Читать книгу Armand de Pontmartin, sa vie et ses oeuvres, 1811-1890 - Edmond Biré - Страница 13
III
ОглавлениеAu mois d’octobre 1827, il entra en rhétorique où il retrouva, comme professeur de rhétorique latine, son professeur de seconde, M. Vendel-Heyl. Le professeur de rhétorique française était M. Charles Alexandre[29], plus tard membre de l’Institut, helléniste de premier ordre et bon latiniste. Les deux professeurs d’histoire étaient également deux hommes d’un réel talent, M. Dumont et M. Charles Durozoir: le premier, auteur d’une bonne Histoire romaine, et le second, collaborateur très actif de la Biographie universelle de Michaud.
Les vacances de 1828 procurèrent à Pontmartin une grande joie, le retour aux Angles après trois ans d’absence.
En 1828-1829, il fit sa philosophie avec M. Valette pour professeur. Afin de compléter et de rectifier au besoin les leçons du collège, ses parents lui avaient donné pour répétiteur M. Michelle, lui-même professeur de philosophie à Stanislas, fervent chrétien et membre de la Congrégation.
Jusqu’à la fin, il avait été sans conteste l’élève le plus brillant de Saint-Louis. Dans les années 1826, 1827, 1828 et 1829, le collège Saint-Louis a remporté vingt prix au concours général. Armand de Pontmartin en a eu, à lui seul, plus du tiers: deux en 1826, deux en 1827, deux en 1828, un en 1829. Il obtint, en troisième (1826), le premier prix de vers latins et le second prix de version grecque:—en seconde (1827), le premier prix de narration latine et le second prix de version latine;—en rhétorique (1828), le premier prix de discours français et le second prix de version latine; en philosophie (1829), le second prix de dissertation latine. A ces sept prix se venaient ajouter une douzaine d’accessits. Dix-neuf nominations au concours général, le cas assurément était rare. Dans la bibliothèque de sa maison des Angles, Pontmartin avait conservé ses volumes de prix; il y en a cent soixante-quatre; cent un obtenus au collège, soixante-trois au concours général. Au nombre de ces derniers, et parmi ceux qu’il a le plus souvent feuilletés, je remarque les volumes de critique de l’abbé de Féletz[30], de l’Académie française. Les maîtres de Pontmartin prévoyaient-ils qu’un jour, avec plus d’esprit encore et avec un bien autre éclat que le très spirituel abbé, il ferait à son tour des Causeries littéraires, qui resteront les chefs-d’œuvre du genre?
Ses succès étaient d’autant plus remarquables que le surmenage n’y était pour rien. L’élève Pontmartin n’était pas ce que, dans le langage des écoles, on appelle une bête à concours; il était externe libre, et nous verrons tout à l’heure que déjà il allait dans le monde et fréquentait quelques salons où les lettres étaient en honneur. Il soignait sa toilette,—ce qu’il sera loin de faire plus tard, et le mardi, jour de composition, il éblouissait les internes par l’élégance et l’éclat de ses bottes. En rien il ne ressemblait à ces piocheurs que les chefs d’institution chauffent en vue du concours général et qui sont voués à une ou deux spécialités. Il n’était pas seulement un fort en thème, il était fort en tout, en discours français et en version latine, en thème latin et en version grecque, en vers latins, en discours latin et en dissertation française; soit au collège, soit au concours général, il a remporté des prix dans toutes les facultés latines, grecques et françaises. Sainte-Beuve, si exact d’ordinaire, s’est donc trompé lorsque, dans ses Nouveaux Lundis, il a écrit que Pontmartin péchait par le manque d’études premières; que, chez lui, le fonds classique était faible et insuffisant. «Il cite sobrement du latin, dit-il, quelquefois de l’Horace; mais aux moindres citations, pour peu qu’on en fasse, le bout de l’oreille s’aperçoit; quand il cite le vers: Urit enim fulgore suo..., il oublie l’enim: par où je soupçonne qu’il ne scande pas très couramment les vers latins. Un jour, à une fin de chronique littéraire[31], parlant de la Dame aux Camélias et lui opposant la vertu des bourgeoises et des chastes Lucrèce, il a dit: DOMUM mansit, lanam fecit; d’où je conclus qu’au collège il était plus fort en discours qu’en thème[32].» La vérité, au contraire, est que Pontmartin, écolier, avait réussi de façon peu commune dans les facultés latines. Le hasard fait que j’ai ici, sous la main, à la campagne, les Annales des concours généraux pour la classe de troisième. L’invasion de la Grèce par les armées de Xerxès, Athènes menacée par les Perses et sauvée par Minerve, Pallas Athenarum servatrix, telle était en 1826 la matière à mettre en vers latins. Pontmartin eut le premier prix. Hélas! quarante-quatre ans plus tard, lorsque les armées allemandes se sont, à flots pressés, précipitées sur la moderne Athènes,—où Minerve était représentée par Jules Favre,—le vieux critique aurait pu murmurer les vers de l’élève de Saint-Louis:
Adsit, et insultet patriis jam mœnibus hostis Barbarus; ingenuâ se jactet servus in urbe. Vos tamen, o cives, nunquam cognata relinquet Libertas, inter bellique fugæque labores, Vobis libertas vultu arridebit amico... Tuque, novo splendore nitens rediviva resurge. O dilecta Diis! ô patria[33]!...