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PROCÈS DE GUILLAUME GARNIER

Table des matières

— 1539 —

Quelques efforts que l’on fasse pour immobiliser la morale dans certaines formes, l’on ne pourra jamais empêcher qu’elle ne soit éminemment variable, et que des individus aux tempéraments différents ne jugent point sous un même angle les multiples actions exercées par l’homme.

Par les paroles attribuées à Guillaume Garnier, on voit qu’il serait inexact de lui donner le nom de vicieux, simplement parce que ce que nous appelons le vice lui semblait un acte normal.

Guillaume Garnier, «vêtu de drap gris de fer», était, en compagnie d’une grande chienne noire, traduit, le 14 mars 1539, devant le bailly de Meaux.

C’était un homme de trente-cinq ans. Il était accusé du crime de sodomie avec cette chienne qui lui appartenait.

Il nia d’abord le fait. La chienne lui avait été donnée très jeune, il l’avait élevée et il l’aimait sans que cependant elle remplaçât pour lui une épouse. Devant le châtiment pénal, Garnier nia ce qu’il avouait dans la conversation avec ses amis.

Le jour du précédent mardi-gras, Garnier dit à Jean Durand «qu’il ne voulait point se marier ni même avoir une maîtresse, attendu qu’il en avait une qui ne lui coûtait pas d’entretien et qui, au moins, lui était fidèle», et il avoua que c’était sa chienne.

Garnier tint les mêmes propos à Guillaume Bradefer et à Simon de Paule. Ceux-ci essayèrent de lui représenter «la grandeur de son crime», mais Garnier s’entêtait à répéter «qu’il ne faisait de tort à personne, que cela ne faisait aucun mal au prochain», secouant la tête, il ajoutait que «chacun avait son goût et que c’était le sien».

Garnier qui méprisait si fort les femmes, ne dédaignait pas de les choisir pour confidentes. Il avoua, un jour d’octobre 1539, à Antoinette Bardon que sa chienne «était un trésor inestimable, et que, si elle savait sa valeur, elle voudrait en posséder une semblable».

De telles paroles excitèrent fort la curiosité de la dame qui pressa constamment Guillaume Garnier de lui dire à quoi lui servait cette chienne et «quel profit il pouvait en retirer».

Garnier n’osa probablement pas spécifier quels services l’animal lui rendait, il s’en tira par un récit mensonger. Il raconta à la commère stupéfiée «que cette chienne le conduisait tous les samedis au sabbat et que là le diable lui donnait autant d’or et d’argent qu’il en voulait».

Le vendredi 15 avril, Garnier subit un nouvel interrogatoire; il se jeta aux pieds du bailly, lui demandant grâce, sur quoi le bailly répondit «qu’il n’était pas en son pouvoir de lui faire grâce, mais qu’il pouvait recourir contre sa sentence devant le Parlement».

Le mercredi 20 avril 1539, avant midi, après avoir conféré avec le conseiller du Présidial, le bailly condamna Garnier «à être brûlé vif, ses biens confisqués au profit du Roi, avec cent livres d’amende et la chienne à être tuée et occise par l’exécuteur des hautes œuvres et son corps enfouy en terre». Conduit à la Conciergerie du Palais pour être entendu sur l’appel interjeté par lui, Guillaume Garnier comparut, le mardi 7 juin, devant le commissaire-rapporteur et le supplia de lui faire adoucir sa peine, mais l’arrêt du Parlement de Paris du 13 août 1539 confirma la sentence, ordonna seulement que Guillaume Garnier, «après avoir senti un peu le feu», serait étranglé. Quant à la chienne, la cour prescrivit qu’elle devait être brûlée, «ensemble les pièces du procès».

Étude sur la bestialité au point de vue historique, médical et juridique

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