Читать книгу Étude sur la bestialité au point de vue historique, médical et juridique - Gaston Dubois-Desaulle - Страница 10
Оглавление— 1542 —
Pierre Grondeau, gagne-denier à Loudun, délaissait les filles pour les ânesses. Peut-être que son extrême pauvreté était une des causes de la dépravation de ses mœurs. Même en 1542, il était peut-être difficile à un pauvre diable, sans sou ni maille, de trouver une fille complaisante. Peut-être était-il d’une excessive laideur ou très mal bâti, ce qui l’empêchait de plaire; alors faute de femmes qui veuillent de lui, s’accommodait-il d’une ânesse beaucoup moins difficile à contenter. Les documents ne nous donnent que peu dé renseignements sur le physique des individus et encore moins sur le moral, on ne peut donc que faire des suppositions plus ou moins erronées. Quelles que fussent les causes qui motivèrent ses actes de bestialité, Pierre Grondeau fut accusé d’habiter charnellement avec une ânesse.
Le gagne-denier ne se méfia pas assez de ses voisins, sa confiance en eux le perdit. Les voisins de tous les temps et de tous les pays ont un point commun de ressemblance, ils cherchent à savoir ce que fait autrui, ils aiment à jaser, le mal surtout les intéresse, jamais on ne prit à raconter une bonne action le même plaisir qu’à en divulguer une mauvaise. Pierre Grondeau fut un jour surpris en relations charnelles avec une ânesse par Jean Dumas, Pierre Brunel, Adam Lecocq, David Terreau, Adrien Septbois et la femme de ce dernier, Jeanne Vallée, commère avisée et bavarde qui ne cacha pas l’indignation qu’un tel acte lui causait.
Indignation bien naturelle, en somme; comment une femme pourrait-elle pardonner qu’un homme au sexe féminin préférât un animal?
Les témoins ne se contentèrent pas de jaser, ils portèrent une plainte contre Pierre Grondeau devant le juge royal de Loudun, Pierre de Bruères, qui, le 9 octobre 1542, manda Pierre Grondeau à comparaître devant lui.
A tour de rôle les témoins vinrent faire leurs dépositions: les uns, de ce qu’ils avaient vu, les autres de ce qu’ils avaient entendu dire.
Les 9, 15 et 18 octobre les informations furent faites. Le 21 octobre les témoignages et les dépositions furent recueillis par le juge royal.
Convaincu d’avoir été surpris «habitant charnellement et détestablement avec une ânesse», Pierre Grondeau fut condamné à être brûlé vif.
Le 24 novembre il fut transféré des prisons de la Conciergerie du Palais en celles de Loudun. La sentence de mort fut confirmée par un arrêt du Parlement de Paris en date du 24 novembre 1542.