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5. LE PEUPLE PÈRE NE CONNAISSAIT PAS ENCORE LE TRAVAIL DES MÉTAUX.

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VIII. Le métal même (principalement le cuivre, ayas), à l’exclusion du fer, lui était sans doute déjà connu, comme le prouve la langue, mais en conclure qu’il en connaissait le travail est tout aussi risqué que de conclure de la connaissance des céréales à celle de l’agriculture.

Aucun peuple indo-européen n’a conservé aussi fidèlement que les Romains les institutions du temps passé. Complètement disparues depuis longtemps de la vie pratique, elles se survivent comme actes solennels. Pour l’historien, ces vestiges des temps primitifs ont la même valeur inestimable que pour le paléontologue les débris fossiles conservés dans le sein de la terre; ils lui donnent des renseignements sur une époque que nulle tradition historique n’éclaire. Nous les rencontrerons encore souvent. Ici ils nous prouveront que la connaissance du métal était inconnue à l’époque primitive.

A une époque où l’on connaissait depuis longtemps à Rome les lances avec pointe en fer, le fécial, dans la déclaration de guerre solennelle au moyen du jet de la lance sur le sol ennemi, dut pendant des siècles encore se servir de la hasta praeusta. C’était une lance entièrement en bois, dont la pointe avait été durcie au feu et puis trempée dans le sang. Même chose pour la hasta pura qui était donnée comme récompense de la bravoure, et pour la festuca dans la procédure de revendication. L’usage ne s’explique pas autrement qu’en admettant que la lance à pointe de fer n’était pas encore connue à l’époque de la migration.

Pour sacrifier l’animal offert en holocauste lors de la conclusion d’un traité international, le fécial ne pouvait se servir que de la hache en silex. Dans la vie, la hache et le couteau de fer avaient depuis longtemps mis hors d’usage les instruments de pierre, mais ils ne pouvaient être employés dans cet acte, qui devait s’accomplir comme on était accoutumé depuis les temps primitifs. Au pons sublicius confié à la garde des pontifes, il ne pouvait y avoir des clous de fer, mais seulement des clous de bois; comme pour les féciaux, l’usage de l’époque primitive était la règle pour les pontifes. Il en était de même de la vestale. Lorsque au commencement d’une année nouvelle, le feu du temple de Vesta devait être éteint et remplacé par un feu nouveau, ou lorsqu’elle devait rallumer le foyer éteint par sa négligence, elle ne pouvait se servir de fer ni de pierre, mais seulement d’un bois facilement inflammable (materia felix) par la rotation (terebratio) d’un bois dur. Cette opération devait se faire non dans le temple même, mais seulement à l’air libre comme à l’époque de la migration, et le feu devait ensuite être porté au temple dans un crible d’airain. La peine de mort infligée à une personne ecclésiastique, ne s’exécutait point au moyen de la hache hache de fer, mais comme à l’époque primitive, au moyen de la flagellation.

Les assemblées du peuple réunies par les pontifes étaient convoquées verbalement (comitia calata); pour celles réunies par les magistrats, l’appel était fait au moyen de sonneries de cors. Nous établirons plus loin qu’à l’époque de la migration le rassemblement des troupeaux et les commandements dans la bataille se faisaient de vive voix, d’où il résulte que l’usage d’instruments en métal pour donner les signaux militaires était inconnu au peuple migrateur, nouvelle preuve que le peuple père n’était pas au courant du travail des métaux dans un but technique.

Partout donc, pour les actes religieux, le clergé répudiait radicalement le fer. Le même fait se rencontre chez les Juifs. Connaissant depuis longtemps les couteaux et les outils en fer, ils en prohibaient l’usage dans la circoncision et dans l’érection de l’autel de pierre. On devait, à cet effet, se servir, comme à l’époque primitive, du silex aiguisé. Inutile de dire que l’exclusion du fer dans tous ces cas ne peut être basée sur une idée religieuse. Cette idée ne pourrait être que l’aversion des dieux pour l’emploi du fer, alors qu’il y avait un dieu du fer: Vulcain. Il ne reste donc que la raison historique, à savoir que l’on ne connaissait pas le fer à l’époque primitive et que même après sa découverte on s’en tint à l’usage ancien pour les actes religieux. De nos jours on conserve les cierges pour éclairer les églises, au lieu d’employer le gaz.

Ces attestations puisées dans l’antiquité romaine, prouvent que le peuple père ne savait pas forger le fer. S’il ne s’était agi que de ce fait, j’aurais pu me dispenser de le prouver, car il est établi par des attestations linguistiques que le fer n’a été connu du peuple père qu’à la période védique . Mais je ne les ai rassemblées que pour en conclure que même le travail du cuivre dans un but technique était inconnu. Si les Aryas l’avaient connu, ils se seraient servis de cuivre, faute de fer, pour confectionner des clous et des armes, comme d’autres peuples, tels que les Juifs et les Perses avant l’âge du fer. La hasta praeusta et pura, les clous de bois du pons sublicius prouvent à toute évidence qu’ils ne l’ont point fait.

On trouve, il est vrai, dans l’antiquité romaine, un exemple de l’emploi de l’airain pour un ustensile de ménage, c’était le crible d’airain (cribrum aeneum) dans lequel la vierge vestale apportait au temple de la déesse le feu nouvellement allumé (v. plus haut), tandis que pour faire la cuisine elle devait se servir de vases d’argile (FESTUS, épit. Mûries, p. 159: in ollam fictilem conjectum), mais de là résulte seulement que le travail du cuivre remonte à une époque très reculée et non que l’on peut déjà l’attribuer au peuple père aryen.

Le monnayage de l’airain (aes) ne date, comme on le sait, chez les Romains, que de la fin de la période de la royauté ; à l’époque ancienne, on pesait le métal (aes rude), et les artisans en airain (fabri aerarii et ferrarii) de l’armée romaine ne datent pareillement que de la constitution militaire de Servius Tullius.

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