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CONTE III

Table des matières

JACK ET LA TIGE DE HARICOTS

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Il y avait une fois une veuve dont le fils unique se nommait Jack. Quoique très-pauvre, elle aimait tellement son garçon, qu’elle le laissait paresser toute la journée et qu’elle lui passait toutes ses fantaisies. Aussi Jack était-il devenu le plus grand polisson du village. Mais à mesure qu’il croissait en âge, il coûtait de plus en plus à sa mère; bientôt elle se vit obligée de vendre peu à peu tout ce qu’il y avait dans sa pauvre demeure afin de subvenir à ses besoins. Au bout de quelque temps, il ne lui restait plus qu’une vache, sa dernière ressource, mais le pain manquant à la maison, il fallut se résoudre à s’en défaire. Elle dit alors à son fils d’aller vendre la vache à la foire. Jack partit, et chemin faisant, il fit la rencontre d’un boucher qui portait dans son chapeau des haricots jolis et brillants. Jack en eut aussitôt envie; il grillait de les avoir afin de s’amuser avec. Voyant cela, le boucher, qui était un coquin, dit à l’enfant: «Si tu veux me donner cette vilaine vache, je te fais cadeau de tous mes haricots! — Volontiers,» répondit Jack, en sautant immédiatement sur les haricots. Fier de cette belle emplette, il courut bien vite la montrer à sa mère. Pour la première fois de sa vie, la pauvre femme gronda son fils, et dans sa colère, elle prit les haricots et les jeta par la fenêtre dans le jardin. — Hélas! il fallut se coucher sans souper, car il n’y avait pas de pain à la maison. Jack, le cœur gros de larmes, comprenant sa faute, se mit au lit et s’endormit. Le matin, quand il s’éveilla, sa chambre était toute sombre; à travers les volets glissaient à peine quelques faibles rayons de soleil; il courut à la fenêtre et vit que dans la nuit, les haricots avaient pris racine et qu’ils avaient monté, monté, monté, à tel point que leurs têtes se perdaient dans la nue. Les tiges s’étaient entrelacées, de façon qu’elles formaient une sorte d’échelle qui s’élevait jusqu’au ciel. Jack fut pris d’une envie folle d’y grimper. Il y mit un pied, puis l’autre, enfin il escalada de son mieux les branches. Bientôt il dépassa les maisons, puis les arbres les plus élevés, ensuite les flèches des églises les plus hautes. Il montait, montait toujours. Ses forces commençaient à s’épuiser, lorsqu’il atteignit le ciel et aperçut un pays inconnu. — Harassé de fatigue, il se laissa choir et s’endormit. Tout à coup, il lui sembla qu’il fendait l’air et il se trouva dans un beau jardin, couché sur un lit de mousse.

Il venait à peine de jeter les yeux autour de lui, quand il vit venir une belle jeune fille vêtue d’une robe blanche comme le lis et qui tenait à la main une baguette. «Tu suivras, dit-elle, le chemin qui est tout droit devant toi, jusqu’à ce que tu rencontres la maison d’un géant. Ce géant est le meurtrier de ton père; ton devoir est de le tuer; tu lui prendras ensuite tous ses trésors et tu les rapporteras à ta pauvre mère.»

Quand elle eut achevé ces mots, elle disparut. Jack aussitôt se leva, et marchant droit devant lui, il arriva à une maison, à laquelle il frappa. — Une femme vint lui ouvrir et lui cria: «Fuyez, fuyez, pauvre enfant, avant que mon mari arrive; car s’il vous trouve ici, il vous dévorera. — Hélas! dit Jack, je meurs de faim; laissez-moi entrer et donnez-moi un morceau de pain. Vous me cacherez où vous voudrez, car il va faire nuit et je ne sais où aller.»

La femme donna à Jack de quoi manger, et déjà il sentait ses forces revenir, quand soudain la femme s’écria:

«Voilà mon mari qui rentre!» Alors elle poussa Jack dans le four et ferma la porte sur lui. Aussitôt le géant entra, et, reniflant l’air autour de lui, il s’écria: «Je sens la chair fraîche! — Oh! lui répondit sa femme, ce que tu sens, c’est la peau des bœufs nouvellement écorchés.» Quand le géant eut dévoré son dîner, il cria: «Femme, apporte-moi ma poule afin que je joue avec elle, avant d’aller me coucher.» La femme apporta une poule et la posa sur la table. Chaque fois que le géant disait: «Poule, ponds un œuf,» aussitôt la poule pondait un œuf d’or. Quand le géant eut le nombre d’œufs qu’il voulait, il s’endormit. Aussitôt Jack se glissa hors de sa cachette, s’empara de la poule et regagna de toutes ses jambes la tige de haricots. Dégringoler le long des branches fut l’affaire de peu de temps. Il courut aussitôt trouver sa mère, à laquelle il donna la poule. Et quand la poule eut pondu quelques œufs d’or, Jack courut les vendre, et avec le prix il acheta une autre vache et une autre maison.

Mais Jack se fatigua bien vite d’une existence aussi paisible et il déclara à sa mère qu’il voulait remonter là-haut. Sa mère eut beau dire, Jack ne voulut pas l’écouter. Il se déguisa donc de son mieux, afin de n’être pas reconnu et grimpa après la tige de haricots. Arrivé dans le ciel, il alla tout droit chez le géant, frappa à la porte de la maison, et demanda l’hospitalité. La femme du géant vint lui ouvrir et avant que son mari rentrât, elle fit cacher Jack dans le buffet. En arrivant, le monstre s’écria: «Je sens la chair fraîche! — Ah! dit la femme, c’est sans doute un morceau de viande que les corbeaux ont porté sur le toit de notre maison. » Puis elle lui servit à souper. Quand le géant eut bien mangé, il se fit apporter ses sacs d’or et s’amusa à compter et à empiler ses trésors; après cela, il les remit dans les sacs et s’endormit. Jack s’avança à petits pas, s’empara des sacs et fit hâte vers la tige de haricots, le long de laquelle il descendit au plus vite, puis il alla trouver sa mère.

Jack eût bien pu rester tranquille désormais, mais malgré les instances de sa mère, il voulut remonter chez le géant. II grimpa donc une troisième fois après la tige de haricots et alla frapper à la porte du géant. La femme du monstre le fit cacher dans le chaudron. Quand le géant eut dîné, il demanda sa harpe. Dès que la harpe fut posée sur la table, le géant lui dit: «Harpe, joue!» Et la harpe, d’elle-même, rendit des sons harmonieux. A cette musique le géant joignit bientôt ses ronflements. Alors Jack prit son moment, se saisit de la harpe et se sauva à toutes jambes. — Mais la harpe cria: «Maître! maître!» Le géant se dressa sur ses jambes et s’élança après Jack. Heureusement, le monstre avait tellement mangé et bu que Jack eut le temps d’arriver à la tige de haricots, et vous jugez s’il fut longtemps à descendre. Le géant descendit aussi; Jack se pressa tant qu’il put, et apercevant sa mère tout en bas, il lui cria: «Mère, apporte une hache!» et, à peine à terre, Jack se saisit de la hache et de toutes ses forces, il frappa sur les tiges de haricots. Bientôt les tiges furent tranchées, et le géant, en tombant de si haut, se fracassa la tête et mourut.

De ce jour, Jack et sa mère vécurent riches, heureux et honorés.

La harpe qui joue toute seule symbolise le souffle du vent; elle appartient à la famille des légendes sur le pouvoir du vent. Voir l’air merveilleux dans la deuxième partie du présent livre. Voy. aussi Gould: Curious Myths, p. 434.

Dans le roman de Cléomades et Claremont, un roi d’Arménie possède une poule et six poussins en or. Aussitôt qu’ils sont posés à terre, ils se mettent à courir, à battre des ailes, à picorer. Puis la poule saute sur les genoux de la reine et pond une perle fine dans son giron. — On trouve en Suède un conte pareil à celui d’Hickathrift, dans la Collection de Cavallius et Stephens (traduction Thorpe): le Gars qui vole les trésors du géant. Les objets volés sont: une épée d’or, des poules d’or, une lanterne d’or. une harpe d’or. M. Thorpe donne plusieurs versions de ce conte.

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