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DIXIÈME LEÇON

Table des matières

CULTURE DES CÉRÉALES

55. — On donne le nom générique de céréales aux plantes dont les grains sont destinés d’une manière régulière à l’alimentation de l’homme et des animaux domestiques.

Les céréales que l’on cultive en France sont: le froment, le seigle, le méteil (mélange de froment et de seigle), l’orge, le maïs, le millet, l’avoine, le sarrasin. Les premières plantes appartiennent à la famille botanique des Graminées; la dernière appartient à la famille des Polygonées.

Les céréales sont généralement placées, dans l’assolement des terres, après une plante sarclée. Il faut éviter de les cultiver immédiatement après une fumure au fumier de ferme; mais il est convenable de donner au sol, avant la semaille, des engrais complémentaires. Avec les superphosphates, on obtient généralement de bons résultats, surtout pour le froment.

56. — Pour préparer la terre à recevoir la semaille, on donne un premier labour de déchaumage, puis un hersage, afin de nettoyer le sol. Un deuxième labour, suivi d’un nouveau hersage, et d’un passage du rouleau, afin de bien ameublir le sol, précède la semaille. Si la récolte précédente n’a été enlevée que tardivement, on est quelquefois obligé de faire la semaille après un seul labour; dans ce cas, on supprime le premier labour de déchaumage.

On sème les céréales, suivant les variétés, à l’automne ou au printemps. Dans chaque espèce, il existe des variétés qui s’accommodent, les unes des semailles d’automne, les autres des semailles de printemps. Les variétés qu’on sème au printemps sont généralement moins productives.

57. — Il faut apporter la plus grande attention au choix des graines. Les graines de semence sont passées au trieur, qui sépare les bons grains des petits grains, des grains cassés, etc. On soumet ensuite les graines de semence au sulfatage ou au chaulage, dont la description a été donnée dans le Cours moyen (12e leçon), afin de détruire les germes de la carie et du charbon qui se développeraient en même temps que les semences.

On fait les semailles des céréales en lignes ou à la volée. Les semailles à la volée sont encore les plus usitées; mais le semoir, qui épargne une notable proportion de semence et sème avec une grande régularité, est de plus en plus apprécié par les cultivateurs. La quantité de semence à employer varie suivant les variétés de céréales.

58. — Si les semailles des céréales d’automne ont été faites avec soin et à temps, la plante acquiert assez de vigueur pour supporter un hiver assez rigoureux, lorsqu’elle est protégée par une couche de neige.

Néanmoins il arrive que des dommages sont occasionnés dans les champs, soit par des pluies prolongées, soit par des intermittences de gels et de dégels, soit par des froids tardifs, soit enfin au printemps par une sécheresse de plusieurs semaines.

Les alternatives de gelée et de dégel ont pour résultat de soulever la partie supérieure de la couche arable, et avec elle la plante qui y a germé et poussé ; quand les racines de la plante sont mises à nu, on dit que la plante est déchaussée. Pour remédier à cet inconvénient, il faut faire passer le rouleau sur le champ, de manière à tasser le sol et à faire rentrer les racines en terre.

Cette opération a pour effet de favoriser le tallage, c’est-à-dire le développement de rejets et la formation de touffes au collet de la racine. Le tallage ne se produit que rarement sur les céréales de printemps.

59. — Lorsque l’hiver a été très humide, et qu’il reste beaucoup d’eau dans la terre arable, on fait passer la charrue dans les raies d’écoulement, afin de faciliter la sortie de l’eau et d’en débarrasser la terre.

Si l’hiver et le commencement du printemps ont été secs, le cultivateur habile fait passer la herse sur le champ; il brise ainsi la croûte qui s’est formée à la surface de la terre et qui arrête le développement des plantes. Il ne faut jamais oublier que l’ameublissement du sol est une condition indispensable pour donner de la vigueur aux plantes, surtout au début de la végétation.

60. — Quelle que soit la cause de l’arrêt de la végétation, si la plante ne reprend pas sa vigueur au printemps, on aura recours avec avantage à ce qu’on appelle les engrais en couverture.

Cette opération consiste à répandre sur le champ des engrais en poudre qui peuvent se dissoudre rapidement, tels que le guano, le sulfate d’ammoniaque, le superphosphate de chaux.

Il faut faire suivre l’épandage de ces engrais par un bon coup de herse, afin que la matière fertilisante ne reste pas à la surface et qu’elle puisse pénétrer au moins dans la première couche du sol.

Dans les céréales semées en lignes, on peut opérer au printemps un ou deux binages avec la houe à cheval; on coupe ainsi, entre les lignes, les mauvaises herbes qui ont pu s’y développer. C’est un des avantages des semailles en lignes que de permettre ces nettoyages du sol, qui sont impossibles dans les semailles à la volée.

Il faut détruire aussi les chardons avant que les fleurs soient formées, afin d’empêcher les graines de mûrir et d’être disséminées par le vent.

61. — On coupe les céréales, en France, depuis le mois de juin jusqu’à celui de septembre, suivant les localités et les années. On coupe d’abord le seigle, puis successivement le froment, l’orge et l’avoine.

Il faut faire la moisson un peu avant la maturité complète. Si l’on attend la maturité, le grain sort facilement de l’épi, il s’égrène; on perd une partie de la récolte.

On fait la moisson soit à bras, au moyen de la faucille ou de la faux, soit avec la machine à moissonner. Les petits cultivateurs trouvent avantage à s’associer pour acheter une machine, qui coupe successivement les récoltes de chaque associé.

Après la coupe, on met les tiges en gerbes, puis en moyettes ou en dizeaux, afin de pouvoir les rentrer au moment opportun (voy. Cours moyen, 9e leçon).

Vous connaissez (Cours moyen, 11e leçon) les méthodes adoptées pour battre les céréales, c’est-à-dire pour séparer le grain de la paille. Généralement le cultivateur vend le grain après le battage et il emploie la paille comme litière pour son bétail.

62. — Le grain des céréales renferme principalement deux sortes de substances très nutritives: le gluten, l’albumine et autres matières riches en azote; l’amidon. ou fécule, riche surtout en malières hydrocarbonées.

Pour séparer la partie interne du grain de la pellicule ou enveloppe qui la recouvre, on procède à la mouture.

La mouture consiste à écraser les grains soit entre deux meules de pierre, soit entre des cylindres métalliques. On a pris l’habitude d’appeler farine les parties qui, après la mouture, ne conservent plus aucune partie de pellicule, et son les parties qui restent adhérentes à la pellicule enveloppante du grain.

On fait la séparation du son et de la farine par des passages à travers des tamis. C’est ce que l’on appelle bluter.

63. — Avec la farine de froment, on fait le pain; on en fabrique aussi avec de la farine de seigle ou de méteil. Le maïs, le riz, le sarrasin servent également à la nourriture de l’homme. L’avoine et l’orge sont surtout consacrées à la nourriture des animaux domestiques; en outre, l’orge sert à la préparation d’une boisson fermentée, la bière.

Les grains des céréales servent aussi de matière première pour plusieurs industries. On extrait de l’amidon du froment, du maïs, dans les amidonneries; on extrait de l’alcool du seigle, de l’orge, du maïs, dans les distilleries de grains; on fait de la bière principalement avec l’orge dans les brasseries.

La paille des céréales sert à de nombreux usages. Avec la paille de seigle, on fait des liens pour les gerbes et l’on prépare des toitures pour les bâtiments; on dit alors qu’ils sont couverts en chaume. Avec celle de la plupart des céréales, on fait des paillassons pour les habitations, on garnit des sièges, etc. Dans la plupart des cas, on tresse la paille pour l’utiliser. Les pailles dans les fermes servent surtout à faire la litière; on les livre aussi aux papeteries.

QUESTIONNAIRE. — Qu’appelez-vous céréales? — Quelles sont les céréales cultivées en France? — Comment prépare-t-on la terre pour la culture des céréales? — Comment sème-t-on les céréales? — De quelle manière prépare-t-on les graines? — Quels sont les avantages des semailles en lignes? — Quels sont les effets des intempéries de l’hiver sur les céréales? — Qu’appelle-t-on tallage? — Qu’est-ce que herser les céréales au printemps? — Qu’appelle-t-on engrais en couverture? — Pourquoi bine-t-on les céréales? — Quand et comment fait-on la moisson? — Quels sont les principes contenus dans le grain des céréales? — Qu’appelez-vous mouture? — farine? — son? — Avec quelles céréales fait-on le pain? — Quels sont les autres usages des céréales? — Comment en utilise-t-on la paille?

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