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DEGRÉ DE CIVILISATION DES ARYAS.
ОглавлениеIII. Bien plus intéressante que la recherche du siège originaire du peuple aryen, est la détermination de son degré de civilisation, de ses institutions extérieures et de ses idées morales. Je ne partage point l’opinion très répandue qui reconnaît au peuple père, sous le rapport tant technique qu’intellectuel et moral, un haut degré de développement. Il aurait déjà connu l’agriculture, aurait su travailler les métaux, aurait vécu dans des villes et dépassé de loin tous les autres peuples sous le rapport moral — toutes choses qu’un examen plus attentif fait trouver fausses. La préoccupation de donner aux Européens les ancêtres les plus dignes, paraît avoir influencé les idées de maint auteur: c’est du chauvinisme scientifique. Je me rallie avec pleine conviction à la contradiction qui y a été opposée d’autre part, en particulier par VICTOR HEHN, et je crois pouvoir la justifier encore mieux par quelques considérations entièrement nouvelles.
Il y a un seul point où le peuple père fait preuve d’un degré de culture intellectuelle qui excite toute notre admiration, c’est sa langue, de l’avis des savants en linguistique, la plus hautement développée de toutes celles que nous connaissons . La haute intelligence du peuple dont la philosophie indienne à la période védique et la poésie de l’époque suivante sont des témoignages éclatants se trouve ainsi mise à l’abri de tout doute. Il est d’autant plus étrange que dans les choses pratiques il ait pu rester si extraordinairement en arrière. Sous ce rapport les Sémites et les Égyptiens lui étaient de beaucoup supérieurs. A une époque où ces peuples avaient déjà derrière eux un brillant passé de civilisaion, les Aryas étaient encore dans leurs villages, ne connaissant ni villes, ni agriculture, ignorant la technique de la métallurgie et ses applications au monnayage. Privés de relations commerciales, d’institutions juridiques perfectionnées, ils ne trouvaient pas même dans leur langue une appellation pour le droit. La mer qui aurait pu les mettre en contact avec des peuples étrangers plus avancés dans la voie du progrès, ils ne l’avaient pas encore vue, dans l’opinion que je tiens pour vraie. Conclure de ce qu’ils avaient des vaisseaux ou plutôt des barques ou bateaux, qu’ils connaissaient la mer, c’est aller trop vite, car cela se concilie avec la simple navigation en rivière. La nature avait refusé aux Aryas, dans le pays de montagnes qu’ils habitaient, les puissants fleuves, tels que l’Euphrate et le Tigre, qui devinrent pour les Babyloniens les artères vitales des relations les plus étendues.
Je résume ici les caractéristiques sociales du peuple père, telles que je compte les tracer dans la suite.
1. Le peuple père ne connaissait point d’agriculture.
2. C’était un peuple pasteur,
3. un peuple sédentaire et très nombreux.
4. Il n’avait point de villes.
5. Il ne connaissait point le travail des métaux.
6. Par rapport aux institutions juridiques, il occupait un rang très inférieur.