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3. LE PEUPLE ÉTAIT SÉDENTAIRE ET TRÈS NOMBREUX.

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VI. Laissons de côté pour le moment la question de savoir si le peuple était sédentaire; en tout cas il doit avoir été très nombreux. Il y a pour l’établir trois raisons:

1. D’abord l’argument tiré de la langue. La perfection de celle-ci indique un peuple vivant depuis plusieurs milliers d’années (p. 23). Avec la fécondité de tous les peuples primitifs il doit pendant ce laps de temps s’être fort augmenté, et comme un peuple pasteur a besoin pour exister d’une aire bien plus grande qu’un peuple agriculteur (au moins décuple) il doit aussi avoir occupé une superficie très étendue. Que la langue ait néanmoins pu maintenir son unité, cela n’a rien d’étonnant en présence des analogies que nous offre l’histoire, p. ex. la langue arabe. Au surplus, d’après quelques sanscritistes nouveaux il se serait déjà formé chez le peuple père aryen, dans sa mère patrie, plusieurs idiomes.

2. Ensuite l’argument tiré de la composition du peuple. Il se décomposait, comme les Germains à l’époque de Tacite, en plusieurs tribus politiquement indépendantes, non unies par un lien supérieur et divisées en clans subdivisés à leur tour en villages. Cela nous offre le tableau d’un peuple très nombreux s’étendant sur un vaste espace.

3. Enfin l’argument tiré de la force numérique du peuple fils. L’excédent de population qui se sépara du peuple père lors de l’exode des Indo-européens doit avoir été très important, sinon ceux-ci n’auraient pu rester victorieux dans leur longue marche vers l’Europe, et renverser devant eux toutes les résistances. Ce n’était point un ruisseau, mais un fleuve impétueux, qui rompait les digues et roulait au loin ses flots dévastateurs.

Ce départ de l’excédent de la population ne fut pas le seul; la langue nous en renseigne un autre: la séparation de la tribu éranienne (Perses, Arméniens, etc.) du peuple père. Celui-ci resta néanmoins encore assez nombreux et puissant pour inonder les Indes.

A l’époque de la séparation des Indo-européens, le peuple père aryen doit avoir compté des milliers d’individus. Or s’il en était ainsi ce ne peut avoir été qu’un peuple sédentaire. Un peuple qui compte des millions d’individus, ou même seulement plusieurs centaines de mille, ne peut être nomade; il suffit de se le représenter pour se convaincre de l’impossibilité. Un peuple entier peut se mettre en mouvement pour chercher de nouvelles habitations, ainsi que l’ont fait tant de peuples, mais pareil exode d’un peuple tout entier se faisant en un coup, n’a rien de commun avec l’état nomade d’une tribu de pâtres, lequel consiste dans le changement périodique des lieux de pâturage. Le nomade ne connaît point de patrie, il migre sans patrie d’un endroit à un autre. Seul un peuple sédentaire possède une patrie, et lorsqu’il l’abandonne, c’est pour en acquérir une meilleure, à la place de l’ancienne qui ne lui plaît plus; il part non pour migrer comme le pâtre, mais pour émigrer.

Les Indo-Européens avant l'histoire

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