence et la conscience de l’auteur. Aucun des points relatifs à l’histoire, à la culture, à la vinification n’ont été négligés; ils sont tous nettement et clairement exposés. Cette belle monographie mérite tous éloges.

Je me fais un plaisir et un devoir d’exprimer au Dr Maisonneuve toutes mes félicitations pour l’œuvre qu’il vient d’accomplir et qui honore son auteur et tout l’Anjou viticole.

Pierre VIALA,

Président de l’Académie d’Agriculture.

Inspecteur général de la viticulture,

Membre de l’Institut,

L'Anjou, ses vignes et ses vins

Подняться наверх