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II

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Pour un jeune homme épris de l’amour des lettres, pour le lauréat du collège Saint-Louis et du concours général, quelles fêtes que ces matinées de la Sorbonne et quelles fêtes aussi au dehors! Partout, dans la poésie, dans le roman, dans les arts, à la tribune comme au théâtre, c’est un renouveau merveilleux, «le plus beau comme le plus hardi mouvement intellectuel qu’aucun de nos siècles ait encore vu[43].»—«Allons-nous donc, écrit Jules Janin, allons-nous donc avoir le siècle de Charles X, comme nous avons eu le siècle de Louis XIV[44]?» Hélas! Charles X va tomber; il va reprendre le chemin de l’exil. Mais il semble que, à cette heure suprême, les chefs-d’œuvre veuillent se presser sur ses pas pour lui former un cortège digne de cette maison de Bourbon, qui a fait la France. Au dernier Salon de peinture de la Restauration, les plus grands noms de l’art au XIXe siècle se donnent rendez-vous. Parmi les peintres, Ingres, Eugène Delacroix, Paul Delaroche, Léopold Robert, le baron Gérard, Eugène Devéria, Isabey, Schnetz, Horace Vernet, Gudin, Heim, Sigalon, Brascassat, Paul Huet, Bonington, Granet, Ary Scheffer. Parmi les statuaires, Dumont, Cortot, Pradier, David d’Angers, Foyatier, Rude, Nanteuil et Bosio. Du mois de juillet 1829, au mois d’août 1830, pendant cette dernière année de la Restauration, qui fut précisément la première année de droit de Pontmartin, Rossini fait représenter Guillaume Tell, et Auber Fra Diavolo; Victor Hugo et Alfred de Vigny donnent au Théâtre-Français Hernani et le More de Venise[45], Alfred de Musset publie les Contes d’Espagne et d’Italie, Sainte-Beuve les Consolations, Lamartine les Harmonies, Théophile Gautier ses premières Poésies[46]. Après s’être essayé sous les pseudonymes d’Horace de Saint-Aubin, de Viellerglé de Saint-Alme et de lord R’hoone, Balzac, entré en pleine possession de son talent, écrit les Scènes de la vie privée[47], tandis que Prosper Mérimée, après avoir fait paraître, au mois de mars 1829, la Chronique du règne de Charles IX, compose ces nouvelles qui sont restées ses œuvres les plus achevées, la Partie de trictrac, le Vase étrusque et l’Enlèvement de la Redoute. En même temps que Guizot, Villemain et Victor Cousin professent à la Sorbonne, Cuvier, après quinze ans de silence, reprend son cours au Collège de France. Berryer prononce son premier discours parlementaire, Montalembert écrit son premier article.

Chaque matin, sans y manquer jamais, Pontmartin allait bouquiner, sous les galeries de l’Odéon, chez son voisin le libraire Masgana, sûr d’y trouver le chef-d’œuvre du jour, en attendant celui du lendemain. Comme sa bourse d’étudiant était bien garnie, il achetait le volume et, sans perdre une heure, il allait le lire, l’hiver dans sa chambre de la rue de Vaugirard, en été sous les tilleuls du Luxembourg.

En dépit de ses brillantes études classiques, ou peut-être à cause d’elles, il était romantique,—romantique avec Victor Hugo et Sainte-Beuve, mais plus encore avec Chateaubriand, Lamartine, lord Byron et Walter Scott. Il applaudissait à la chute des trois unités, à la brisure du rythme, à la césure plus libre, à la rime plus riche: mais ces questions de forme et de style n’avaient à ses yeux qu’une importance secondaire. Ce qui l’attirait, ce qui le passionnait dans le romantisme, pur encore de tout excès, c’était le retour aux idées spiritualistes et chrétiennes. Il saluait en lui l’allié de l’opinion royaliste, l’adversaire des coryphées du libéralisme, des voltigeurs de Voltaire et de l’Encyclopédie. Dans son juvénile enthousiasme, il se plaisait à y voir la revanche de l’art chrétien, des siècles de foi, de la cathédrale gothique, contre le temple grec, le néo-paganisme du dernier siècle, sa littérature aussi glaciale que sa philosophie. Plus tard, quand l’École nouvelle, au lendemain de la révolution de 1830, reniera ses glorieux débuts et se fera anti-chrétienne, quand 93 aura remplacé 89, quand le Cénacle sera devenu un club démagogique, Pontmartin s’en séparera, mais il ne se ralliera point pour cela au pseudo-classicisme de Ponsard et de Lucrèce. Il demeurera ce qu’il avait été en 1829; jusqu’à la fin, il sera un romantique impénitent.

Armand de Pontmartin, sa vie et ses oeuvres, 1811-1890

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