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Il n'y avait plus rien désormais pour empêcher les travaux de l'Assemblée nationale, et elle les commença avec une application sérieuse et avec zèle, sinon avec prudence. L'un de ses premiers actes fut de choisir un comité de huit membres, chargé de dresser un projet de constitution qui devait être ensuite soumis à l'Assemblée. L'évêque d'Autun fut immédiatement placé à la tête de ce comité, pris dans l'élite de la chambre, et dont les travaux avaient une si haute importance. Il avait pour tâche de faire passer dans la pratique les spéculations politiques du dix-huitième siècle. Les choses, toutefois, avaient commencé d'une manière trop violente pour qu'elles pussent continuer ainsi paisiblement; et, comme le succès du parti populaire avait été jusqu'alors obtenu en bravant la couronne, on devait s'attendre à ce que la couronne saisît avec hardiesse la première occasion qui se présenterait pour recouvrer son autorité. Un effort de ce genre, fait à propos, aurait pu réussir; mais ni Louis XVI ni aucun des conseillers en qui il se confiait ne possédait cet instinct des affaires politiques qui est le ressort de l'action, inspirant aux hommes la résolution de faire ce qu'il faut au moment où il le faut.

Il a souvent été facile d'écraser une révolution à ses débuts, car, à un tel moment, même les plus ardents de ses promoteurs agissent avec faiblesse et ont des doutes quant à la politique qu'ils poursuivent. Il a souvent été possible d'arrêter une révolution dans cette phase suivante de sa marche où les modérés sont révoltés par quelque excès ou les enthousiastes refroidis par quelque désappointement; mais une révolution est invincible alors que, commencée avec hardiesse, elle n'a été ni entravée par le malheur ni souillée par la violence.

Néanmoins, ce fut juste à un tel moment et dans de telles circonstances que l'infortuné Louis XVI, guidé principalement par la fatale influence de son frère, après avoir peu à peu entouré de troupes Versailles et la capitale, bannit soudainement M. Necker (10 juillet), dont la disgrâce fut immédiatement considérée comme la défaite de ceux qui conseillaient au roi de raffermir son autorité par des concessions, et le triomphe de ceux qui voulaient qu'il la regagnât et la rétablît par la force. Mais les mesures qui devaient suivre cet acte étaient encore suspendues lorsqu'une formidable insurrection éclata à Paris. Une partie des soldats fit cause commune avec le peuple. La Bastille fut prise et son commandant mis à mort, la populace parvint à se procurer des armes, le prévôt ou maire de la cité fut assassiné, tandis que l'armée, qui avait été convoquée avec tant d'ostentation au champ de Mars et à Saint-Denis, restait témoin inactif de l'insurrection que ce déploiement de troupes avait provoquée. Les résultats furent ceux qui suivent ordinairement les actes violents des hommes faibles: Louis XVI se soumit; M. Necker fut rappelé; le comte d'Artois émigra.

Ce fut la fortune de M. de Talleyrand en tout temps, non-seulement de quitter, au commencement de son déclin, un parti qui allait tomber, mais encore de se tenir ferme dans les rangs du parti qui s'élevait au moment même où s'engageait la lutte qui devait conduire au succès. C'est ce qu'on vit pendant la contestation que nous venons de décrire. Pendant tout le temps de ce dissentiment, l'évêque d'Autun fut parmi les plus déterminés à maintenir les droits de la nation contre les desseins de la cour. Sa décision et son courage n'ajoutèrent pas peu à la réputation qu'il avait déjà conquise par ses talents. Nous trouvons son nom, par conséquent, à la tête de la liste d'un petit nombre d'hommes éminents [11] que l'Assemblée, entourée de préparatifs hostiles pour rétablir le despotisme qui avait été aboli, chargea de compléter et d'établir de suite la constitution qui avait été promise, et que l'on n'avait pas évidemment l'intention d'accorder. C'était un défi qui avait sa hardiesse, mais qui, tout bien considéré, était peut-être de la prudence.

Le travail de ces hommes d'État, toutefois, n'était pas facile, même après que leur cause eut triomphé, car les victoires politiques laissent souvent les vainqueurs,—dans l'excès de leurs passions et l'exagération de leurs principes,—ennemis plus acharnés que ceux dont ils ont triomphé. Tel était alors le cas.

Essai sur Talleyrand

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