Читать книгу Notions d'agriculture et d'horticulture: agriculture, arboriculture, horticulture - Jean-Augustin Barral - Страница 14
ОглавлениеPRATIQUE DES IRRIGATIONS
47. — La pratique des irrigations varie avec la quantité d’eau dont on peut disposer, et avec les cultures auxquelles on veut donner de l’eau.
Dans le Midi, il est admis comme règle que la quantité d’eau nécessaire à un hectare, pour une irrigation d’été complète, correspond à un litre par seconde pendant la saison des arrosages: ce qui forme un total de 15 550 mètres cubes. Cette eau est répartie en un nombre d’arrosages variable suivant la nature des cultures.
Les irrigations d’hiver absorbent des quantités d’eau plus considérables. On donne quelquefois, pendant les mois d’hiver, à des prairies une quantité d’eau qui correspond à plus de 50 litres par seconde et par hectare.
48. — Pour irriguer une terre, il faut faire des travaux préparatoires quelquefois importants.
Ces travaux consistent surtout dans les dispositions à donner au terrain et dans l’établissement de rigoles.
Les rigoles se divisent en trois catégories: les rigoles principales qui amènent l’eau à la partie la plus élevée de la surface à arroser; — les rigoles secondaires pour distribuer l’eau sur tous les points; — les rigoles d’évacuation de l’eau en excès ou rigoles de colature, à la partie la plus basse de la surface.
Les rigoles de colature jouent un rôle très important. Elles débarrassent la terre de l’eau en excès après l’irrigation. S’il est utile de donner de l’eau aux plantes, il est nécessaire que la quantité non utilisée s’écoule sans retard; sinon on perd la plus grande partie du profit des irrigations.
49. — On établit les rigoles à la bêche ou à la charrue. Il faut les entretenir avec beaucoup de soin, afin que l’eau y circule librement. On ne leur donne qu’une faible inclinaison; plus l’eau y coule lentement, plus elle exerce toute son action utile.
On trace les rigoles régulièrement, en suivant autant que possible les lignes de niveau du sol. Par suite de cette disposition, lorsque le terrain est accidenté, les rigoles se superposent les unes aux autres, depuis la partie la plus élevée jusqu’à la partie la plus basse.
FIG. 11. — Irrigation par déversement.
50. — On peut rattacher les méthodes d’irrigation à trois types principaux: les irrigations par déversement, les irrigations par imbibition ou infiltration, les irrigations par planches en ados.
Dans l’irrigation par déversement (fig. 11), la rigole d’amenée AB suit la partie supérieure du champ. Sur cette rigole prennent naissance des rigoles transversales C, C, qui débouchent dans la rigole de colature DE.
Pour pratiquer l’irrigation, on amène l’eau dans la première rigole transversale, en l’arrêtant par une vanne sur la rigole d’amenée; lorsque la rigole est pleine, l’eau se déverse sur la planche qui la sépare de la deuxième rigole. On remplit successivement de la même manière toutes les rigoles transversales.
Pendant l’irrigation, la communication des rigoles transversales avec la rigole de colature est interrompue. Lorsque l’eau a séjourné assez longtemps, on ouvre cette communication, et toute l’eau en excès s’écoule dans la colature.
51. — Pour pratiquer l’irrigation par infiltration ou imbibition, on trace perpendiculairement au canal d’amenée a (fig. 12) des rigoles b, sur lesquelles s’embranchent de petites raies c, arrêtées au milieu des champs.
FIG. 12. — Irrigation par imbibition.
L’eau est dirigée de la rigole dans ces raies au moyen de petites vannes, et elle y séjourne un certain temps. Elle pénètre par imbibition dans le sol. Quand on juge que l’imbibition est suffisante, on fait écouler l’excédent de l’eau dans une rigole de colature.
52. — La méthode des irrigations par planches en ados (fig. 13) est généralement adoptée pour les prairies en terrain plat ou en faible pente.
On divise la prairie en larges planches bombées. Des rigoles d’arrosage b, b, correspondant avec le canal d’amenée, sont tracées sur la ligne de faîte de chaque planche. Lorsque ces rigoles sont remplies, l’eau se déverse de chaque côté sur les planches et l’excédent tombe dans les rigoles c, c, creusées entre chaque planche. Toutes ces rigoles aboutissent à un fossé de colature qui court à la partie inférieure de la prairie.
Quand on veut faire des arrosages abondants, on ferme l’extrémité des rigoles de colature, de manière à maintenir l’eau sur les planches pendant le temps nécessaire.
FIG. 13. — Irrigation par planches en ados.
53. — Lé premier effet des irrigations est d’augmenter, dans des proportions très considérables, le produit de la terre. On obtient ainsi des récoltes abondantes dans des sols qui, sans leur action, ne donneraient que des rendements médiocres.
L’augmentation de production dans les terres irriguées amène un accroissement proportionnel dans leur valeur locative, aussi bien que dans leur valeur vénale.
Si l’irrigation active la puissance de la végétation, il en résulte que les plantes empruntent au sol une plus grande quantité de principes utiles. Par suite, il y a appauvrissement du sol, et cet appauvrissement n’est pas compensé par ce que l’eau apporte, surtout dans les irrigations d’été. Il faut donc restituer par des engrais les principes nécessaires pour la production de nouvelles récoltes.
54. — Aux irrigations se rattachent les entreprises de colmatage.
Le colmatage est une opération dont le but est de former sur un terrain naturellement stérile une couche de terre susceptible d’être cultivée et de donner des produits.
On apporte sur les terrains de cette nature, à l’aide de canaux, les eaux limoneuses des rivières, et on les y fait séjourner pour qu’elles déposent la plus grande partie des matières limoneuses tenues d’abord en suspension. On entoure les terres à colmater de digues qui retiennent les eaux.
Le meilleur moment pour employer les eaux aux colmatages est celui des grandes crues; car c’est alors que les eaux renferment la plus grande proportion de matières limoneuses.
QUESTIONNAIRE. — Quelle est la quantité d’eau à employer pour les irrigations d’été ? — pour les irrigations d’hiver? — Quelles sont les opérations préparatoires des travaux d’irrigation? — Qu’entend-on par rigoles? — par colature? — Comment établit-on les rigoles d’arrosage? — Quelles sont les principales méthodes d’irrigation? — Décrivez l’irrigation par déversement; — l’irrigation par infiltration; l’irrigation par planches en ados. — Quels sont les effets des irrigations? — Faut-il employer des engrais sur les terres irriguées? — Qu’est-ce que le colmatage? — Comment pratique-t-on le colmatage?