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XI

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Je viens de dire que personne ne prévoyait la direction que devaient prendre les grands événements qui commençaient alors.

Cette direction devait surtout être influencée par la conduite et le caractère du souverain, mais elle allait aussi, en quelque mesure, se ressentir de la conduite et du caractère de l'homme d'État auquel les destinées de la France étaient alors confiées.

M. Necker appartenait à une classe d'hommes comme il s'en trouve assez souvent de notre temps. Ses talents, quoique grands, n'étaient pas de premier ordre; son esprit avait été dirigé vers une branche particulière des affaires; et, comme cela arrive souvent aux personnes qui n'ont pas un grand génie, mais qui ont un talent spécial, il crut que cette partie des affaires qu'il comprenait le mieux constituait à elle seule l'art de bien gouverner. En conséquence, il s'appliqua d'une manière exclusive à balancer les recettes et les dépenses de l'État. Pour y arriver, il était nécessaire de taxer la noblesse et le clergé; et la classe qui pouvait le mieux l'aider à accomplir cette tâche était la classe moyenne ou tiers-état. Pour cette raison, quand on eut décidé de convoquer les états généraux, et qu'il devint nécessaire de fixer les nombres proportionnels par lesquels chacun des trois ordres (savoir: la noblesse, le clergé, la classe moyenne ou tiers-état), qui composaient les états généraux, devait être représenté, M. Necker décida que l'ordre du tiers-état aurait à lui seul autant de représentants que les deux autres ensemble; il pensait de cette manière donner à la classe moyenne une plus grande autorité, et compenser l'infériorité sociale de ses représentants par la supériorité de leur nombre.

Mais M. Necker, ayant été aussi loin, aurait dû aller plus loin encore, et déterminer de quelle manière voteraient les trois ordres, et quel serait le pouvoir qu'ils exerceraient séparément. Toutefois, il ne prit pas cette précaution; et, en conséquence, aussitôt que les états généraux s'assemblèrent, on vit s'élever à l'instant la question de savoir si les trois ordres avaient à vérifier les pouvoirs des élus en réunion générale, comme membres d'une seule assemblée, ou séparément, comme membres de trois assemblées distinctes. Cette question, par le fait, décidait si les trois ordres devaient siéger et voter ensemble, ou si chaque ordre devait siéger et voter à part; et après la mesure qu'avait prise M. Necker, il fut clair que, dans un cas, l'ordre des communes l'emporterait sur toute opposition; et que, dans l'autre, il serait subordonné aux deux ordres rivaux. Une lutte s'engagea alors naturellement.

Essai sur Talleyrand

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