Читать книгу Étude sur la bestialité au point de vue historique, médical et juridique - Gaston Dubois-Desaulle - Страница 12
Оглавление— 1550 —
En 1550, le château de Chamarolles était une vaste demeure seigneuriale entourée de bois, de prairies, de vignobles. De nombreux domestiques étaient attachés au service particulier du châtelain et de sa famille, mais pour la culture des terres et l’entretien des jardins, le seigneur employait encore de nombreux serviteurs travaillant au château mais demeurant au village.
A cette époque ne comptaient dans les villages que le Château et l’Eglise. Autour, se groupaient les chaumières, misérables demeures des paysans.
Être au service du château était considéré comme un honneur pour ces simples et aussi comme une chance; il y a toujours quelque chose à gagner à fréquenter les riches.
Aux yeux des serfs, la maison de Dieu et celle du Seigneur étant des lieux révérés, un méfait s’aggravait d’y être commis. Aussi on peut facilement s’imaginer quel dut être le scandale qui éclata le jeudi 23 février i55o lorsqu’un homme fut surpris au château à 7 heures du matin, accouplé avec une bête.
Des tâcherons qui se rendaient à leur travail virent en traversant la cour du château un laboureur de Chamarolles qui, appuyé contre un fagot, commettait la sodomie avec une vache.
S’approchant, ils reconnurent Jacques Gion. Indignés et scandalisés au plus haut point, ils se saisirent du laboureur, le maintinrent fortement, et avec l’aide des domestiques accourus à leurs cris, lui lièrent les bras et les jambes et l’enfermèrent jusqu’à l’arrivée de la maréchaussée.
Puis les témoins s’en furent déposer leurs plaintes; Charles Bouffain, vigneron, Adrien Le juge, valet de ferme et Thomas Trousse racontèrent au juge de Chamarolles ce qu’ils avaient vu.
Les informations furent faites et après la comparution de Jacques Gion, le juge de Chamarolles par sentence du 17 mars 1550, édicta que Jacques Gion serait «brûlé avec la vache ensemble le fagot sur lequel ledit était appuyé pour commettre le crime de bougrerie.»
Dans cette procédure il faut remarquer que non seulement le coupable est atteint avec la vache, inconsciente complice, mais le fagot, ayant servi à la perpétration de l’acte, est condamné aussi à disparaître; du reste il ne manquait pas à sa destinée, un fagot n’ayant d’autre raison d’être que de servir au feu.
.Jacques Gion manifesta un grand repentir, fit des promesses solennelles qu’il ne retomberait jamais en un crime aussi odieux, mais le juge, strict observateur de la loi, resta insensible.
Le vendredi 14 avril Gion était conduit dans les prisons de la conciergerie du palais et le 30 avril le Parlement confirmait la sentence prescrivant qu’il serait exécuté sur le grand chemin allant à Poitiers mais que «cependant par grâce et sans tirer à conséquence, il «serait étranglé avant de sentir le feu.»