Читать книгу Les Indo-Européens avant l'histoire - Rudolf von Jhering - Страница 17
4. LE PEUPLE PÈRE NE CONNAISSAIT NI VILLES NI MAISONS DE PIERRE.
ОглавлениеVII. La tendance des indologues à attribuer au peuple père le plus haut degré possible de civilisation, l’a aussi fait doter de villes. Je me rallie avec pleine conviction à la contradiction récemment élevée contre cette hypothèse . Cette contradiction se base d’abord sur le fait que les Germains, à l’époque de Tacite, et les Slaves jusque dans les temps historiques, ne connaissaient pas encore de villes. Il est inadmissible qu’un progrès aussi important que celui qu’atteste la fondation de villes (§ 21) ait jamais été perdu par un peuple qui l’a acquis. Le peuple père ne peut donc pas avoir possédé des villes, sinon nous en verrions chez les Germains et chez les Slaves à l’époque historique. Pour les Grecs, les Romains, les Celtes, la connaissance de la construction des villes ne résulte que de leur contact avec des peuples plus avancés. La deuxième raison invoquée par l’auteur cité est que dans les chants du Rigveda on ne trouve nulle part avec quelque certitude le nom d’une ville.
Comme troisième raison, j’ajouterai un argument linguistique; j’ignore s’il n’a pas déjà été produit par d’autres. A l’époque de la séparation des Indo-européens, le mot pour désigner la ville était encore inconnu du peuple père. Le sanscrit vastu qui s’est conservé dans le grec ἄστυ signifiait simplement endroit, demeure; le nom désignant la ville apparaît pour la première fois dans les langues particulières indo-germaniques, et la circonstance que dans chacune d’elles il est différent et se base sur une idée complètement distincte, montre que les Indo-européens n’ont appris à connaître les villes qu’après s’être dispersés. Le pâtre doit demeurer dans le voisinage de ses troupeaux et de ses pâtures, ce qui ne permet point la vie en commun de beaucoup de pâtres dans une seule et même ville; l’éloignement des pâtures et des troupeaux serait trop grand.
Le peuple père n’a connu que le village (grâma) et non la ville. Il ignorait aussi la maison de pierre, et demeurait dans des huttes ou des tentes, pouvant facilement se démonter et se déplacer. A l’époque historique, les Germains les transportent encore avec eux sur leurs chars à bœufs. Cela est si bien établi par les recherches d’autres auteurs que je puis me borner à y renvoyer .