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Armand de Pontmartin n’a jamais voulu être autre chose qu’un écrivain, un homme de lettres. Rien ne lui était plus déplaisant que de s’entendre appeler Monsieur le Comte! Démocrate, il ne l’était guère; cela ne l’empêchait pas d’avoir en horreur les généalogies et tout ce qui ressemblait à des préoccupations aristocratiques. Que de fois il s’est égayé à propos d’écrivains-gentilshommes qui, dans leurs Mémoires, commencent par déclarer avec fracas qu’ils n’admettent d’autre distinction que celles de l’intelligence, et qui, ensuite, ne nous font grâce, ni d’un quartier, ni d’un détail héraldique! Le jour où, sur mes instances, il consentit enfin à écrire ses Mémoires, ses souvenirs d’enfance et de jeunesse, il évita soigneusement de parler de ses ancêtres; des origines et de l’ancienneté de sa famille, il ne dit pas un mot. Je n’ai pas le droit d’être aussi discret que lui. Le premier devoir d’un biographe est de replacer dans son milieu celui dont il écrit la vie, de faire connaître ses parents, de remonter au moins à deux ou trois générations en arrière.

Le nom patronymique des Pontmartin est Ferrar et se montre d’abord à Avignon sous Henri IV. Les Ferrar étaient sans doute d’origine italienne, comme tant d’autres familles avignonnaises; ce qui le ferait croire, c’est cette orthographe d’un nom en ar sans autre consonne finale, qui semble une transcription littérale du nom italien Ferrari. Sous Louis XIII, un Ferrar va d’Avignon s’établir à Montpellier, où il acquiert le titre et remplit les fonctions de Conseiller à la Cour des comptes, aides et finances de cette ville. Cet office devint héréditaire dans la famille et se transmit d’aîné en aîné jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. La branche aînée possédait aussi le domaine de Pontmartin[2], acquis en 1625.

Suivant l’usage des familles parlementaires, les aînés, tout en possédant ce domaine, érigé pour eux en seigneurie en 1644, n’en portaient pas le nom et s’appelaient Messieurs de Ferrar; ils laissaient prendre ce nom à leurs cadets, dépourvus de tout apanage. Un de ces conseillers, Antoine, traduisit, non sans succès, la Jérusalem délivrée, du Tasse, ce qui lui a valu de figurer dans la Biographie universelle de Michaud[3]. La branche aînée s’éteignit à l’époque de la Révolution et les trois filles du dernier représentant de cette branche vendirent au père de l’écrivain, en 1813, le domaine de Pontmartin.

Tandis que les aînés conservaient avec soin leur office de judicature, les cadets se tournaient du côté des armes. Le traducteur du Tasse avait un frère officier. Un autre de ses frères, son successeur dans sa charge (car lui-même mourut sans être marié), eut deux fils officiers, outre l’aîné qui, bien entendu, se réserva pour la magistrature. L’un devint général au service de l’Espagne et mourut, vers 1750, gouverneur de Lérida. L’autre, Antoine, qui porta toujours le double nom de Ferrar de Pontmartin, fit la campagne d’Espagne sous le Régent comme capitaine au régiment de Rouergue: forcé par une blessure de quitter le service actif, il fut nommé directeur général des fortifications du Roussillon. Il mourut à Perpignan, en 1748, laissant un fils âgé de quatre ans, Joseph-Antoine. Sa veuve n’eut pour toute ressource qu’une pension de deux cents livres et traversa quelques années de cruelle misère; mais en 1753 elle eut le bonheur de faire admettre son fils à l’École militaire, récemment fondée à Paris. Joseph-Antoine (ce fut le grand-père d’Armand de Pontmartin) eut une carrière militaire extrêmement brillante. C’était un homme superbe, un cavalier incomparable, dont il est fait mention dans plusieurs ouvrages du temps. Sorti de l’école à seize ans, en 1760, il fit les dernières campagnes de la guerre de Sept Ans. Son avancement fut rapide. Il était en 1780 mestre de camp commandant le régiment Commissaire-général-cavalerie, chevalier de Saint-Louis, titré de comte dans ses brevets. Lieutenant des gardes du corps en 1784, il n’avait que quarante-cinq ans en 1789 et pouvait espérer arriver plus haut. La Révolution brisa sa carrière. Il devait devenir plus tard maréchal de camp, mais seulement en 1798, pendant l’émigration, et en vertu d’un brevet daté de Blankenbourg et signé par le roi de France en exil.

En 1781, son grade de mestre de camp, et peut-être aussi sa belle prestance lui avaient valu de faire un mariage qui, de la situation d’officier sans fortune, l’avait fait passer à celle de grand propriétaire. Il avait épousé, le 20 mars 1781, dans l’église du village des Angles[4], Jeanne-Thérèse Calvet des Angles, d’une famille de bonne bourgeoisie avignonnaise; son père était capitaine au régiment de Guienne et chevalier de Saint-Louis; sa mère était fille d’un bâtonnier des avocats au Parlement de Paris. Elle était l’héritière du domaine des Angles et même de la seigneurie de ce nom, acquise par son oncle, l’homme important de la famille, Monsieur des Angles, comme on l’appelle, celui qui bâtit la maison où a vécu et où est mort Armand de Pontmartin.

Elle eut deux fils, Joseph, né le 12 janvier 1782, et Eugène, né le 6 février 1783. Devenus presque aussitôt orphelins, Mme de Pontmartin étant morte à vingt-sept ans des suites de sa seconde couche; privés de la présence de leur père que sa carrière retenait dans de lointaines garnisons, Valenciennes d’abord, puis Versailles, les deux enfants trouvèrent une seconde mère dans une cousine de celle qu’ils avaient perdue, personne d’une exquise bonté, qui se dévoua à eux et ne les quitta plus.

Armand de Pontmartin, sa vie et ses oeuvres, 1811-1890

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